En prélude à la projection de son film Zinder, prévue le vendredi 18 juin 2021 à Niamey au Centre International de Conférence Mahatma Gandhi, la réalisatrice et cinéaste Aicha Macky, a animé hier après-midi un point de presse dans lequel elle a raconté l’histoire de son Film ‘’Zinder’’.
Entourée de ses collègues du monde du cinéma et de ceux qui la soutiennent, la cinéaste a pris la parole pour évoquer de son nouveau film. Selon ses explications, l’histoire du film documentaire Zinder était d’abord l’histoire d’une rencontre hasardeuse avec un homme des médias aux Etats Unis qui a peint en noir la jeunesse du Niger notamment celle de Zinder et du quartier Kara Kara. Cette information, selon la réalisatrice, totalement en déphasage avec ce qu’elle a connu de cette ville dans laquelle elle a grandi, a amené la cinéaste Aicha Macky à poser sa caméra, en 2015, dans la ville de Zinder et particulièrement dans certains quartiers ostracisés dont Kara-Kara, un village créé dans les années 70 pour recaser les personnes atteintes de lèpre et devenu aujourd’hui une des communes de la ville.
En effet, a-t-elle poursuivi, l’histoire du ‘’palais’’, est un phénomène des gangs qui ont vu le jour avec une jeunesse désœuvrée qui faisait parler d’elle à travers la violence. A ce niveau, la question de l’analphabétisme de ces jeunes, la question de la pauvreté et le rejet social ont attiré l’attention de la cinéaste.
« Trois personnages principaux me font pénétrer dans l’univers des gangs. Avec eux nous saisissons de manière sensible l’engrenage dans lequel cette jeunesse semble piégée », a déclaré la réalisatrice.
Malgré les difficultés au départ, en s’intégrant, très vite son regard a changé et tous les préjugés qu’elle avait se sont envolés au vu de la solidarité inconditionnelle qui réside entre ces jeunes, a-t-elle rapporté.
« Ils sont violents certes, j’ai rendu compte de cela, mais j’ai particulièrement été touchée par la bravoure, le courage, l’inventivité, la façon dont ils essayent de rester dignes même s’ils ont toutes les raisons de sombrer. C’est pour cela que j’ai choisi particulièrement ces trois personnages que j’ai accompagnés dans leur vie quotidienne mais aussi que j’ai filmés pendant 8 ans. J’ai cherché à savoir comment les rencontrer sans les exposer et comment les rencontrer sans tomber dans l’apologie de la violence », a expliqué la réalisatrice, contenant à peine ses larmes.
Aujourd’hui, a-t-elle dit, «Zinder» c’est le fruit de ce travail de 8 ans qu’elle a fait avec ces jeunes-là qui essayent d’être résilients en faisant du trafic de carburant. Elle a cité un des protagonistes du film qui lui dit : « c’est soit je le fais ( le trafic de carburant) ou je sombre, je préfère le faire d’autant plus que l’essence est celui de mon pays, je le rachète et le revends moins cher ‘’ et un autre qui dit ‘’je préfère retrouver une vie normale en faisant le moto taxi que de rester ce jeune enfant qui a connu la violence, la vente de la drogue, qui a été violeur, je préfère aujourd’hui m’investir dans la société’’. « C’est le courage de ces trois jeunes que j’ai voulu documenter à travers Zinder », a –t-elle ajouté.
Aicha Macky a, par ailleurs, indiqué que n’eut été l’appui du gouvernement sortant et de l’ancien président Issoufou Mahamadou elle n’aurait jamais pu réaliser le film
Zinder comme elle le voulait car, ses trois protagonistes ont été emprisonnés alors que le film était en plein tournage. « Sans sa recommandation, je ne pouvais espérer filmer dans la prison civile. Cette lettre nous a ouvert les portes de la maison d’arrêt où nous avons pu filmer l’histoire d’une jeunesse gâchée derrière les barreaux. Aucune somme ne pouvait ouvrir cette porte bétonné », a-t-elle dit.
Elle a enfin demandé au public d’être des ambassadeurs de son film documentaire ‘’Zinder’’, ses portes voix.
Aminatou Seydou Harouna(onep)