La 3ème édition du forum des Panafricaine s’est déroulée les 6 et 7 mars à Casablanca au Maroc, sous l’impulsion du comité permanent de ce réseau,des 300 femmes journalistes des 54 pays africains qui ont décidé d’agir contre les effets néfastes des changements climatiques. La rencontre qui a porté sur le thème « urgence climatique , les médias africains acteurs de changement »s’est déroulée à travers sept (7) ateliers thematiques notamment : « réussir la transition énergétique de l’Afrique » ; «les défis d’une gestion rationnelle des ressources hydriques » ; « l’agriculture durable : une économie verte pour l’Afrique » ; « impact sanitaire des changements climatiques; quel développement durable pour les villes africaines » ;« la gestion des déchets, levier décisif de lutte contre les changements climatiques et l’adaptation des changements climatiques, les médias acteurs du changement ».
Si la première journée a été consacrée aux débats, aux échanges et aux ateliers de la thématique centrale, la deuxième journée quant à elle, a été consacrée à l’élaboration du plan d’actions qui sera déployé sur l’année en cours. Parmi les 7 ateliers, nous nous sommes intéressées à l’atelier 3 qui concerne l’agriculture durable : une économie verte pour l’Afrique.
Sept des dix pays les plus touchés par les changements climatiques dans le monde sont africains.Selon un rapport de la Commission Européenne publiée en 2014, les effets négatifs des changements climatiques réduisent à ce jour le PIB de l’Afrique d’environ 1,4%. Cette perte de PIB est attribuée en grande partie à la dégradation du secteur agricole sous les effets du changement climatique(élévation de la température, sècheresse, inondations…..)
L’experte Mme Fettouma Djerrari Benadenbi organisatrice du forum de la terre à la COP 22 au Maroc explique que « l’agriculture est un secteur vital qui concerne entre 25 % et 35% des emplois directs selon les pays et génère les revenus de près de 70% de la population africaine. Et est très vulnérable aux effets du changement climatique. Les 2/3 des terres arables africaines pourraient être perdus d’ici à 2025 à cause du changement climatique, phénomène aggravé par les effets des pratiques humaines parfois inappropriées (surexploitation des terres, utilisation de techniques vétustes, irrigation insuffisante…..) Dans un tel contexte, les experts signalent que si la situation actuelle perdure l’Afrique ne pourra subvenir qu’à 13% de ses besoins alimentaires d’ici 2050.
L’experte Mme Fettouma Djerrari explique que sur le continent l’agro écologie qui intègre les savoirs et les savoir-faire traditionnels à la recherche scientifique comme l’agronomie, l’économie et la sociologie aide aujourd’hui à la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles. Les petits paysans qui observent les pratiques agro écologiques non seulement résistent mieux, mais encore se préparent mieux au changement climatique en réduisant au maximum les pertes de récoltes entrainées par les sècheresses. Ils améliorent ainsi leurs revenus. La revalorisation, selon elle,des savoirs et des savoir-faire traditionnels est également fondamentale dans la mise en place de solutions pérennes. A titre d’exemple, elle a expliqué que plusieurs gouvernements africains comme le Sénégal avec la bourse de sécurité familiale ou le Niger avec l’Initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens) ont adopté des programmes pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition qui s’appuient sur des connaissances endogènes et locales spécifiques à chaque pays.
Au cours de cette rencontre, les journalistes ont évoqué les pressions sociales que subissent les femmes concernant l’accès à la terre, il est unanime que beaucoup d’efforts a été fait dans le domaine agricole mais ce sont des efforts orientés vers les hommes. Il est temps de penser aux femmes productrices.
Pour Aminata Pilimini Diallo Panafricaine de Guinée, « les femmes ne sont pas si solidaires qu’on le pense, il faut être capable de surmonter certaines difficultés pour arriver à soutenir la cause de la femme. Dans nos pays les Gouvernements investissent, il faut que les initiatives soient dirigées vers les femmes puisqu’elles constituent un maillon important du monde rural, il faut leur ouvrir la porte des financements dans le domaine agricole, donner leur des crédits pour leur indépendance économique, elles peuvent faire beaucoup de choses, si elles arrivaient à réellement obtenir de l’aide. Ainsi, elles vont plus produire et honorer leurs engagements».
Aïssa Abdoulaye Alfary Envoyée Spéciale(onep)