Demain vendredi 1er mai, les travailleurs nigériens, à l’instar de ceux du monde entier, célèbreront la ‘‘Fête du Travail’’ qui consacre le 134ème anniversaire des tristes événements de Chicago, considérés universellement comme le premier jalon de la conquête par les travailleurs de leurs droits. Symbolique à plus d’un titre, au Niger comme ailleurs, cette fête est célébrée avec faste par les travailleurs. Uniformes de pagne avec logo des syndicats et des centrales syndicales, défilés, discours, la déclinaison et la remise collective du cahier de doléances aux autorités, festins, soirées culturelles, distributions de cadeaux, etc., la liste des activités est longue. Mais, c’est aussi bien pour le gouvernement, que pour les partenaires sociaux, l’occasion de jeter un regard rétrospectif sur l’état des rapports professionnels au cours de l’année écoulée et d’évaluer les grands chantiers sociaux sur lesquels se focalisent toutes les attentions et énergies communes.
Cependant, cette année 2020, les centrales syndicales, respectueuses des mesures préventives prises par le gouvernement dont l’interdiction de regroupement et pour protéger leur militants et les autres citoyens, ont souverainement décidé d’annuler plusieurs activités, cela à cause de la pandémie du Covid-19, qui touche aussi le Niger et qui a poussé les autorités politiques et sanitaires à prendre des mesures de prévention. Seules sont retenues, pour ceux qui le désirent, la diffusion des discours des Secrétaires généraux des centrales syndicales et la publication des bulletins d’information annuels des centrales syndicales.
Selon le Secrétaire Général de la Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (CDTN), M. Djibrilla Idrissa, le Bureau Exécutif National de ladite centrale, a lors de sa dernière réunion, décidé de sursoir à plusieurs activités, habituellement organisées dans le cadre de la célébration de cette fête. «Nous avons notamment décidé de ne pas éditer des pagnes et autre tee-shirt avec le logo de notre confédération. Cette année, il n’y aura pas aussi le traditionnel défilé du 1er mai, de nos militants, ainsi que les autres manifestations au niveau national, et des régions», a indiqué M. Idrissa. «La seule activité retenue, cette année, par notre organisation syndicale est la publication et la diffusion de notre journal, à savoir : ‘‘La Voix des Travailleurs’’», a précisé le SG de la CDTN.
Idrissa a, par ailleurs, annoncé qu’une rencontre a regroupé le ministre de l’Emploi, du Travail et de la Protection sociale et les centrales syndicales. «A cette rencontre, il a été unanimement décidé qu’il n’y aura pas de défilés de 1er mai cette année. Il n’y aura pas, non plus, de remise de cahier de doléances, dans la formule connue, c’est-à-dire avec le regroupement des membres du gouvernement, du patronat et des travailleurs. Mais que ce cahier de revendications sera remis par voie administrative», a ajouté le SG de la CDTN. Par contre, la réunion a, selon Djibrilla Idrissa, retenu la présentation habituelle du message du ministre de tutelle, des travailleurs, et aussi, les centrales qui ont des messages peuvent les livrer le jour de la fête. Il a aussi été retenue l’édition des bulletins annuels des centrales syndicales qui le désirent. «Par rapport aux éventuels messages, que vont livrer les structures syndicales, le 1er mai, nous avons vivement recommandé, que ces organisations syndicales tiennent compte des mesures sanitaires de prévention, donc sans regroupement. Cette situation n’est pas propre au Niger, elle est mondiale. Notre confédération est liée à la Confédération syndicale Internationale, qui a aussi recommandé les mêmes mesures et a demandé aux travailleurs de s’impliquer dans les mesures édictées par les autorités sanitaires», a justifié M. Idrissa. Le SG de la CDTN a enfin appelé l’ensemble des acteurs à la compréhension et au sens de responsabilité des militantes et des militants.
Pour le Secrétaire Général de l’Union des Syndicats des Travailleurs du Niger (USTN), M. Zama Allah Mahamane, il a relevé que la fête des travailleurs intervient, cette année, dans un contexte de pandémie dangereuse car très contagieuse, qu’est le Covid-19, qui n’a ni traitement, ni vaccin, qui n’épargne aucun pays, aucun peuple, aucune communauté. «Vu les restrictions qui s’imposent et les mesures de prévention prises par le gouvernement, mesures d’ailleurs, que nous avons annoncées, acceptées, observées, encouragées. Nous avons invité les gens à les respecter, pour combattre ce fléau. Donc, avons-nous décidé d’annuler certaines activités qui d’habitude font partie de la célébration de cette fête de travailleurs», a déclaré M. Mahamane.
Conformément à la réunion, tenue avec leur Ministère de tutelle, l’USTN a non seulement décidé de ne pas défiler mais aussi de sursoir à toutes autres activités connexes, sauf l’édition des journaux et la confection des pagnes pour ceux qui en veulent. «Nous allons diffuser notre discours du 1er mai à partir de notre siège, de façon restreinte, pour respecter aussi la mesure de distanciation sociale édictée», a annoncé le responsable de l’USTN. Traditionnellement, la Fête du Travail est aussi l’occasion, pour les pouvoirs publics, de reconnaitre et de distinguer les travailleurs les plus méritants, afin de les inciter à davantage d’efforts dans l’optique de rendre les principes et les valeurs de la productivité et du rendement plus palpables aussi bien dans le secteur public que dans les secteurs para public et privé. Cette cérémonie de décoration n’aura pas lieu cette année, toujours à cause de la pandémie.
Même son de cloche au niveau de la Confédération Générale des Syndicats Libres du Niger (CGSL-Niger). Hamidou Seybou, Secrétaire Général 1er Adjoint, estime que cette année, le 1er mai intervient à un moment exceptionnel. «Deux éléments entravent l’organisation habituelle de cette fête des travailleurs. Il y a d’abord la pandémie du Covid-19, qui confine les populations du monde entier. En outre, le Niger vit une période d’abstinence et de prière avec l’observance du jeûne de Ramadan auquel s’ajoute le phénomène climatique, qu’est la suffocante chaleur, qui a démarré depuis le mois de mars. Pour toutes ces raisons, le 1er mai 2020 ne sera pas célébré comme d’habitude», précise M. Seybou.
Selon lui, la rencontre des centrales syndicales représentatives avec les autorités de tutelle a circonscrit les activités à mener et celles à annuler, dans le cadre du respect des mesures préventives énoncées par les autorités sanitaires. «Nous souscrivons à ces mesures et appelons à leur strict respect. Nous avons donc décidé d’éviter le défilé, les rencontres festives. Seuls l’édition de notre bulletin d’information et le message de notre Secrétaire Général, M. Soumaïla Bagna sont maintenues. Donc, tout le cérémonial qui entoure la fête des travailleurs est annulé à cause non seulement du coronavirus mais aussi à cause du jeûne, que nous observons», ajoute Hamidou Seybou.
Mahamadou Diallo(onep)