Des amis qui se rencardent dans une fada, au jardin ou tout autre cercle de causerie dans l’intention de se distraire, à travers des échanges, des taquineries et des rigolades sans fin, on en trouve tous les jours et presque partout. Une tradition sans doute héritée de la dynamique des anciens groupes d’amis qui, jadis, faisaient le bonheur des jeunes dans presque tous les quartiers de Niamey.
On se rappelle de ces clubs d’amitié (ou d’affinité) entre jeunes filles et garçons qui, jusqu’aux années 90, entretenaient l’ambiance particulière dans les quartiers. Ces ‘’ghettos’’, que sont les points de rencontre de ces groupes, étaient des plus animés, avec la théière qui bouillonne en permanence, le boucan de la musique servie à fond la caisse, les parties de belote, et souvent les discussions interminables au ton tantôt plaisant, tantôt orageux, etc. En plus des solides liens d’amitié et de solidarité qu’ils contribuaient à renforcer, ces clubs étaient des cadres de loisirs qui offraient aux jeunes des espaces propices à leur plein épanouissement. Mais, comme dirait l’autre, c’était une époque…
De nos jours, rien ne se passe plus comme avant. L’internet et les réseaux sociaux ont fait leur apparition, et la vie et les loisirs des jeunes en sont gravement impactés. Plus de place à ces ‘’spectacles’’ de chaudes, mais plaisantes, séances de causerie entre amis. Ils ont beau se retrouver ensemble dans leurs fadas, les jeunes d’aujourd’hui ne goûteront guère à cette chaleur humaine intense qu’avaient connue leurs devanciers.
Que constate-t-on ? Dans les fadas et autres cercles de causerie (souvent même pour les adultes), les gens sont ensemble, mais très séparément. Chacun est scotché à l’écran de son smartphone, échangeant via WhatsApp (ou Facebook) avec d’autres interlocuteurs se trouvant à mille lieues de là. Pour d’autres, c’est le moment idéal pour visionner des vidéos ou d’écouter toute une panoplie de messages vocaux alignés dans les différents groupes WhatsApp. D’autres encore préfèrent consacrer ces rencontres censées être des instants de bonnes retrouvailles entre camarades pour engager des discussions avec d’autres interlocuteurs virtuels disséminés aux quatre coins du monde, mais réunis dans la ‘’boîte magique’’ des tonitruants groupes WhatsApp.
C’est dire à quel point, ces rencontres entre amis s’avilissent en de véritables rendez-vous ratés. Que dire, sinon que les nouvelles technologies et les réseaux sociaux ont déjà gravement démoli les rapports humains, tels qu’on les appréciait par le passé.
Assane Soumana(onep)