Ces derniers temps, une affluence monstre est visible au niveau de la société chargée de la délivrance du permis de conduire biométrique. Ces rassemblements se font en l’absence des règles élémentaires préconisées dans le cadre de la prévention contre la propagation de la pandémie de la maladie à Coronavirus.
Aucune distanciation physique n’est observée par les usagers. Pire, très peu d’entre eux portent l’indispensable masque de protection. Tous n’ont qu’une seule chose en tête : entrer en possession du fameux permis de conduire biométrique avant le délai fixé auparavant au 14 juillet dernier. Fort heureusement, ayant perçu l’impossibilité pour les usagers et l’incapacité de la société en charge de ce document de respecter ce délai, le gouvernement a prorogé ce délai jusqu’au 15 août prochain.
Comment en est-on arrivé là ? Quelle est la part de responsabilité des uns et des autres ? Et quelle perspective pour éviter ce genre de situation ?
Contrairement à ce qu’on peut penser, les usagers sont aussi responsables de cet état de fait. En effet, comme à chaque fois, la grande la majorité des gens ont attendu l’approche de la fin du délai pour aller chercher le fameux document pour se mettre en règle. C’est la même situation qui a été vécue et qui s’observe encore au niveau de la société chargée de l’immatriculation et la ré-immatriculation des automobiles.
Cependant, la plus grande part de responsabilité incombe aux sociétés déléguées pour fournir ces services publics. Notez bien, pour le cas du permis de conduire biométrique, il existe moins de 10 sites pour effectuer les opérations dans un pays qui a une superficie de 1.267.000 km carrés et plus de 22 millions d’habitants (même si tous ne sont pas détenteurs du permis de conduire). L’aberration est surtout au niveau la capitale (Niamey) où il y a un seul site et où on note probablement plus de demandeurs du précieux document. Sur l’unique site, il a un nombre très limité de guichets pour effectuer les opérations. C’est ce qui justifie ces regroupements fous, où certains usagers viennent très tôt le matin (4 heures) ; d’autres passent presque la nuit devant les locaux de la société pour se faire enregistrer.
De la nécessité d’ouvrir un maximum de sites et de guichets…
Avec ce qui se passe au niveau de ces deux sites pour la délivrance du permis de conduire biométrique et pour la ré-immatriculation des véhicules, on est tenté de croire que notre pays a eu une mauvaise perception de ce que les spécialistes du domaine appellent ‘’Guichet unique’’, ces plateformes normalement conçues pour alléger les souffrances des usagers du service public. En effet, les mêmes insuffisances qu’on reprochait aux structures publiques sont en train de se reproduire au sein de ces entités privées ayant reçu la délégation de charges pour offrir de tels services.
Et c’est là où la responsabilité des pouvoirs publics est engagée. En effet, l’Etat doit exiger de ces sociétés d’ouvrir le maximum de sites et guichets possibles à travers le pays et dans les grosses agglomérations urbaines pour offrir les services dont elles ont eu délégation d’assurer aux usagers dans des conditions respectueuses des citoyens. Rappelons-nous du casse-tête que vivaient les consommateurs, il ya quelques années, pour payer leurs factures d’eau et d’électricité. Les sociétés en charge de ces secteurs ont fourni des efforts pour améliorer et même innover les conditions de paiement de factures.
Si le Niger a pris l’engagement et la décision d’opérer des réformes dans le secteur des transports, il doit aussi veiller aux conditions dans lesquelles les usagers sont accueillis et traités. Sinon, en ces temps de pandémie de la Covid 19, ces sites de délivrance du permis de conduire biométrique et de ré-immatriculation des véhicules risquent d’être de véritables nids de développement et de propagation du virus, annihilant ainsi les efforts de l’Etat, qui jusque-làont permis de bien contenir cette pandémie. La prorogation du délai par le gouvernement ne constitue pas, à elle seule, une solutionsuffisante à la situation. Les sociétés en charge de ces tâches doivent revoir leurs copies.
Siradji Sanda(onep)