Les habitants des villages de Gomozo, Katakata, Garin Elhadj Sami, Tsabiro et Garin Maman (Commune urbaine de Tibiri, Département de Guidan Roumdji) ont désormais le sourire aux lèvres. En effet, ces localités viennent de bénéficier d’une mini adduction d’eau potable (Mini-AEP) multi-villages. Cet ouvrage réalisé grâce à un financement de l’UNICEF, du Comité National Allemand et Südwest Presse a coûté 138 millions de FCFA. Avec une capacité de production de 10m3 par heure, cette mini AEP dessert une population estimée à 5.000 habitants avec possibilités d’extension. L’ouvrage a changé les habitudes dans ces localités qui ont, par le passé, été victimes des maladies liées à l’eau. Grands et petits, hommes et femmes, se réjouissent, mais c’est surtout les élèves qui en sont si soulagés. Eux qui, par le passé, étaient obligés de participer à la corvée d’eau de leurs familles au détriment souvent de leurs études.
Une mission de la presse a séjourné dans la région de Maradi où elle est allée constater les réalisations qui ont été faites dans la commune urbaine de Tibiri, département de Guidan Roumdji dans le cadre de la fourniture en eau potable des populations. L’ouvrage qui a été réalisé est l’œuvre de l’UNICEF, le Comité National Allemand et ses partenaires, à savoir Südwest Presse.
La région de Maradi comme d’autres localités du pays est confronté au problème d’accès à l’eau potable des populations. A cet effet, l’Etat est à pied d’œuvre pour créer les conditions permettant d’endiguer ce phénomène afin de donner le sourire aux populations. C’est dans ce cadre que l’Etat a formulé des requêtes auprès de ses partenaires visant à réaliser des ouvrages pour améliorer l’accès à l’eau potable et réduire la prévalence des maladies liées à l’eau insalubre du fait que la question de l’hygiène et de l’assainissement est au centre des préoccupations du gouvernement.
Des populations qui sont exposées aux aléas des maladies s’alimentent à partir de l’eau de surface et des puits cimentés à ciel ouvert. Ce qui rend les conditions de l’assainissement et de l’hygiène précaires. Cette précarité est à l’origine du choléra et d’autres maladies du genre qui frappent souvent la région. Ainsi, grâce au financement de l’UNICEF et du Comité National allemand, il a été construit une mini-AEP multi villages dans les villages de Gomozo, Katakata, Garin Elhadj Sami, Tsabiro et Garin Maman.
La mini-AEP multivillage a été installée à Gomozo, puis sont intervenus les travaux de raccordement des autres villages. Notons que les travaux de suivi et de contrôle ont été assurés par la Direction Régionale de l’Hydraulique et de l’Assainissement de Maradi. En outre, la réalisation de l’ouvrage a permis de contribuer à la fourniture et l’installation d’un réservoir de 50 m3 en acier inoxydable sur 10 m de hauteur ; la fourniture, la pose et la mise en service d’un générateur solaire ; la fourniture, l’installation et la mise en service d’un groupe électrogène de 15 KVA ; la fourniture, l’installation et la mise en service d’une pompe immergée hybride notamment thermique et solaire. Ajoutons aussi la fourniture et la pose de 10.628 ml de conduites, leur raccordement au château d’eau et réseau y compris la fourniture et la pose des vannes de sectionnement, des dispositifs de vidange et des ventouses ; la réalisation de 10 bornes fontaines avec un hangar métallique conformément aux plans et 5 branchements sociaux dans 5 écoles ; etc.
La réalisation de cette mini-AEP multi villages est aujourd’hui un motif de soulagement pour les populations des villages concernés qui ne tarissent pas d’éloge à l’endroit de l’Etat, de l’UNICEF et du Comité National Allemand à travers Südwest Presse. Retenons que les reporters se sont rendus au village de Gomozo, Katakata, Garin Elh Sami en vue de mieux apprécier ce qui a été fait. A cette occasion, les bénéficiaires ont à tour de rôle pris la parole pour faire le point en ce qui concerne leur réalité sociale avant et après la construction de la mini-AEP multi villages.
Les bénéficiaires apprécient la réalisation de mini-AEP
Saâ Abdou, habitante du village de Gomozo, a d’abord remercié ceux qui ont réalisé cet ouvrage. Elle a indiqué que les bornes fontaines qui viennent d’être installées sont en train d’atténuer la souffrance surtout des femmes du village pour diverses raisons. «Par le passé, il faut se réveiller très tôt le matin et aller aux puits pour s’approvisionner en eau. Le village est doté de deux puits d’une profondeur de 40 à 55 mètres. C’est un parcours de combattant pour les braves femmes du village pour s’approvisionner en eau, avant de rentrer à la maison et s’occuper des tâches ménagères», dit-elle. Concernant l’hygiène, Mme Saâ révèle que les puits ne sont pas protégés. Ce qui fait que les habitants sont exposés aux maladies liées à la consommation de l’eau insalubre. Pour éviter les maladies, il faut traiter l’eau. Le traitement prend souvent du temps. «Mais aujourd’hui, nous sommes contents que le village soit raccordé. Nous avons de l’eau potable à faible coût. Nous sommes tous appelés à nous investir pour protéger cet ouvrage qui est un bien commun», a laissé entendre Mme Saâ.
L’école primaire de Gomozo est aussi raccordé afin d’améliorer l’accès à l’eau potable aux élèves. Cela a permis aux élèves d’avoir de l’eau potable en permanence. Selon le directeur de cette école, M. Moustapha Labo, l’école compte un effectif de 355 élèves répartis dans 5 salles de classes. Il a exprimé sa satisfaction que l’école soit dotée d’une borne fontaine. «Avant, les élèves souffraient de manque d’eau potable. Ils assuraient la corvée d’eau avant de venir à l’école surtout les filles qui venaient toujours en classe après 10 heures», rappelle-t-il. Il estime que la concrétisation de cet ouvrage mettra fin à cette pratique qui a un impact négatif sur les enfants et leurs études. «Après avoir été épuisés par la corvée d’eau, ils venaient en classe moins concentrés et les résultats ne sont pas du tout appréciables», dit-il.
Pour sa part, Ali Halilou, élève en classe de CM2, est heureux que leur école ainsi que le village soient raccordés. Il se souvient encore du clavaire qu’ils ont traversé. Il a confié qu’ils ont souffert de la corvée d’eau. «Chaque jour, pour boire de l’eau à l’école, il faut retourner à la maison ou aux puits. Ce qui est embarrassant avec l’eau de puits, c’est surtout la qualité», dit le petit Ali aujourd’hui fier de se voir déchargé de la corvée d’eau. «La borne est juste à côté de notre maison et nous avons une borne fontaine à l’école. Maintenant on peut se concentrer sur nos études», se réjouit-il.
Abdou Salam Sani se rappelle encore de la souffrance endurée sachant. «Nous partions à la recherche de l’eau aux puits sous un soleil de plomb, souvent pieds nus. Nous venons en classe en retard et les maîtres nous punissaient. Aujourd’hui, grâce à cet ouvrage, nous sommes ponctuels à l’école. Nous remercions très sincèrement tous ceux qui se sont battus pour transformer notre rêve en réalité», a-t-il indiqué.
Quant au Chef du village de Gomozo, M. Ibrahim Agada, il a de la peine à cacher sa joie. «Ces bornes fontaines permettant aux habitants de s’approvisionner en eau potable sans difficulté. Si avant la réalisation de l’ouvrage, nos femmes passaient la journée aux puits, maintenant, elles sont permanentes à la maison», a-t-il déclaré.
Comme le village de Gomozo, celui de Katakata est doté d’une borne fontaine mettant fin à la souffrance des populations et aux maladies liées à la consommation de l’eau insalubre. Le chef du village de Katakata, M. Halilou Arzika, a aussi manifesté l’intérêt qu’ils accordent à la réalisation de l’ouvrage qui vient de changer leur mode de vie. Il a noté que les habitants de son entité attendaient depuis longtemps cet ouvrage. L’aboutissement du projet de construction de la mini-AEP est un soulagement pour toute la communauté. «Nous disons simplement merci pour ce joyau», a-t-il souligné.
Le Directeur régional de l’Hydraulique et de l’Assainissement de Maradi M. Oumarou Chaibou, a rappelé que la zone qui vient de bénéficier de la mini-AEP a été victime de choléra en 2018. Il a confié que les populations s’alimentaient à partir des puits cimentés à ciel ouvert. Le coût de la réalisation de l’infrastructure est de 138 millions de FCFA pour un délai d’exécution de près de deux mois. Avec cette infrastructure, il est possible dans dix ans de raccorder d’autres villages. Pour ce qui est de la population bénéficiaire, elle est estimée à 5.000 habitants, tandis que la production est de 10m3 par heure avec la possibilité de pompage solaire pendant 8 heures du temps.
D’après M. Zabeirou Mahamadou, directeur départemental adjoint de l’Hydraulique et de l’Assainissement de Guidan Roumdji, la mini-AEP fonctionne à travers un système hybride pour pallier le problème de manque d’énergie. La pompe du forage a seulement besoin de 5,5 kw pour fonctionner, alors que le système photovoltaique installé produit près de 10 Kw.
Il faut noter qu’au total dix (10) bornes fontaines ont été installées dont 3 à Gomozo, 3 à Katakata, 2 bornes fontaines à Garin Maman, une borne fontaine à Garin Elh Sami et une autre à Tsabiro. Toutes les dispositions ont été prises pour que les ouvrages soient protégés et avec un système d’hygiène et d’assainissement.
La gestion de l’ouvrage est assurée par un délégataire à savoir l’entreprise MTS Hydro Tech qui est basée à Maradi. D’après M. Saâdou Assoumane, chef d’exploitation de l’entreprise MTS Hydro Tech, la gestion déléguée est un système instauré par le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans le cadre de la sauvegarde des installations. C’est à l’entreprise que revient l’exploitation et la gestion de l’eau. L’entreprise a ainsi signé un contrat avec la commune. Il a précisé que l’entreprise est en charge de tout dégât causé, tandis que le renouvellement des installations en cas d’amortissement est à la charge de maître d’ouvrage. S’agissant de la vente de l’eau aux bornes fontaines, le bidon de 25 litres est à 10FCFA. Dans le contrat, le mètre cube est à 375 FCFA. Il est prévu dans les 375 FCFA, une part pour le délégataire, une redevance pour l’extension, une redevance pour la commune.
Laouali Souleymane, Envoyé Spécial(onep)