Le Président de République, Chef de l’Etat, SE. Issoufou Mahamadou, a participé vendredi 4 décembre dernier visioconférence, à un débat de haut niveau du Conseil de Sécurité. Cette rencontre virtuelle a réuni plusieurs chefs d’Etat et de Gouvernement, autour sur le thème «Coopération entre l’ONU et les Organisations régionales et sous-régionales (UA)». Rappelons que ce Débat de Haut Niveau est une initiative de SE. Cyril Ramaphosa, Président de la République d’Afrique du Sud et Président en Exercice de la Commission de l’Union Africaine. Dans son intervention par visioconférence, le Chef de l’Etat a, entre autres, plaidé pour une conjugaison des efforts entre l’Union africaine et l’ONU pour notamment mettre en place une solution pérenne de financement pour la Force Conjointe du G5 Sahel en vue de restaurer la sécurité et maintenir la paix dans ce vaste espace. (Lire
ci-dessous, l’intégralité de l’intervention du Chef de l’Etat au débat de haut niveau)
Allocution du Président de La République lors du Débat de Haut Niveau du Conseil de Sécurité sur le thème «Coopération entre l’ONU et les Organisations régionales et sous-régionales (UA)
“L’Union Africaine et les Nations-Unies doivent continuer à conjuguer leurs efforts pour mettre en place une solution pérenne de financement pour la Force Conjointe du G5 Sahel”, déclare S.E.M Issoufou Mahamadou
«Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de Gouvernement,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil de Sécurité
Je tiens avant tout à saluer cette importante initiative de son Excellence Cyril Ramaphosa, Président de la République d’Afrique du Sud et Président en Exercice de la Commission de l’Union Africaine. Son leadership au Conseil de Sécurité durant ce mois de décembre saura, je ne doute pas, répondre aux attentes de l’Afrique et de la communauté internationale.
J’étends ces félicitations à l’Allemagne, à la Belgique, à la République Dominicaine et à l’Indonésie, membres sortants du Conseil de Sécurité, pour leurs mandats réussis.
Monsieur le Président,
Pour le Niger et certainement pour les autres Etats africains et les partenaires du continent, cette rencontre revêt un intérêt majeur parce qu’elle porte sur l’état de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous régionales, notamment l’Union Africaine. Nous ne doutons pas que les réflexions et les échanges de Haut niveau que nous aurons aujourd’hui seront d’un apport très précieux dans la prise en charge effective des défis auxquels est confronté notre continent.
Comme vous le savez, l’Afrique occupe une place importante sur l’Agenda du Conseil de sécurité ces dernières années. Aujourd’hui, les statistiques indiquent que plus de 50 % de son agenda et jusqu’à70 %des situations de paix et de sécurité sous le chapitre VII de la Charte concernent des pays africains.
C’est une triste réalité qui commande une attention particulière et qui appelle à une coopération appropriée, ainsi qu’à des actions décisives et coordonnées de l’Union Africaine et des Nations Unies dans l’accomplissement de leurs mandats en matière de prévention et de règlement de conflits, de consolidation de la paix, du développement et du renforcement des capacités des pays dans tous les domaines.
C’est pourquoi, nous avons accueilli favorablement, les conclusions des quatorzièmes consultations entre le Conseil de Sécurité de l’ONU et le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, tenues sous la présidence du Niger au mois de septembre 2020, mais aussi, le dernier rapport du Secrétaire-Général sur la coopération entre ces deux Organes, à travers le cadre conjoint ONU-Union Africaine de 2017 pour un partenariat renforcé dans le domaine de la paix et de la sécurité.
Ces instruments de référence ont permis d’avoir une meilleure compréhension des causes profondes des conflits en mettant en exergue le rôle et l’importance des acteurs régionaux disposant déjà de mécanismes adaptés leur permettant de faire face aux situations de crise.
Je voudrais à cet égard féliciter le Président de la Commission de l’Union Africaine, Monsieur Moussa Faki Mahamat, pour les efforts consentis dans la mise en place d’une architecture de paix et de sécurité propre à l’Union Africaine, conformément à la feuille de route de Lusaka. Je salue également le rôle éminemment positif de la CEDEAO en matière de paix et de médiation dans l’espace Ouest Africain.
C’est dire que les conditions d’application du principe de subsidiarité, en matière de conduite et de coordination des opérations de paix et de sécurité sur le sol africain, existent et c’est de cette façon seulement, qu’on donnera un sens et un contenu au concept des solutions africaines aux problèmes africains, auquel nous adhérons.
S’il faut se féliciter de ce que plusieurs accords ont été négociés avec la contribution des Nations Unies, de l’Union Africaine, et d’autres organisations et institutions partenaires, fort est de constater que cette coopération n’a pas été toujours effective.
A titre illustratif, le cas de la crise Libyenne a mis à nu les divergences dans les rôles et les responsabilités du Conseil de Sécurité et du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine. L’opposition ferme du Niger et des autres pays voisins de la Libye à toute intervention dans ce pays frère, n’a hélas pas été entendue. La Libye connaît aujourd’hui une situation de chaos avec pour conséquences la dissémination d’armes et de mercenaires, l’instabilité pour le Sahel et le bassin du lac Tchad ainsi qu’une crise humanitaire et migratoire sans précédent. L’Union Africaine et les Nations-Unies doivent continuer à conjuguer leurs efforts pour mettre en place une solution pérenne de financement pour la Force Conjointe du G5 Sahel. Je salue la coopération qui existe entre cette force et la MINUSMA.
Monsieur le Président,
La pandémie du COVID-19 nous a rappelé combien il est urgent et important de reformer le système de gouvernance mondiale actuel, en le rendant plus à même de refléter les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies. Aussi le Niger estime-t-il que le continent africain doit prendre toute sa place au sein des organes des Nations Unies, notamment au Conseil de Sécurité, conformément au Consensus d’Ezulwini, et en parfaite harmonie avec les aspirations des autres régions du monde.
Monsieur le Président,
La coopération entre nos deux institutions, devraient également prendre en compte l’ensemble des facteurs qui peuvent constituer une menace à la paix et à la sécurité internationales, ou qui peuvent saper nos efforts pour l’atteindre. C’est pourquoi il est nécessaire de mettre en place une collaboration opérationnelle entre les organisations régionales et l’ONU, qui aboutirait à la création d’Agences de développement axées sur l’objectif fondamental d’endiguer les causes profondes des problèmes sécuritaires dans les zones affectées par les crises. C’est dire que les deux organisations doivent renforcer leur coopération dans la mise en œuvre de l’agenda 2063 et de l’agenda 2030.Cela permettra de mieux tenir compte de la liaison étroite qui existe entre sécurité et développement. Cela nous permettra non seulement de résoudre les problèmes sécuritaires, mais aussi et surtout de mieux les prévenir.
L’architecture de notre action commune devrait nous permettre de prendre en compte les nouvelles menaces à la paix et à la sécurité comme les pandémies, le terrorisme, l’impact du changement climatique, la cybercriminalité et le crime organisé y compris à travers une nouvelle conception des opérations des Nations Unies. Cette architecture, devrait également permettre aux Nations Unies et à l’Union Africaine d’accorder une attention particulière aux questions de la jeunesse, des femmes et des enfants.
Pour ce faire, je voudrais avancer ici quatre propositions :
• La première porte sur une nouvelle conception des opérations de maintien et d’imposition de la paix
• La deuxième consiste à établir un mécanisme de financement pérenne des opérations de maintien de la paix dirigées par l’Union africaine ou les organisations sous régionales suivant l’application du principe de subsidiarité
• La troisième concerne le renforcement de la coopération entre les deux conseils, en mettant l’accent sur une harmonisation de leurs agendas et des objectifs à atteindre, au moyen des rencontres plus régulières ;
• la quatrième enfin, comme je l’ai mentionné précédemment, consiste à veiller à ce que les pays africains jouent un rôle central dans les discussions et le processus de prise de décision du Conseil, dans la mesure où les questions africaines constituent la majorité des sujets traités par cet organe.
Je vous remercie, Mesdames et Messieurs, de votre aimable attention. ».