On l’a dit et répété à maintes reprises : rien, absolument rien !, ne vaut mieux que la paix dans un pays ! Cette semaine, avec tous les accès de troubles qui secouent les quartiers de la capitale après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle, les Niaméens mesurent toute la portée et la pertinence de cette assertion. Il se trouve que depuis mardi dernier, l’atmosphère est devenue exécrable, voire irrespirable, à Niamey. Non pas seulement du fait des relents du gaz lacrymogène et des bouées de fumée noire des pneus brulés qui se répandent dans presque tous les quartiers, mais surtout à cause du spectre de la crainte et de l’insécurité qui plane sur la tête de tout un chacun.
En effet, dans presque tous les quartiers périphériques, des hordes de bambins armés de pneus usés, de bâtons, de cailloux et autres projectiles, sèment le désordre et la terreur. A travers des scènes de ‘’guerre des pierres’’ dignes de l’intifada à la palestinienne, ils jouent au chat et à la souris avec les forces de l’ordre en brûlant des pneus sur les carrefours et au milieu des boulevards, endommageant ainsi les infrastructures routières chèrement acquises. S’y ajoutent aussi ces interminables échauffourées se traduisant par le caillassage, à coups de bâtons et de pluie de projectiles, de véhicules et de bâtiments, aussi bien administratifs que privés. C’est dire à quel point la quiétude sociale est gravement ébranlée dans cette paisible cité qu’est Niamey.
Et voilà qu’aujourd’hui, à cause de ces manifestations intempestives, les rues de Niamey ne sont plus sûres. Pour les automobilistes qui doivent aller d’un point à l’autre de la ville, le parcours prend le ton d’un voyage incertain, avec tout le risque de tomber sur des bandes de jeunes qui n’hésiteront pas à démolir votre voiture ou carrément à l’incendier. Dans cette atmosphère étouffante de peur qui règne sur la ville, certains n’ont pas d’autre choix que de se terrer à la maison. Et ceux qui doivent sortir malgré eux prennent d’abord la précaution d’appeler des amis se trouvant dans d’autres quartiers pour s’informer sur les zones à risque. Pour les Niaméens habitués à vivre dans la tranquillité et la paix, ce phénomène du ‘’règne de la terreur’’ n’a que trop duré. Aussi, partout, dans les mosquées et les maisons, les Nigériens prient sans cesse pour un retour rapide à l’apaisement.
Devant la gravité de l’heure, il revient ainsi aux forces politiques en présence de trouver, pendant qu’il est temps, les solutions idoines pour baisser le ton et privilégier la concertation et le recours aux moyens légaux permettant d’estomper cette crise postélectorale qui bouillonne. Car, quoi qu’il en soit, toute crise peut se résoudre autrement que par la violence.
Voilà pourquoi, au nom de tous nos concitoyens, nous appelons l’ensemble de la classe politique à un ultime sursaut de patriotisme et de responsabilité, pour éviter de plonger notre pays dans une impasse politique pouvant dégénérer en une véritable source de malheurs et de souffrances pour ce peuple nigérien épris de paix. Puisse cet appel être entendu…
Assane Soumana(onep)