A l’occasion de la 28ème édition de la Journée mondiale de la Liberté de presse, proclamée en 1993 par l’Assemblée générale des Nations Unies, correspondant au 30ème anniversaire de la déclaration de Windhoek, célébrée hier sous le thème «l’information comme bien public», la Maison de la Presse du Niger a fait l’état des lieux des conditions de l’exercice du métier de journaliste au Niger. La cérémonie s’est déroulée en présence du secrétaire général du ministère de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions M. Abdoulaye Coulibaly, porteur du message du ministre Zada Mahamadou.
La pertinence du thème de cette année, est qu’il prend en compte l’évolution d’un système de communication qui a un impact sur notre santé, sur les droits de l’homme, la démocratie et le développement durable. Dans ce domaine, notre pays a déjà adopté la loi portant Charte d’accès à l’information publique et aux documents administratifs. Mais «le décret d’application tarde toujours a être pris et ce, sans aucune raison apparente», déplore le président du conseil d’administration de la Maison de la Presse Ibrahim Harouna.
La célébration de la Journée mondiale de la Liberté de la presse, édition 2021, intervient quelques semaines après la publication par Reporters Sans Frontière (RSF), de son dernier classement mondial sur la Liberté de Presse. Dans ce classement, le Niger grimpe de 9 rangs en deux ans, se positionnant à la 59ème place en 2021, sur un total de 180 pays classés. Mieux, le Niger tient honorablement le 9ème rang à l’échelle du continent. Ainsi, Reporters Sans Frontière se félicite qu’«aucun journaliste, aucun journaliste citoyen et aucun collaborateur n’ait été tué au Niger», contrairement à ce qui se passe dans certains pays. Pour RSF, cela constitue une avancée importante pour le Niger en matière de protection de journaliste dans l’exercice de sa profession.
Cependant, force est de constater que «ces acquis sont en train d’être remis en cause, depuis l’adoption de la loi sur la cybercriminalité qui aujourd’hui, constitue un véritable goulot étranglement pour le travail des journalistes sur les réseaux sociaux, d’où la nécessité de revoir cette situation et d’adopter dans les meilleurs délais, la loi sur la presse en ligne», a martelé M. Ibrahim Harouna, président du Conseil d’administration de la Maison de la Presse.
Par ailleurs, M. Ibrahim Harouna félicite et encourage les médias nigériens dans leur diversité pour leur pleine implication dans les actions de sensibilisation des
populations contre la pandémie du Covid-19.
Valoriser le journalisme pour une information crédible et utile
«La situation économique très difficile que vivent les médias nigériens par manque d’avancées sur la question d’accès à la publicité de l’Etat et de ses démembrements et sur le processus de signature de la convention collective, doit faire l’objet d’une préoccupation accrue de la part des plus hautes autorités de notre pays», a soutenu le président du conseil d’administration de la Maison de la Presse, qui appelle à accélérer le processus de mise en œuvre du décret portant accès au marché publicitaire de l’Etat et de ses démembrements.
Par la même occasion, la Maison de la Presse lance un appel pressant au gouvernement pour la mise en place immédiate d’un plan d’appui financier conséquent aux médias pour faire face aux conséquences de la pandémie de la Covid-19 sur leur fonctionnement régulier ; de rehausser significativement l’enveloppe destinée au fonds d’aide à la presse, ainsi que de revoir sa formule d’octroi par le CSC. Cet appel, précise le président du conseil d’administration de la Maison de la Presse, va également à l’endroit de tous les acteurs impliqués dans le processus de signature de la convention collective de s’engager à finaliser ledit processus d’ici la fin de cette année 2021. M. Ibrahim Harouna a enfin rendu un hommage mérité à l’ancien président de la République Issoufou Mahamadou pour son engagement en faveur de la liberté de la presse au Niger, à travers la signature de la déclaration de la table de la montagne et à l’ensemble des acteurs qui ont rendu un grand service à la liberté de la presse dans notre pays.
Pour le Secrétaire général du ministère de la communication, M. Abdoulaye Coulibaly, les autorités ne ménagent aucun effort pour renforcer les importants acquis obtenus en faveur de l’accès à l’information, de la liberté d’expression et de la promotion du paysage médiatique nigérien, comme le démontrent l’extraordinaire floraison de journaux, la diversité des chaînes de radio et de télévision et la remarquable liberté de ton qui les caractérise. «C’est dire que notre département ministériel s’attachera, dans le même ordre d’idées, à poursuivre les efforts en vue d’un renforcement des capacités des journalistes, par la formation, pour un meilleur respect des règles d’éthique et de déontologie. De même, nous poursuivrons les efforts pour accélérer et faciliter la signature de la Convention collective des journalistes», a-t-il déclaré.
D’après M. Abdoulaye Coulibaly, les consultations entre les différentes parties prenantes ont d’ores et déjà été relancées, en vue d’une campagne nationale de sensibilisation à l’endroit des employés et employeurs du secteur de la presse, et ceci dans l’optique de la signature, avant la fin de cette année de cet important document appelé à régir les relations entre travailleurs et patronat.
Ismaël Chékaré(onep)