Le Réseau des Organisations pour la Transparence et l’Analyse Budgétaire (ROTAB), la branche nigérienne de ‘‘Publiez ce que vous payez (PCVP-International)’’, en collaboration avec Oxfam a organisé, le vendredi 25 juin dernier à Niamey, un diner gouvernemental de plaidoyer pour le financement de l’éducation et la formation professionnelle. L’objectif assigné à cette rencontre qui a regroupé des parlementaires, des membres du gouvernement, ceux de la société civile, des syndicats et les partenaires du Rotab, est de sensibiliser les uns et les autres sur l’importance de l’éducation et de l’enseignement technique et professionnel mais aussi de faire un plaidoyer pour une meilleure prise en compte du financement de ces secteurs dans le budget national du Niger.
Dans son mot introductif, le Coordonnateur du ROTAB, M. Ali Idrissa a présenté aux participants son organisation ainsi que ses objectifs. Il a notamment indiqué que le ROTAB est aujourd’hui, en Afrique, une des organisations de la société civile les plus actives dans le domaine d’une meilleure visibilité dans la gestion des ressources extractives du sous-sol. «Nous sommes plus actifs dans le cadre d’une utilisation rationnelle de ses ressources, épuisables donc éphémères. Ainsi, nous pensons que ces ressources doivent surtout bénéficier aux populations. Cela ne peut se faire qu’en finançant les secteurs sociaux de base comme : la santé, l’environnement, l’éducation,…», a précisé M. Idrissa.
Soulignant l’importance de l’Education en général et de l’enseignement technique et professionnel en particulier, dans un pays comptant une proportion très importante des jeunes comme le Niger, le coordonnateur du ROTAB a estimé que seule l’éducation peut nous amener à rejoindre les rangs des pays qui gagnent. Dans un pays, on ne peut pas parler de développement sans éducation. «C’est pour sensibiliser et faire un plaidoyer en faveur d’un plus important financement de l’éducation dans notre pays que nous avons organisé cette rencontre. Nous demandons à ce que les ressources qui proviennent de l’exploitation de nos ressources extractives soient utilisées dans la promotion du secteur éducatif», a ajouté M. Ali Idrissa.
Le ROTAB a saisi cette occasion pour mettre à la disposition des participants un avant-projet et un projet de texte, portant affectation d’une partie des redevances issues des industries extractives rétrocédées aux collectivités territoriales pour le financement de l’éducation et la formation professionnelle au Niger. Il s’agit à travers cette initiative de faire de ces participants les ambassadeurs du ROTAB auprès du parlement et du gouvernement, «pour qu’un jour, nous puissions voir ces textes adoptés et mis en œuvre dans notre pays. Nous osons espérer que l’assemblée nationale et le gouvernement travailleront ensemble pour rehausser le taux de financement du notre système éducatif, surtout que même le Chef de l’Etat a indiqué, tant dans son programme que dans son discours d’investiture, que l’école sera sa priorité. Donc, dans les prochaines années, l’école doit être la priorité dans notre pays», a souhaité le Coordonnateur Ali Idrissa.
Intervenant à son tour, le secrétaire général du groupe Alternative Espace Citoyens (AEC), M. Moussa Tchangari a mis l’accent sur la nécessité et l’importance du rehaussement, par l’Etat du Niger, du taux de financement de l’éducation dans le budget national. «Depuis 10 ans nous avons travaillé sur le budget de l’Etat, pour voir comment les ressources sont mobilisées et utilisées, en fonction des différents secteurs. Et cela pour voir dans quels secteurs des efforts ont été fournis et faire des recommandations et des propositions sur des secteurs où des efforts restent à faire pour que des ressources importantes soient allouées à des secteurs tout aussi importants comme celui de l’éducation. Concernant ce secteur éducatif, en dépit des engagements pris par les différents gouvernements qui se sont succédé depuis 10 ans et qui se sont engagés à consacrer au moins 25% du budget de l’Etat au secteur de l’éducation, malheureusement jamais ce seuil n’a été atteint», a déploré M. Tchangari.
Illustrant ses propos, M. Tchangari a indiqué que de 2011 à aujourd’hui, on constate que la part du budget pour les ministères sectoriels de l’éducation s’est de plus en plus réduite. «Entre 2011 et 2014, cette part est passée de 14% à 17%. Mais à partir de 2014, cette part est passée à 16% en 2015, 14% en 2016, 13% en 2017 et en 2020 elle est passée à 13,33%», a-t-il précisé. Cependant, il a reconnu que durant tout ce temps, la progression au niveau du budget alloué au Ministère de l’enseignement Technique et professionnel, dont le financement est passé de 4 milliards FCFA à plus de 30 milliards FCFA. «Cela est dû au fait que ces dernières années, c’est le ministère qui reçoit le plus de soutien des partenaires techniques et financiers», justifie M. Tchangari.
Le secrétaire général du groupe Alternative Espace Citoyens a par ailleurs reconnu que la situation sécuritaire a eu beaucoup d’impact dans l’attribution des parts du budget vers d’autres secteurs. «Pour le budget actuellement en exécution, la part de tous les ministères sectoriels de l’éducation n’atteint pas les 13%. Ce qui est préoccupant, car sans ressources suffisante on ne peut pas avoir une éducation de qualité», estime-t-il.
Par la suite, des députés, des membres du gouvernement et des représentants des partenaires du ROTAB sont intervenus, soit pour battre en brèche les chiffres déclinés par M. Tchangari, soit pour louer les efforts des autorités nationales pour la promotion de l’éducation et la formation professionnelle, soit pour féliciter le ROTAB pour cette initiative. L’Activité a pris fin avec la remise aux officiels de l’avant-projet et du projet sur l’affectation d’une partie des redevances issues des industries extractives rétrocédées aux collectivités territoriales pour le financement de l’éducation et la formation professionnelle au Niger.
Mahamadou Diallo(onep)