Où sont donc passées toute la force et la puissance de nos valeurs authentiques africaines fondées sur le culte de la bravoure et du patriotisme, elles-mêmes tirant souvent leurs sources de l’intarissable ‘’science africaine’’ faite de mystères et de mysticisme ? Avec tous les traumatismes et les angoisses qui absorbent nos esprits face aux atrocités des attaques terroristes à travers nos pays du Sahel, cette question est plus que jamais dans…l’air du temps.
Aujourd’hui, nombreux sont les observateurs qui se retournent vers le passé pour interroger l’histoire, notre histoire à nous ! Et le rétroviseur de l’histoire, fidèlement, nous renverra les reflets de ce qui nous étions vraiment, d’où nous, et de ce que nous sommes.
A nous, Nigériens, le rétroviseur fera défiler le film de la valeureuse armée Haoussa du Damagaram qui, en 1898, s’opposa farouchement à l’avancée de la colonne expéditionnaire, après avoir exterminé la mission Cazemajou ; de ces guerriers Songhaïs, descendants d’Askia Mohamed, qui se sont courageusement soulevés, en 1906, contre des postes français aux bords du fleuve Niger ; de ces cavaliers Djerma conduits par le féroce Issa Korombé qui anéantirent les prétentions des guerriers toucouleurs tentant de se tailler un empire en plein Niger ; de ces chameliers Kel-Gress, ces troupes de Fihroun, de Kaoucen et de Tegama, qui infligèrent de rudes défaites aux colonisateurs, les obligeant à replier dans un Fort; de ces vaillantes populations Toubou du Manga qui ne firent jamais allégeance aux forces d’occupation, etc.
Aux cousins et amis du Mali, le rétroviseur leur rappellera qu’ils sont les authentiques et dignes descendants de toute une génération de grandes figures guerrières de la trempe de Da Monzon Diarra de Ségou, de Soundiata Keita, de Sonni Ali Ber, du téméraire Bakari Dian Koné, de Soumaoro Kanté, grand sorcier roi de Sosso, de Silâmaka Ardo, vaillant guerrier peulh de Macina, etc.
A nos frères du Burkina Faso, descendants de Yennenga, mère mythique du peuple mossi et du puissant roi et magicien Moro Naba Kouda, le rétroviseur projettera quelques épisodes de la révolte des ancêtres du pays Lobi et du Sahel qui mirent à mal l’administration coloniale ; de la révolte qui, en 1915-1916, embrasa tout l’ouest du pays Bobo jusqu’à Koudougou et Bamako, ainsi que du soulèvement de ces habitants de douze villages de la boucle de la Volta qui, en 1915, prirent les armes contre le pouvoir colonial en jurant de ne les déposer qu’après son départ définitif, etc..
Nous n’étions pas là pour voir et grandir de ces hauts faits, mais les historiens et leurs livres nous les ont enseignés. Aussi, en ces moments cruciaux de crise sécuritaire, il nous revient de nous ressourcer dans ce passé glorieux, mais parfois douloureux, à travers lequel nos ancêtres ont fait l’essentiel en nous léguant de belles leçons de courage pour faire face à l’ennemi, qui qu’il soit et d’où qu’il vienne.
Assane Soumana(onep)