Les députés de la région de Tillabéri ont rendu publique, hier dans l’après-midi, une déclaration relativement à la situation sécuritaire dans la zone des trois frontières qui, depuis 2015, est caractérisée par une succession de morts violentes et une entrave à la libre circulation des personnes et de leurs biens. Dans cette déclaration lue par Monsieur Abdou Boubacar, les parlementaires ont recommandé au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer sa présence sur le terrain pour davantage protéger et sécuriser les populations et leurs biens. Ils attendent également au gouvernement instamment la levée de la mesure de l’interdiction de circulation des motocyclettes dans la région.
Selon la déclaration, la région de Tillabéri, partageant une longue frontière avec le Mali et le Burkina Faso, connait particulièrement une recrudescence d’attaques terroristes. Ces agressions armées, le plus souvent effectuées à motos, ont fait des centaines de morts civiles et militaires ainsi que de nombreux blessés et déplacés internes. Cet état de fait a conduit le gouvernement à l’instauration de l’état d’urgence. Malgré toutes ces mesures sécuritaires, les attaques et attentats ciblés se poursuivent mettant quotidiennement en péril la vie des paisibles citoyens.
En outre, de très fortes menaces pèsent sur la population de plusieurs villages considérés comme ‘’zone rouge’’ où les terroristes de tous bords circulent librement de jour comme de nuit sans être inquiétés. « Cette réalité se manifeste dans toute sa gravité, spécialement au niveau de la population civile sans défense. Ces terroristes sans foi ni loi procèdent à des enlèvements de personnes, de prélèvements de la zakat, de vols de bétail, de destructions d’infrastructures scolaires et sanitaires, d’incendies de greniers et de villages, en donnant des ultimatums aux populations le choix entre abandonner leur village et collecter à leur profit de l’argent en guise d’impôts », a dit M. Abdou Boubacar.
Les députés déplorent que ces terroristes s’attaquent depuis un certains temps à des villages entiers en tirant sans distinction sur hommes et bétail, occasionnant ainsi plusieurs pertes en vies humaines. Leur mode opératoire consiste à poser des engins explosifs et à tendre des embuscades aux véhicules civils et militaires. Selon la déclaration, ces terroristes opèrent surtout à motocyclettes, mais utilisent aussi d’autres types de véhicules, des chameaux et tout récemment, ils ont commencé à utiliser des vélos. Ils attaquent en petit ou en grand nombre, menant des opérations coups de poings et disparaissent très rapidement dans la nature. Pour bien réussir leur dessein sordide, ces terroristes recrutent des complices dans les villages, si bien qu’ils sont informés de tout ce qui se passe (les passages des FDS, les indicateurs de FDS, le nombre de bétail et de leurs propriétaires, etc.).
C’est ainsi que, « dans l’intervalle d’un mois, 98 civils et 19 gendarmes ont été tués dans les départements de Banibangou, Torodi et Abala. Le drame le plus récent a eu lieu le lundi 16 Août à Darey-Dey au cours des travaux collectifs dans les champs où 37 civils ont été exécutés dont 4 femmes et 13 mineurs. On dénombre également 4 autres femmes blessées », a déclaré le porte-parole avant de présenter leurs condoléances les plus attristées aux familles endeuillées et souhaiter un prompt rétablissement aux blessés.
Selon les députés au titre de la région de Tillabéri, l’heure est grave : « pour votre information, 92% des 409 écoles fermées au Niger pour cause d’insécurité sont dans la région de Tillabéri. Les populations sont traumatisées et ont le sentiment qu’elles sont abandonnées à leur triste sort. Il est grand temps de jeter un regard rétrospectif pour mieux scruter les actions à venir », a-t-il souligné.
En effet, les députés précisent que toutes les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence ont eu des répercussions économiques difficilement supportables par les populations. D’une manière générale, l’économie tourne au ralenti entrainant de facto le départ en exode des bras valides, le chômage des jeunes et leur enrôlement par les terroristes. Selon les parlementaires, il faut relever également que l’interdiction de la circulation des motos a engendré, entre autres, le non accès aux centres de soins, le coût élevé des produits de premières nécessités et une tension sociale au sein des communautés. Les députés ont regretté qu’à cause de cette situation, l’intervention des partenaires au développement et humanitaires ont connu une baisse significative.
Face à la situation, les députés au titre de la région de Tillabéri ont formulé plusieurs recommandations au gouvernement pour prendre toutes les mesures nécessaires afin de renforcer sa présence sur le terrain pour davantage protéger et sécuriser les populations et leurs biens. Ils recommandent au gouvernement de renforcer les renseignements de tout ordre et de faire agir avec promptitude les FDS et en particulier les interventions aériennes. Ils exhortent également l’Etat de rendre effectives les mesures d’accompagnement aux populations afin d’atténuer les impacts de l’état d’urgence et de poursuivre les efforts pour le retour des populations déplacées dans leurs villages respectifs.
Les députés de la région des Tillabéri ont par ailleurs indiqué qu’ils attendent instamment la levée de mesure de l’interdiction de circulation des motocyclettes tout en encouragent le gouvernement dans ses efforts en vue de l’instauration de la sécurité et de la paix sur l’ensemble du territoire national.
Par Seini Seydou Zakaria(onep)