Les conditions de vie se sont détériorées dans les zones environnantes de la région de Niamey. Une situation aggravée par la campagne agricole médiocre, les effets du changement climatique mais aussi la situation sécuritaire. La situation économique misérable des ménages est l’un des facteurs qui poussent certaines femmes à venir en ville afin d’exercer diverses activités dont le travail domestique.
A Niamey tout comme dans les autres grandes villes du Niger, la domestique remplace la femme citadine au foyer dans les tâches ménagères. Au quotidien, ces domestiques ont pour tâches : la lessive, la vaisselle, la cuisine, la vente de l’eau fraiche ou jus glacé, les courses de marché, le balayage de la cour des maisons etc. Cette activité est surtout pratiquée par des jeunes filles rémunérées, mensuellement généralement, comme des employés.
Mais on y trouve aussi des femmes au foyer, mères de famille dans cette activité. Cette activité est souvent pratiquée par les jeunes filles venues des villages.C’est le cas de Haoua Idrissa, une jeune femme âgée de vingt-deux (22) ans, marié mère de deux (2) enfants, venue du village de Tasi dans la commune rurale de Bonkoukou. Elle est accompagnée par son mari. Le couple est venu à Niamey pour chercher du travail et subvenir à leurs besoins.«La raison pour laquelle nous sommes venus ici à Niamey est qu’au village il n’y a pas de travail. On n’a même pas de quoi manger. La nourriture est insuffisante surtout avec la sècheresse de cette année. Je viens ici chercher du travail dans les différents quartiers de la ville, comme domestique. On choisit un quartier pour résider d’abord et on fait de maison en maison pour chercher de travail. Grace à Dieu j’ai trouvé un travail non loin de là où j’habite avec mon mari, qui, travaille comme manœuvre. Quant à moi, je fais la lessive, la vaisselle, la cuisine et le balayage de la cour. Je suis payée à quinze mille (15.000 ) francs par mois», a-t-elle confié.
La ville leur devient parfois une destination aux mésaventures diverses. «Certaines de nos camarades vivent de véritables calvaires. Il y’en a qui ne sont pas payées à temps, à la fin du mois. D’autres peuvent faire deux mois voire quatre mois sans recevoir leur salaire. Les domestiques sont souvent aussi méprisées, elles subissent des humiliations de la part de leurs patronnes ou des membres de la famille. On nous accuse de vol ailleurs», a-t-elle témoigné. Haoua Idrissa dit passer au minimum six mois en ville, avant de retourner dans son village, à l’approche de la saison pluvieuse.L’espoir de ces jeunes filles et femmes est de gagner de l’argent afin de subvenir à leurs besoins sans tendre la main. «L’argent que nous gagnons, mon mari et moi, nous envoyons une partie aux parents et l’autre nous la gardons pour subvenir à nos petits besoins quotidiens», ajoute Haoua Idrissa, qui se dit fière de travailler pour gagner son pain.
Cependant, les travers de ce métier de domestique ne sont pas perçus du même angle chez les employeurs. «Je vends de la nourriture au marché, pour la préparation j’embauche les domestiques surtout les togolaises.Elles habitent même parfois chez moi, souvent on rencontre de problème avec elles, parce que certaines ne font pas ce qu’on leur demande de faire. Il y’en a même qui volent», affirme Hadjia Halima, une célèbre «Mai Touwo» du marché Katako de Niamey.
Toutefois, pour d’autres, le climat peut être relativement paisible entre femme domestique et son employeur. Mme Zakari Rabiatou engage des femmes domestiques depuis plus de vingt ans aujourd’hui, pour ses tâches ménagères. «J’ai l’habitude de prendre les femmes qui ont des enfants, des jeunes filles et aussi des garçons. Je les paie en fonction de leur travail. Actuellement celle que j’ai est une jeune fille. Cela fait trois ans maintenant qu’elle est avec moi. A chaque fois qu’elle vient en ville, c’est chez moi qu’elle reste, parce que je n’ai pas de problème avec elle. C’est une fille sérieuse, travailleuse et polie. Raison pour laquelle je fais tout pour la payer à temps», explique Mme Zakari Rabiatou.
L’accès à l’éducation des filles constitue l’un des principaux défis de notre pays. Tant qu’il ne sera pas garanti en milieu rural, le phénomène de ‘’bonnes’’ ne fera que s’accentuer, exposant souvent des jeunes filles rurales à des risques et aux dérives de la vie urbaine.
Haoua Atta (ASCN)