Ils sont la plupart originaires des contrées frontalières du sud-est et des pays voisins. Leur business à eux dans ce marché est d’acheter des bœufs qu’ils vont revendre au Nigeria voisin. Et c’est chaque dimanche, jour du grand marché « général » de la ville, où s’anime aussi en grande pompe le marché de bétail, qui est le jour de gloire de ces jeunes commerçants. Quand Ils viennent, ils louent, par association, d’abord des espaces d’environ 400m2 clôturés en forme d’enclos, appelé « Garba » dans le jargon des acteurs. C’est le cas des frères Hamadou. Ils achètent et regroupent dedans, souvent des dizaines voire des centaines de têtes de bétail.
Au crépuscule de ce dimanche 9 janvier 2022, des bœufs, Abdoul Aziz Hamadou et ses 4 frères avec qui il partage le même enclos semblent en avoir eu vachement. Mais, en vrais fins marchands, ils attendent les derniers instants du marché, ce moment où certains cèdent à leur proposition. « Non ! nous n’avons pas eu autant que nous pouvons. Ici, c’est 110 bœufs. Or, nous avons l’habitude de payer jusqu’à 200 têtes », rétorque le jeune Abdoul Aziz. Les revendeurs achètent des bœufs de 160.000FCFA à 450.000FCFA l’unité. « Nous pouvons payer des bœufs de 600.000FCFA mais seulement avec garantie des vétérinaires et quand nous avons des commandes. Dès ici, quand nous estimons avoir gagné beaucoup de bénéfices, nous revendons sur place », a-t-il ajouté.
Au coucher du soleil, les revendeurs repartent chez eux dans leurs véhicules, à Moko où ils attendront 4 jours les bœufs qui une fois arrivés à destination sont mis à la disposition des pasteurs pour les faire paître. L’itinéraire est long, mais sûr, puisque la zone est relativement moins menacée du point de vue sécuritaire. « Nos troupeaux arrivent à Moko le jeudi généralement. Là-bas également lorsqu’il y’a des acheteurs au bon prix, nous cédons. Sinon, les troupeaux continuent sur la localité de Fadama, le samedi. Le reste est acheminé jusqu’à Ibadan (Lagos) au Nigéria ».
« Ce business, c’est un métier dans notre famille, nous l’avons hérité de notre père. Et Dieu merci, si ce ne sont pas les orpailleurs du Djado, nous n’envions personne, même pas les transitaires. Ils ne peuvent rien nous montrer », dixit Abdoul Aziz. Ce marché moderne semble bien leur convenir. « L’autre Tourakou était trop exiguë. Nous étions limités. Ce n’était pas aussi bien organisé comme ici. Là, quel qu’en soit le nombre de bœufs, nous avons où les rassembler en toute tranquillité. Nous payons les frais d’enclos à 100 FCFA par tête de bœuf », explique le jeune marchand des bœufs.
Par Ismaël Chékaré(onep), envoyé spécial