Le Président de République, SEM Issoufou Mahamadou a, lors d’une conférence de presse samedi soir, 29 juin 2019 à Abuja, peu après son élection à la présidence de la CEDEAO, apporté des précisions en ce qui concerne la sécurité dans la sous-région notamment l’appui à la CEDEAO pour combattre Boko Haram et le terrorisme, le lancement de la monnaie unique de la communauté en 2020 et la situation politique en Guinée Bissau. Avant de répondre aux questions de la presse régionale et internationale, le Président Issoufou Mahamadou a rappelé les points saillants des décisions prises par le 55ème Sommet.
La conférence a examiné les questions politiques, sécuritaires et économiques auxquelles est confrontée la sous-région, a-t-il dit. En ce qui concerne les questions politiques, « nous notons avec beaucoup de satisfaction la consolidation des institutions démocratiques dans les pays de l’espace CEDEAO ». Dans certains pays, la conférence a suggéré des solutions et pris des décisions afin que les problèmes identifiés puissent être surmontés dans la perspective de la consolidation de la démocratie, des institutions démocratiques.
« A propos des questions sécuritaires, nous avons noté les menaces auxquelles certains pays de la sous-région sont confrontés notamment dans le bassin du Lac Tchad et le Sahel. La conférence a décidé de convoquer un sommet extraordinaire qui va se pencher sur les questions sécuritaires. Ce qui est une décision très importante », a-t-il dit.
« Dans le domaine économique, nous notons avec beaucoup de satisfaction les bonnes performances des pays membres » notamment dans les domaines des infrastructures, de l’agriculture, de l’éducation et de la santé.
En ce qui concerne la monnaie unique, la Conférence a adopté les propositions qui ont été faites par le Conseil des Ministres. Il s’agit de la mise en œuvre de la feuille de route révisée, notamment ce qui concerne le régime de change, qui sera flexible, la politique monétaire qui va viser la maitrise de l’inflation, et le choix de ‘’ECO’’ comme nom de la future monnaie unique, a précisé SEM Issoufou Mahamadou. La Conférence a décidé que la mise en œuvre de la feuille de route révisée en vue de la mise en place de la monnaie va être accélérée.
Répondant à une question relative aux défis sécuritaires régionaux, SEM Issoufou Mahamadou a souligné qu’il y a des initiatives prises par les pays concernés citant l’exemple du Nigeria, du Cameroun, du Tchad et du Niger qui ont mis en place une Force Mixte Multinationale dans le bassin du Lac Tchad confronté à la menace de Boko Haram. A travers cette force, ces pays ont pu mutualiser leurs capacités opérationnelles et de renseignement pour combattre Boko Haram. « Dans la région du Sahel, le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) a mis également en place une force conjointe qui permet de mutualiser les capacités de ces pays », a-t-il indiqué.
Comme les menaces s’étendent et sont en train de métastaser jusqu’au sud du Sahel, les dirigeants ouest africains ont estimé qu’il est important de réfléchir ensemble sur les contributions à apporter à la CEDEAO, a expliqué le Président de la CEDEAO. «Cela ne sera plus à l’échelle du G5 Sahel ou du bassin du Lac Tchad, mais à l’échelle de la CEDEAO», a précisé le Président Issoufou Mahamadou. Ainsi, les 15 Etats membres vont envisager une stratégie commune pour répondre efficacement aux menaces stratégiques auxquelles ils sont confrontés. Il s’agit de «menaces stratégiques», a insisté le Président de la CEDEAO, parce qu’elles peuvent mettre en cause la survie des Etats. « Cette stratégie va être définie par la Conférence extraordinaire de la CEDEAO sur la sécurité qui va se tenir très prochainement à Ouagadougou, au Burkina Faso », a-t-il précisé.
En ce qui concerne la monnaie unique de la CEDEAO, le Président Issoufou Mahamadou a dit qu’il s’agit-là «d’un instrument très important pour accélérer l’intégration de la sous-région et pour booster les échanges intra CEDEAO qui sont à un niveau très faible, à peine 10 pour cent.». La monnaie unique est une des solutions pour renforcer les échanges intra CEDEAO, a-t-il noté, précisant que la mise en place de cette monnaie exige le respect de six critères de convergence (de rang 1 et de rang 2). Les critères de convergence de premier rang sont le déficit budgétaire, le financement du déficit budgétaire par les banques centrales, l’inflation et les réserves extérieures brutes. Les critères de second rang sont l’endettement et la variation des taux de change.
La conférence a lancé un appel aux Etats pour qu’ils se mobilisent davantage afin de rentrer dans les critères de convergence définis, pour créer les conditions de lancement de la monnaie unique sur des bases saines, a dit le Chef de l’Etat. « Pour l’instant, la feuille de route révisée prévoit le lancement de la monnaie unique en 2020. Des évaluations vont être faites d’ici là et nous avons retenu que les pays qui sont prêts lanceront la monnaie unique, quitte à ce que les autres prennent le train en marche dès qu’ils ont rempli les six critères de convergence », a-t-il expliqué.
« Il y a une volonté politique réaffirmée d’aller assez rapidement vers l’institution de la monnaie unique. Des progrès ont été enregistrés en ce qui concerne le régime de change, la politique monétaire, le nom de la monnaie. Très prochainement il y aura les signes qui vont être proposés. Donc nous avançons, nous progressons et c’est une étape extrêmement importante que les Chefs d’Etat sont déterminés à parcourir », a affirmé le Président de la CEDEAO.
Au sujet de la Guinée Bissau, le 55ème Sommet a, de manière très approfondie, discuté de la situation dans ce pays et pris « des positions très claires », a indiqué SEM Issoufou Mahamadou. En raison de la tenue des élections législatives en Guinée Bissau, le Sommet a décidé de la mise en place rapide d’un gouvernement qui sera désigné par la majorité parlementaire. Ce gouvernement sera mis en place par décret pris par l’actuel Président jusqu’à la prochaine élection présidentielle le 24 novembre 2019, a-t-il souligné. « Nous avons ensuite décidé de la nomination d’un Procureur de la République sur la base des propositions consensuelles et la Commission (de la CEDEAO) veillera à la mise en place de toutes ces décisions, avec des échéances précises », a-t-il poursuivi.
Abdourahmane Alilou AP/PRN