Au deuxième jour du colloque international sur l’Imam Al-Maghili, les panels se sont enchainés au centre international des conférences Abdelatif Rahal. C’est ainsi que notre compatriote, M. Boubacar Seydou Touré, secrétaire général de l’Université islamique de Say, consultant islamologue a eu à présenter aux côtés de ses autres collègues algériens la thématique axée sur « les conditions socio-politiques en Afrique pour asseoir la bonne gouvernance et la stabilité selon la vision de l’imam Al-Maghili ». Ce panel s’est déroulé en présence de plusieurs invités venus de divers pays africains et du reste du monde.
Al-Maghili était ce grand chercheur algérien qui avait traversé l’Afrique occidentale française pour véhiculer des idées religieuses. Pendant ce périple, il avait rencontré des populations autochtones déjà islamisées auprès desquelles il passa une bonne période de temps à Kano au Nigéria et à Gao au Mali. Selon le consultant islamologue M. Boubacar Seydou Touré, l’érudit algérien avait investi à Kano sur le plan social et religieux lors de son expédition dans cet espace-là. ‘’ Al-Maghili était nommé comme le khadi de l’émir de Kano. Dans cette tâche, il était chargé de jugement des différends entre les administrés de l’émir. Pendant les années passées à Kano, ce savant algérien avait construit des écoles coraniques pour davantage contribuer au développement de la culture islamique dans cette zone du Nigéria. Il réussit d’ailleurs à réorganiser l’islam à Kano avant d’entrependre une autre expédition qui le conduisit dans l’empire Songhaï. Il rencontra Askia Mohamed Touré qui l’avait accueilli à bras ouvert. C’est ainsi qu’un véritable dialogue s’installa entre les deux personnalités (Al-Maghili et Askia Mohamed Touré). Dans ce dialogue, l’érudit algérien interpella Askia Mohamed sur un certain nombre d’aspects liés à la pratique de l’islam dans cet espace. Il évoqua entre autres dans ce dialogue la situation des musulmans ; la condition des marabouts et la pratique religieuse islamique par les musulmans pendant la période de Soni Ali Ber. Il avait aussi attiré l’attention d’Askia Mohamed Touré sur la bonne gouvernance dans l’espace Songhaï’’, a expliqué le consultant islamologue de l’Université islamique de Say avant de relever que Al-Maghili cherchait d’abord à influencer les dirigeants en leur donnant de prêcher par la pédagogie de l’exemple. Il sensibilisait les autorités coutumières des sociétés africaines à travers leur organisation sociale déjà établie. Cette figure emblématique religieuse de l’Algérie mettait surtout l’accent dans ses sensibilisations sur la bonne gouvernance des sociétés africaines. Il expliquait comment travailler avec le peuple en évitant les détournements des fonds. Les écrits retiennent que l’émir de Kano en la personne de Mohamed Bin Yacouba à l’époque et Askia Mohamed Touré ont assimilé les enseignements d’Al-Maghili. Ils étaient convaincus que la pédagogie de l’exemple constitue le moyen le plus efficace pour asseoir une gouvernance vertueuse dans leurs espaces respectifs.
Dans l’exposé du chercheur algérien en l’occurrence Boumedine Bousaid, il a développé la pratique religieuse et la relation entre l’imam Al-Maghili et les autres savants dans la zone de Touat ; Adrar en Algérie et dans les autres pays où il avait séjourné.
En définitive, le secrétaire général de l’Université Islamique de Say, M. Boubacar Seydou Touré estime que pour tirer profit des enseignements de l’érudit algérien, il va falloir revisiter ses œuvres dont le centre d’intérêt est indubitablement la bonne gouvernance. ‘’Une fouille minutieuse des historiens et oulémas islamologues s’avère nécessaire pour faire sortir quelque chose qui est compatible avec la philosophie africaine. Nous devons à cet effet songer à une rupture qui va s’écarter du mimétisme. L’Afrique doit tracer sa propre trajectoire reposant sur les valeurs qui sont les siennes’’, a conclu M. Boubacar Seydou Touré.
Par Hassane Daouda(onep), Envoyé Spécial