Il a fallu une seule infrastructure routière pour que le développement du quartier Seno, dans le 5ème arrondissement communal de Niamey, s’accélère. Long de 5 kilomètres, la route butinéequi permet d’accéder au site de relogement des sinistrés des dernières inondations et qui traverse ce quartier, autrefois mythiques avec ses dunes de sables et ses éleveurs de bovins et de petits ruminants, favorise les investissements des particuliers, surtout dans l’immobilier et l’accès à l’eau potable.
La relocation des sinistrés des inondations de 2020 est une aubaine pour l’aménagement du 5ème arrondissement communal de Niamey. Le désenclavement du site des relogés, sur la colline qui abrite la cité des Enseignants-chercheurs, a considérablement boosté les investissements dans l’immobilier au quartier Seno. «C’est même la construction de la route qui a véritablement amorcé le développement du quartier et qui a fait que tous ceux qui avaient abandonné leurs parcelles ces dernières années sont venus construire», s’empresse de dire M. Moussa Mossi. Le quartier accueille de plus en plus de nouveaux résidents et le développement de la cité des Enseignants-chercheurs lui donne l’aspect d’un carrefour très animé.
Ce maitre-maçon rencontré sur le chantier d’une station-service qu’il est en train de bâtir, affiche un grand sourire qui rend compte de sa satisfaction de finalement vivre ce moment de développement. Il explique qu’il fait partie des 2002 familles sinistrées en 2012, que l’Etat a relogées sur le site de Seno. Les yeux tournés vers le goudron nouvellement construit, puis vers les poteaux et câbles électriques installées par la Nigelec, M. Moussa Mossi sourit davantage et pointe son indexe vers 4 forages modernes construits dans le secteur par des particuliers. «Ce qui avait ralenti le développement de Seno, c’était le problème d’accès à l’eau», dit-il. Mais, depuis la construction de la route, les châteaux d’eau se sont multipliés, favorisant par voie de conséquence les constructions de logements et de lieux de commerce.
Même satisfaction chez les riverains de la petite portion de la route non butinée pour des raisons foncières et qui devait compléter la jonction avec le grand boulevard qui donne sur les anciens quartiers et le centre du 5ème arrondissement communal de Niamey. «Même si le goudron s’est arrêté à quelques mètres de notre boutique, nous constatons une progression de notre chiffre d’affaires. C’est une grande voie vitale pour la mobilité des gens, donc pour notre commerce», commente M. Mamane Massalatchi Hassane, un étudiant en première année de Licence Géographie qui tient après les cours, une petite boutique avec un de ses frères.
L’étudiant-entrepreneur plaide pour une prise en charge de la portion non-bitumée de la route, jusqu’à faire la jonction avec la grande voie, tel que prévu dans le plan initial de désenclavement de la cité des Enseignants-chercheurs. Car, M. Mamane Massalatchi Hassane se dit importuné par la poussière que soulève le trafic avant d’atteindre la route bitumée. «Plus cette voie est empruntée, plus la poussière augmente. Si on peut de temps en temps nous arroser la petite portion latéritique, cela peut être une solution provisoire», préconise-t-il, en attendant la mise en œuvre d’une solution durable. Il conseille également de «sécuriser les flancs du goudron pour éviter que la latérite ne le recouvre rapidement».
Accessibilité et développement du réseau électrique
La construction de ce tronçon de route, long de 5 kilomètres seulement, ne fait que des heureux tout au long de son parcours. Avant la relocation des sinistrés des dernières inondations, le quartier était difficilement inaccessible «car la route était très mauvaise, surtout pendant l’hivernage», indique M. Soumana Saley, un taximan qui fait l’axe centre-ville Niamey-Cité Enseignants-chercheurs, en passant par Seno, plusieurs fois par jour. «Il n’y a pas de prix fixes pour la course», renseigne-t-il, mais la course coûte en moyenne 500 FCFA à partir des principaux marchés de Niamey jusqu’à Seno. Les clients transportés à partir du marché du rond-point Harobanda sont eux facturés entre 200F et 300F CFA.
«Maintenant avec cette route, nous venons fréquemment ici car il n’y a plus les nids de poule et autres inconvénients pour les conducteurs de taxi. Il y’a également beaucoup de clients», se réjouit M. Soumana Saley, l’un des premiers à avoir senti la bonne affaire que constitue cet axe routier pour les transporteurs. Il demande aux riverains de bien prendre soin de la route et d’éviter de verser des eaux usées dessus ou de creuser le goudron pour faire passer des câbles électriques. «Non seulement elle a coûté beaucoup d’argent à l’Etat, mais elle est également faite pour améliorer notre quotidien à tous», dit-il.
Pure coïncidence, nous assure le directeur régional de la Nigelec Niamey, M. Abdoul Aziz Ibrahim. La construction de la route, bien qu’elle réjouisse plus d’un habitant du quartier Seno, n’a rien à voir avec la mise en œuvre de la phase II de l’électrification de ce quartier dont la première phase a eu lieu il y’a un peu plus de 2 ans. Ces centaines de poteaux et plusieurs kilomètres de câbles posés font partie, poursuit-il, du programme d’investissement de la Société Nigérienne d’Electricité (NIGELEC) en faveur des quartiers, surtout périphériques de Niamey. C’est cette deuxième phase qui concerne la deuxième partie du quartier, qui fait le bonheur des chefs de ménages et des femmes entrepreneures qui sont surplace.
On assiste à un va-et-vient incessant de véhicules, devenu presque un rituel, qui rentrent dans le quartier remplis de réfrigérateurs, de congélateurs, de téléviseurs et autres équipements électroménagers, et ressortent vides de leurs cargaisons. Il faut dire que, la promotion de la Nigelec pour faciliter les branchements individuels et volontaires encourage la population. M. Abdoul Aziz Ibrahim précise que, jusqu’à l’épuisement total du stock disponible de 300.000 compteurs électriques, les branchements se font à 12.000 F pour les personnes vulnérables et 17.000 F pour les autres catégories.
Mais la quiétude sociale qui prévalait dans le quartier Seno a fini par faire place à la petite délinquance. «Avec le développement d’un quartier, les vols se multiplient d’habitude. Le plus souvent, ce sont des gens qui viennent d’autres quartiers qui commettent ces forfaitures», regrette le maitre-maçon Moussa Mossi. Il explique qu’au tout début des opérations de relocation, il garait sa motocyclette devant sa case sans se soucier d’un éventuel vol. «Mais, depuis l’exode de masse vers le quartier, on a volé 2 fois des motos dans la même concession et on n’y changera rien tant que les jeunes du quartier ne seront pas associés à la sécurisation de leurs habitats et biens», estime-t-il.
Souleymane Yahaya(onep)