Outil indispensable dans les maisons en particulier en zone rurale et les quartiers périphériques des villes où l’électricité traine à venir, les lampes torches ou mobiles sont massivement utilisées par la population, soit pour éclairer les maisons ou pour se déplacer la nuit. Si par le passé, ces accessoires domestiques nous viennent d’ailleurs où ils sont fabriqués industriellement, de nos jours la confection des lampes n’est plus un secret pour certains jeunes nigériens comme Mahamadou Kadadé. Elle est devenue un exercice de routine pour lui, un métier qu’il exerce depuis près de deux décennies. Mahamadou, fait aujourd’hui partie de la jeune génération qui a heureusement bien compris que seul le travail paie et qui se bat pour gagner son pain et vivre dignement.
Des bouteilles de mayonnaise, des tôles aciers, des ampoules, des fils, des bougies, des scotchs, de la colle, du papier et ou des cartons sont les matériaux nécessaires pour que Mahamadou fasse une lampe en l’espace de deux heures. Ce jeune a commencé à faire ses bricoles depuis la classe de quatrième. Après avoir décroché son BEPC, il s’est entièrement lancé dans cette activité pour pouvoir répondre aux besoins de sa famille pour laquelle il est devenu précocement le responsable suite au décès de son père en 2000.
A ses débuts, il bricole des jouets comme des motards et des véhicules en carton, qu’il vendait à petits prix aux enfants du quartier. Un jour, la lampe qui éclaira sa maison la nuit refusa de s’allumer. C’est le déclic. Et n’ayant pas les moyens pour se procurer une autre lampe tempête, Mahamadou Kadadé décida de bricoler pour l’allumer. Et par hasard, celle-ci commence à fonctionner. Très tôt le lendemain, il fait des essais avec des matériaux trouvés ça et là. C’est ainsi que l’aventure commence avec la confection d’une lampe qui a bel et bien marché. Petit à petit, il confectionnait une lampe par jour qu’il revendait moyennant 500 à 1000 F. Les voisins en achetaient. Et au fur et à mesure qu’il remarqua que les gens sont attirés par ces outils, il les améliore par de petits designs. Il commença même à utiliser du vrai matériel souvent commandé. Plus les intrants servant à la confection de la lampe augmentent, plus le prix de la lampe est en hausse.
Sans répit, Mahamadou Kadadé parcourt chaque jour des longues distances pour vendre ces ampoules dans les quartiers périphériques de Niamey. Et Aujourd’hui, grâce à ce commerce qu’il trouve rentable, il peut confectionner six (6) lampes par jour et qu’il revend aussitôt à 3000 F. Il dit bien gagner sa vie.
Avec une énergie sans pareille, il confectionne, porte lui-même ses lampes dans un sac qu’il brandisse de quartier en quartier pour les écouler. «Et d’année en année, mes lampes étaient encore plus jolies, grâce à un stage de perfectionnement dont j’ai bénéficié en Turquie avec la Chambre de Commerce du Niger. Avec le temps, j’étais obligé de monter un petit atelier pour avoir plus de crédibilité. Malheureusement, mon atelier est très exigu et je suis contraint de plier mes jambes pour confectionner les lampes et avoir plus de place pour les lampes déjà conçues. Avoir un espace de travail un peu confortable et qui peut contenir tous mes objets, est aujourd’hui l’une de mes plus grandes difficultés. Sinon, les besoins sont énormes, on a besoin d’aide surtout de la part des bonnes volontés afin d’élargir le projet dans la mesure où la demande est forte. Les jeunes veulent apprendre, mais nous ne pouvons pas les accueillir par manque d’espace pour exercer à bien ce métier», explique-t-il.
Mahamadou Kadadé soutient que pour réussir dans la vie, il faut tout simplement se dire qu’il n’y a pas de sot métier. «Les gens se moquaient de moi quand j’aurais commencé les bricoles. Mais aujourd’hui ils sont devenus mes meilleurs clients ou bien me cherchent d’autres clients. A force de travailler et d’aimer ce que je fais, j’ai essuyé tout ce qu’ils disaient. Accroches-toi juste à ce que tu crois et maintiens la barre quand tu atteins un niveau. Il faut s’améliorer si possible en cherchant à avoir une longueur d’avance, c’est juste ça ma méthode et je m’en sors bien», confie-t-il, avec un air souriant.
Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)