Longtemps considérée comme une activité réservée aux hommes, la pratique du football intéresse de plus en plus les femmes. Si dans le reste du monde les femmes ont embrassé le football en tant qu’actrices, joueuses, entraineuses, arbitres et autres, au Niger on constate encore un retard dans ce domaine. Pendant que dans certains pays, ce sport a aidé beaucoup des femmes, notamment les jeunes filles à s’autonomiser, au Niger les tabous, les mœurs, et les traditions continuent de freiner celles qui ambitionnent d’en faire une carrière. Malgré ces nombreux défis certaines femmes jouent un rôle déterminant dans la promotion et le développement du football féminin au Niger.
Mme Amina Moussa Présidente de la Commission Football Féminin de la Fédération Nigérienne de Football, et Mme Hayatou Lamido Mamane Sali, Vice-présidente de l’Association Régionale de Football de Diffa et Présidente de la Commission Régionale du Football féminin de Diffa font partie des femmes qui œuvrent pour le développement de cette discipline sportive.
Ces femmes constituent des modèles aujourd’hui dans notre pays pour le développement et le rayonnement du Football, en général et du football féminin en particulier. Elles se donnent comme objectif la promotion du football féminin au Niger en tant qu’outil pour l’autonomisation de la femme. L’ambition de ces braves femmes est de mobiliser leurs sœurs, notamment les leaders, pour qu’elles s’intéressent et participent à la promotion du football comme moyen de lutte contre le chômage et la pauvreté mais aussi pour bénéficier des avantages et des vertus de ce sport.
Mme Amina Moussa et Mme Hayatou Lamido Mamane Sali, chacune, en ce qui la concerne, développe également des stratégie et des bonnes pratiques pour faire avancer la pratique du football chez les jeunes filles comme une autre alternative pour lutter contre la dépravation des mœurs notamment dans notre pays et pour le développement de leur leadership.
En ce qui concerne Mme Amina Moussa, c’est une expérience d’environ 40 ans dans le milieu de football. Joueuse dès son jeune âge, ensuite responsable dans des structures de football, cet engagement lui a permis aujourd’hui d’être membre du Comité Exécutif de la FENIFOOT avec comme responsabilité, la présidence de la Commission Football féminin. La mission et le rôle de cette commission est de donner un cachet particulier au football féminin. Pour rappel c’est en 2018 que le Niger s’est officiellement inscrit pour le développement du football féminin avec la tenue de la première édition du Championnat national. Cette édition a ainsi enregistré la participation de six régions du pays sur les huit, à l’exception de Diffa et de Tillabéri (compte tenu de la situation sécuritaire).
Depuis cette date, le football féminin fait son bout de chemin dans notre pays, mais avec beaucoup d’embûches, ce qui ne permet pas de relever beaucoup de défis, notamment au niveau international. En effet, les quelques participations de l’équipe nationale féminine de football à des compétitions zonales et africaines n’ont pas été concluantes. L’ultime défi de la fédération et de cette commission, avec l’appui de la direction technique de la FENIFOOT c’est de mettre en place de véritables équipes au niveau de toutes les catégories. A cet effet, les clubs et les centres de formation de football doivent aussi rejoindre le mouvement en acceptant de créer ces équipes féminines en leur sein. Pour atteindre cet objectif il va falloir exécuter la stratégie nationale du football féminin.
« C’est ce que nous sommes en train de faire en collaboration avec la FIFA et la CAF qui vont nous aider directement à avoir et mettre en place cette stratégie. Nous avons déjà la direction technique nationale qui fait un travail dans ce sens », a souligné Mme Amina Moussa. Depuis sa responsabilisation à la tête de cette commission, Mme Amina Moussa a toujours œuvré dans une dynamique de sensibilisation, de communication et de plaidoyer pour amener l’ensemble de la population à comprendre la nécessité pour les filles de pratiquer le football. Dans sa démarche, elle met en avant les avantages que cela peut avoir pour la jeune fille, pour sa famille et pour la société également. Il s’agit pour elle d’expliquer aux parents et à toute l’opinion que le football aujourd’hui est plus qu’une simple activité sportive. Plutôt c’est une profession, un moyen de lutte contre le chômage et de la délinquance et pour la vulgarisation de certaines valeurs comme la solidarité, le don de soi, le goût de l’effort, etc…
Effectivement, au regard de multiples défis, dont entre autres la lutte contre la dépravation des mœurs, à laquelle nos jeunes filles sont exposées, le football peut être une véritable alternative pour apporter des solutions. « Nous pensons que vu cette dégradation de mœurs que connait notre pays, le football peut être un meilleur atout de lutte contre la pauvreté. Il permet à ces filles d’être professionnelles et de bénéficier de beaucoup d’opportunités qui vont leur permettre d’aider leur famille et de s’aider elles-mêmes », dit-elle.
L’une des choses à revoir dans ce processus c’est la question de l’encadrement des équipes féminines. Il faut faire en sorte qu’il y ait des femmes dans l’encadrement technique. C’est l’ultime équation à résoudre en vue de rassurer les parents des éventuelles candidates. « Au Niger nous avons commencé à développer cette stratégie. C’est quand même une sureté pour les parents de laisser leurs filles venir pratiquer le football et il nous revient d’assoir cette stratégie », a indiqué Mme Amina Moussa. Pour la présidente de la Commission Football Féminin, les structures féminines, comme la CONGAFEN, KASSAYE, Mata Masu Dubara, et bien d’autres doivent s’associer à ce combat, pour offrir aux jeunes filles un cadre pour leur épanouissement socio-économique. Elle a également invité les médias à jouer un grand rôle dans ce sens à travers des émissions, des reportages et d’autres productions médiatiques pour sensibiliser la population.
« Impossible n’est pas nigérien », comme on a coutume de dire. L’espoir est permis pour un meilleur avenir du football féminin au Niger. Elue Vice-présidente de l’Association Régionale de Football de Diffa, Mme Hayatou Lamido Mamane Sali, s’est donnée comme mission le développement du Football dans cette région meurtrie par la crise sécuritaire. Touchée par l’insuffisance des femmes dans le mouvement sportif national nigérien en général et dans le milieu de football en particulier, Mme Hayatou Lamido Mamane Sali prend la décision et le ferme engagement de s’y intéresser. Elle a intégré l’instance régionale de Diffa en 2020 avec la motivation de contribuer à la mobilisation des jeunes de cette localité. Après cet épisode d’insécurité, la vie commence à reprendre avec beaucoup plus d’espoir. Alors il faut mettre en place une dynamique qui va permettre de reprendre les activités sportives et donner plus de chance à la jeunesse. « Le sport et le football en particulier a été mon choix, étant donné que c’est l’activité la plus récréative, le sport le plus rassembleur pour apporter ma modeste contribution. Dieu merci, après plusieurs démarches et plusieurs consultations auprès de certains acteurs et autres proches, j’ai finalement été élue en 2020 à ce poste de vice-présidente de l’association régionale et à ce titre j’ai eu la confiance du Président et des autres membres du bureau pour prendre la tête de la commission régionale du football féminin », a-t-elle témoigné.
Depuis ce temps Mme Hayatou Lamido Mamane Sali s’engage pour la mobilisation des jeunes garçons et surtout les filles pour les intéresser au football. Elle dit avoir constaté que les jeunes s’intéressent au football dans cette localité. Mme Hayatou a ainsi senti le devoir moral et citoyen d’aider ces jeunes. En ce qui concerne le football féminin, elle a souligné qu’aujourd’hui tout le monde s’accorde pour dire que le football n’est plus un simple loisir. C’est un moyen de lutte contre le chômage des jeunes, les jeunes filles notamment et aussi un moyen de réinsertion des jeunes filles déscolarisées. Le football est une alternative pour toutes ces jeunes filles pour qu’elles découvrent d’autres horizons et s’offrent un autre avenir. « Je travaille beaucoup avec ces jeunes principalement les filles. J’ai eu à attirer leur attention sur les opportunités que peuvent leur offrir le football. D’autres personnes me demandent de créer un club pour avoir la confiance de ces jeunes filles et de leurs parents. Actuellement, j’ai beaucoup des filles avec moi qui sont prêtes et très motivées », a-t-elle indiqué. Aussi, elle bénéficie du soutien de beaucoup de personnes dont le bureau de l’Association régionale de Diffa en particulier son président Monsieur Mai Moussa Ari.
Grâce à ses capacités de mobilisation, de communication et de plaidoyer, Mme Hayatou Lamido Mamane Sali a réussi à résoudre l’épineuse équation liée à la réticence des parents de ces jeunes filles. Dans ce sens, elle a invité les principaux acteurs du football nigérien, notamment le Comité Exécutif de la FENIFOOT à s’inscrire dans cette dynamique de sensibilisation des parents. « Il faut renforcer la communication. Il faut développer les bonnes pratiques. Il faut juste savoir toucher et poser la problématique, vendre les avantages et les opportunités que le football peut offrir aux jeunes filles. C’est dans ce sens que l’on peut atteindre le sommet. Certes ça prendra du temps. Mais je suis convaincue que l’on peut réussir. Si ça a réussi ailleurs pourquoi pas ici ? C’est possible, on est capable et on peut aller plus loin. J’ai l’espoir qu’un jour nous serons cités parmi les nations du football féminin », a-t-elle martelé.
Les efforts de ces deux dames doivent être appuyés par les autres femmes leaders à travers des plaidoyers auprès de la société entière, les partenaires et les groupes cibles directs et indirects, afin que les jeunes s’approprient le football comme une opportunité. Grâce à leur engagement et leurs efforts dans ce domaine, Mesdames Amina Moussa et Hayatou Lamido Mamane sont considérées comme ambassadrices du football nigérien, notamment féminin.
Par Ali Maman(onep)