«Le Niger se construira et se construit dans cette ouverture d’esprit et ce souci de comprendre l’autre, de l’inclure, et dans la co-construction du monde d’aujourd’hui et de demain», déclare SE. Mohamed Bazoum
«Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Monsieur le Premier Ministre ;
Monsieur le Haut Représentant du Président de la République,
Messieurs les présidents des conseils économiques et sociaux des pays amis,
Madame et messieurs les Présidents des Institutions de la Républiques
Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement
Mesdames et messieurs les Ambassadeurs
Mesdames et messieurs les représentants des Organisations Internationales ;
Mesdames et messieurs les conseillers de République ;
Mesdames et messieurs, chers invités ;
Le CESOC est l’une de nos institutions consacrée par notre loi fondamentale et il joue à ce titre un rôle essentiel dans la vie institutionnelle et démocratique de notre République. Il a pour vocation d’assister le Président de la République et l’Assemblée nationale du Niger dans les domaines que son appellation circonscrit de manière explicite. Le CESOC peut initier et proposer au Gouvernement et à l’Assemblée nationale des réformes, des aménagements, des avis, des conseils, des propositions dans les champs économique, social et culturel.
Etant l’émanation directe des organisations socio-professionnelles de toutes les régions du Niger, le CESOC représente les composantes de la société civile qui l’a élu et lui confère ainsi sa légitimité. Je félicite le Conseil précédent pour la qualité et la quantité du travail effectué pendant les cinq dernières années et qui vous engage, désormais, moralement et politiquement, vous, nouveau Conseil, dans vos tâches et vos travaux techniques et prospectifs.
Les réflexions et les concertations que vous aurez à mener se feront en vue de bâtir ensemble un cadre de pensée, d’actions, de programmes communs, afin de proposer des solutions efficientes et concrètes aux problèmes rencontrés par nos concitoyens dans leur vie de tous les jours.
Le chantier est, comme vous le savez, vaste, énorme, difficile, mais nous avons le devoir de l’affronter dignement et avec un sens des responsabilités à la hauteur de la tâche et des engagements pris devant le peuple. Comme l’écrit le poète, à vaincre sans péril, et sans effort, on triomphe alors sans gloire ; nous avons un devoir de résultat dans nos actions et de changement dans nos logiques de travail, de rénovation dans nos technostructures et de poursuite des engagements et des réalisations déjà effectuées par nos prédécesseurs.
Les textes de loi, nos politiques publiques, nos cadres de souveraineté et de gouvernance, sont les garants du dialogue collectif et permanent au sein de votre structure, avec nos institutions et surtout, avec les composantes de notre diversité nationale. Les travaux que vous aurez à mener dans vos commissions permanentes, dans les secteurs des affaires économiques et financières, des affaires sociales, du développement rural et environnemental, des affaires culturelles et sportives, non négligeables au vu des réels talents de notre pays, sont l’ossature cruciale de notre politique de développement et de croissance inclusive. En ce sens, vous pouvez assouplir votre cadre de travail en créant toute commission ad hoc susceptible d’améliorer la vie et le droit des gens dans le cadre de notre Constitution et de nos actions politiques.
Monsieur le président, mesdames et messieurs
Lors du dernier mandat du CESOC, vous avez été particulièrement innovants dans les secteurs de la vie démocratique participative et des débats publics ; en effet, vos concertations, vos consultations et vos échanges avec les corps constitués, la société civile, et les acteurs sociaux, ont permis de faire advenir une vie dynamique des institutions et une opinion publique éclairée.
Vous avez donné la parole de manière non censorale aux visions, projets, représentations et savoirs de la société, et vous avez su laisser s’exprimer les requêtes, les demandes, les propositions des acteurs sociaux en matière de développement économique et social. Ainsi, la vie des institutions prend forme et qualité dans cette vitalité et ces échanges permanents avec celles et ceux qui donnent sens et vérité à votre travail et à votre Conseil. Car, ne l’oublions pas, la vocation du CESOC est de viser à l’amélioration de la vie économique, sociale, culturelle, de notre peuple.
Nous avons conscience que notre démocratie en devenir a encore du chemin à faire ; il y a cependant des étapes rédhibitoires et des moments de la vie des institutions à ne pas escamoter. La culture du débat public, la confrontation avec l’autre, la diversité des opinions et des représentations de la chose publique, dans le respect de la personne et dans la rigueur critique d’une rationalité positive et rigoureuse, ne doivent pas être oubliées : le dogmatisme et l’étroitesse d’esprit, le refus de la raison dans le jeu des passions et des dialogues, mettent toujours en péril les libertés privées et publiques. Le fanatisme a son terreau dans le refus de l’argumentaire étayé et de la raison critique. Vous êtes les garants de cet esprit public de dialogue raisonné et de confrontation logique et critique avec toutes les composantes de notre société et de notre histoire.
Le Niger se construira et se construit dans cette ouverture d’esprit et ce souci de comprendre l’autre, de l’inclure, et dans la co-construction du monde d’aujourd’hui et de demain avec toutes les composantes de notre riche et remarquable diversité. Il nous faut consolider et transmettre la démocratie participative et le dialogue critique rationnel dans les mœurs de notre opinion publique et dans la logique d’action des acteurs de nos institutions. Ainsi, la vertu pédagogique des technostructures ne sera pas chose vaine et nous ne laisserons pas de côté celles et ceux de qui nous tenons notre mandat et notre légitimité.
Gardons à l’esprit, toujours et de façon responsable, la situation de notre pays ; notre économie est fragile, notre société est assaillie de maux nouveaux, et la culture du numérique envahit le monde immédiat de nos actions de tous les jours, jusqu’à agir sur notre environnement cognitif et transformer notre façon de penser le monde. Il est donc urgent que vous construisiez au cours de ce troisième mandat des stratégies nationales, prospectives et programmatiques, afin de renforcer des politiques publiques déjà en prise avec ces mutations sociales, économiques et culturelles invasives. C’est un défi pour nous et c’est aussi une chance à saisir dans le nouvel ordre mondial qui vient nous solliciter pour le meilleur et pour nous éprouver dans nos convictions éthiques et politiques.
Monsieur le président, mesdames et messieurs
C’est pourquoi l’éducation est au cœur de nos préoccupations et elle doit être pour vous un objet d’attention continue : elle est un droit absolu reconnu par toutes les instances internationales de tous les continents. Sans éducation, pas de développement, pas de liberté, pas d’avenir ; l’Etat a donc le devoir de l’améliorer et de soutenir la croissance cognitive, l’inclusion scolaire, l’éducation des jeunes filles, en améliorant les formations et les formateurs, afin de soutenir l’éducation totale, dans tous les secteurs, pour que le pays ait les cadres et les techniciens requis pour soutenir sa croissance et faire un saut qualitatif irréversible.
Le gouvernement mène un travail de fond pour améliorer les conditions de travail des enseignants et le niveau des élèves, des étudiants, des encadreurs, des formateurs, des enseignants. Je fais de l’éducation une priorité majeure, parce que je sais que sans le capital humain, une société ne peut pas se développer, s’enrichir, progresser et améliorer son bien-être. Le Niger a donc plus que besoin de développer son système éducatif et d’instruire et d’éduquer les maillons faibles de notre système social et sociétal : c’est pourquoi il nous faut protéger et éduquer les jeunes filles et les femmes nigériennes pour agir au mieux sur les coefficients de développement spécifiques macroéconomiques et socio-culturels de notre pays.
Un autre grand secteur doit attirer votre attention et être au cœur de vos travaux en commissions : le secteur agricole. Il est très impacté par notre environnement climatique qui nous rend vulnérables aux changements climatiques. Les déterminismes climatiques, édaphiques, abiotiques, ajoutés à notre natalité et notre démographie exponentielles, fragilisent les populations soumises à des facteurs de stress hydrique aux valences opposées mais non contrôlables. Les différents déplacements de populations, les mendicités, internes et externes au pays, devenant une économie informelle, les enrôlements aventuriers dans le terrorisme, comme les exodes divers, sont souvent liés à ces violences climatiques. Les questions liées au climat sont holistiques. Le CESOC doit s’en emparer de droit et es qualité.
Le cycle sécheresse-inondation, le réchauffement climatique, l’absence de tissus agro-industriels territoriaux, rendent nos performances agricoles aléatoires et fortement soumises aux mouvements du climat, du réchauffement climatique et des politiques carbonées des pays industrialisés. Un dispositif de veille doit être étudié pour pallier ces risques climatiques et, surtout, il est urgent de mettre en place dans le pays une agro-industrie permettant de développer l’élevage, la production agro-alimentaire, pour amorcer un réel essor économique et social, croissant et permanent.
Il faut à tout prix développer et articuler les secteurs primaire et secondaire de note économie si l’on veut ne plus être dépendant du déterminisme aléatoire du climat et de la politique d’importation des denrées alimentaires, comme des engrais et autres fertilisants. Nos paysans et nos éleveurs doivent pouvoir avoir accès au crédit, à la finance participative, aux engrais, aux semences, et à la mécanisation moderne de leurs outils de production et de distribution. L’Etat a sa partition à jouer dans cette politique financière, de développement, de soutien et de croissance du monde rural pour une transition vers une agro-industrie bénéfique pour tous.
La maîtrise du réseau hydrique d’irrigation, des forages, des assainissements des fleuves et des rivières, des lacs et des retenues d’eau, doit permettre au Niger de ne plus être dépendant des saisons des pluies et des aléas climatiques. Il faut soutenir notre programme de création des pôles agro-industriels régionaux permettant la transformation et la conservation de nos produits agro-pastoraux. Cela s’accompagnera d’un gain d’emploi pouvant résorber le chômage rémanent et développera, du même coup, les compétences des jeunes sans emplois.
L’essor de notre économie passera par cette révolution agro-industrielle ; cette industrialisation de nos méthodes relève aussi bien d’un souci politique de résorption du chômage de masse que d’un impératif pragmatique de croissance économique en faisant en sorte que nous changions l’échelle de nos productions agro-pastorales.
Le rôle du CESOC est de participer également au soutien du secteur privé car les PME sont à ce jour limitées par leur possibilité de financement. Nous devons les soutenir et promouvoir de façon heuristique leur développement pour mailler tout le territoire de lieux de productions modernes et efficients afin de contrevenir au chômage endémique, de mieux distribuer les richesses nationales, et de créer de l’innovation technologique et professionnelle pour enrichir notre tissu de production et de distribution des produits issus de leur ingénierie.
Le recul de la pauvreté et du chômage fait donc partie de vos missions à part entière. Le CESOC doit travailler de concert avec les Ministères en charge de l’économie, des finances, du commerce, de l’industrie, de l’entrepreneuriat, de la formation professionnelle et technique, pour faciliter les financements du secteur privé, les accès aux banques de développement des PME et proposer des modèles réalistes de réussites économiques et sociales, en s’appuyant sur les ressources humaines et infrastructurelles nationales.
Cela ne pourra se faire tant que la couverture énergétique du Niger en milieu rural restera insignifiante ; l’accès universel à l’électricité est un impératif social, technique et économique. Sans électricité, la qualité de vie et de travail est amoindrie ; il nous faut couvrir en énergie et au plus vite la très grande partie du territoire. Il en va de l’efficacité de notre industrie et du développement de nos campagnes. Le gouvernement est engagé pour assurer l’électrification de 80% du pays dans une décennie afin de moderniser notre économie et accroitre le confort de vie des populations rurales.
Cela est possible si nous avons des collectivités locales dynamiques, engagées, participatives et focalisées sur l’utilisation intelligente des ressources locales et sollicitant de façon proactive les logiques de mobilisation de fonds propres. Le rôle du CESOC est aussi de fournir des schémas et des logiques de réalisation de tels projets locaux au niveau des collectivités, instances administratives les plus en prises directes avec le quotidien de la vie des populations.
Monsieur le président, mesdames et messieurs
Des missions de terrain, des enquêtes, des études de proximité, sont donc requises pour connaître au mieux les besoins de nos populations, nos réalités économiques, sociales, culturelles, sportives et afin de mieux agir sur les points d’obstruction ou de facilitation des dynamiques de développement que nous voulons pour la croissance du Niger. Un relevé systématique et régulier de ces données permettrait à votre institution de mieux orienter le travail de l’exécutif et d’être une garde et une avant-garde de notre politique de croissance et de développement.
Les bailleurs de fonds et les partenaires techniques et financiers nous font confiance ; la table ronde de Paris des 5 et 6 décembre 2022 a soutenu notre Plan de Développement Economique et Social 2022-2026 en doublant pratiquement les fonds escomptés pour sa réalisation. Je le répète et j’insiste : ce n’est ni un hasard, ni une chance pour nous. C’est une opportunité ; le fruit de votre travail et de vos engagements est, entre autres, à l’origine de cette confiance et de cette mise de fonds des bailleurs sur le potentiel de croissance et de développement de notre pays. Nous avons donc le devoir de réussir et de concrétiser le bonheur que nos concitoyens sont en droit d’attendre au vu de nos efforts et de leur soutien à notre programme politique de gouvernance. Il vous appartient désormais d’être de tout cœur concentrés sur vos missions et sur vos tâches, dans l’esprit et le sens pratique que je viens de vous exposer. Je ne doute guère de vos engagements et de votre détermination à soutenir le Président de la République et l’Assemblée nationale dans vos travaux, en plénière et en commissions.
Sur ces recommandations et encouragements, je déclare ouverte la session inaugurale de la troisième mandature du CESOC 2022-2027.
Je vous remercie».