Après plusieurs jours de «Ziyara» à Médine, ponctués de prières, et de méditations à la Mosquée du Prophète Muhammad PSL, les pèlerins du Niger ont rallié la cité sainte de la Mecque. A la Masjid Al Haram, ils ont répété leurs prières et leurs invocations pour leurs familles, pour leurs parents, et pour le retour de la paix dans les parties meurtries de notre pays. Hier matin, ils se sont rendus sur le site sacré de Minâ pour le début du Hadj proprement dit. C’est à partir de cette bourgade située à quelques encablures de la Mecque, que commence véritablement le rite du Hadj après l’engagement et le port du «Ihram» (linge blanc servant de tenue pour le pèlerin) depuis le lieu d’hébergement de la Mecque. Ce matin, ils vont se rendre sur le site sacré d’Arafat pour un rite qui les mènera par la suite à Muzdalifa avant de retourner à Minâ.
Aujourd’hui, neuvième jour du mois, les pèlerins se rendent à Arafât après une nuit passé sur le site de Minâ. Arafat est étymologiquement interprété comme le «lieu de la connaissance». C’est à un rite immobile que l’homme est ici convié. Comme l’enseigne la tradition islamique, c’est à Arafât, qu’Adam et Ève, chassés du paradis, se rejoignirent et se reconnurent. Ces retrouvailles préfigurent la résorption du masculin et du féminin dans leur principe commun. Mais l’union ne sera consommée qu’à l’étape suivante du pèlerinage, Muzdalifa. Un des grands exégètes de l’Islam, en l’occurrence lbn Arabî, conformément au sens de la racine ZLF, l’appelle «station de la proximité» ou ‘’maqâm al-qurba’’. C’est dans cette plaine d’Arafât que domine le Jabal al-rahma ou mont de la Miséricorde, que le Prophète Muhammad PSL s’adressa à ses compagnons lors du Pèlerinage d’Adieu. La nuit se passe à Muzdalifa. Et avant le lever du jour, comme l’enseigne la tradition prophétique, chacun recueille les 49 cailloux qui, à Minâ, serviront aux lapidations rituelles des trois «stèles sataniques», symboles des trois tentatives d’Iblîs le Maudit pour empêcher l’accomplissement du sacrifice prescrit par Dieu à Abraham.
A l’aube du 10 zhul-hidja, c’est-à-dire demain, qui est le Jour du Sacrifice, la foule s’ébranlera en direction de Minâ. Elle procédera à la lapidation de la première des stèles, la Jamrat al-’aqaba, sur laquelle chacun lance sept des pierres apportées de Muzdalifa. Alors commencera l’immolation des victimes. Brebis, chèvres, chameaux seront abattus par milliers. «Mais c’est sa propre nature animale qu’immole le pèlerin véridique, en vertu d’une substitution analogue à celle qui permit à Abraham, en égorgeant le bélier, de se conformer à l’ordre divin d’égorger son fils», disent les savants musulmans. Hakim Tirmi-dhi, ajoute même que le commun des hommes ne sacrifie à Minâ que des brebis. Mais les meilleurs y mettent à mort leurs passions. Quant aux parfaits, ils immolent «leur force et leur puissance», faisant à Dieu l’abandon total de ce qui pouvait subsister de leur moi illusoire. Pour eux, ainsi qu’il est écrit dans le Saint Coran, «toute chose périt, sauf Sa Face». Lorsque, quittant Minâ, ils se rendront à la Ka’aba pour le dernier «tawâf» (tour de la Ka’aba), leur pèlerinage s’achèvera.
Oumarou Moussa (ONEP), Envoyé Spécial