Malgré les efforts de l’Etat et de ses partenaires intervenant dans le sous-secteur de l’élevage, d’importants défis se posent avec acuité. Ainsi, dans la région d’Agadez le secteur pastoral fait face aux défis liés au changement climatique, la rareté des espaces de pâturage, le retard des pluies etc. Face à tous ces problèmes, M. Oumarou Yéli de la coordination régionale d’Agadez du Collectif des Associations Pastorales du Niger, estime qu’il va falloir promouvoir l’élevage moderne au Niger. C’est cela le souhait le plus ardent du Collectif des Associations Pastorales du Niger. Pour y arriver, il faut nécessairement passer par une campagne de sensibilisation à grande échelle afin de toucher l’ensemble des acteurs du domaine.
En se prononçant sur les défis auxquels les éleveurs font face au Niger et particulièrement dans la région d’Agadez, M. Oumarou Yéli a rappelé que la situation pastorale dans la région d’Agadez est confrontée à plusieurs défis dont les conséquences sont dures pour l’avenir du secteur. Il a souligné que, le changement climatique, la rareté des espaces de pâturage, le retard des pluies etc. sont les principaux défis. « Le premier aspect réside dans le fait que depuis quelques années la saison pluvieuse est de plus en plus médiocre. On n’arrive pas à avoir des pluies abondantes, résultat : les pâturages ont aussi diminué. Le deuxième aspect c’est le changement climatique qui fait que d’abord on enregistre du retard et ensuite l’insuffisance des pluies. Ce qui provoque l’insuffisance et la rareté du pâturage dans la région. Le troisième aspect, c’est l’installation des compagnies minières dans la région sur les espaces pastoraux. Presque tous les espaces pastoraux sont occupés par des compagnies minières. C’est le cas pratiquement dans la zone d’Arlit jusqu’à l’Irhazer dans la commune rurale d’Ingall. Ces compagnies minières ne respectent pas du tout leurs engagements pris d’accompagner les éleveurs conformément aux études d’impact environnemental réalisées avant leurs installations. Rien n’a été fait pour soulager les éleveurs. C’est pour toutes ces raisons que nous faisons face à une insuffisance de pâturage dans la région d’Agadez », a-t-il déclaré.
M. Oumarou Yéli, a saisi l’opportunité pour saluer, au nom des éleveurs, le Président de la République, Chef de l’Etat M. Mohamed Bazoum, qui a été très sensible à la situation des éleveurs dans la région d’Agadez, après qu’il ait rencontré et écouté leurs doléances, lors de la dernière Cure Salée, à laquelle il avait pris part. «Il a pris des engagements et a instruit le gouvernement en vue de doter la région d’aliments bétail. Je pense que c’est cet appui qui tient jusqu’à présent et qui permet aux éleveurs de faire face à l’insuffisance du pâturage pendant ces deux dernières années. C’est pourquoi nous ne cesserons jamais de remercier le Président de la République à qui nous demandons encore de voir la possibilité de faire davantage », a soutenu M. Oumarou Yéli. Il a également salué l’appui de certains partenaires comme le Projet PRAPS qui accompagnent les ressources de l’Etat.
Par rapport à la campagne pastorale 2023, M. Oumarou Yéli a fait observer que, le constat qui se dégage actuellement, c’est que l’hivernage est complètement en retard. « Une situation qui ne sera pas sans conséquences pour les éleveurs et nous souhaitons que des dispositions nécessaires soient prises afin de faire face à une éventuelle crise pastorale », a-t-il alerté.
« Nous sommes en juillet et jusqu’à présent nous n’avons pas enregistré des pluies sur certains espaces de pâturages qui vont permettre la germination de l’herbe ou la verdure du couvert végétal. Nous avons aussi le vent, qui, en cette période de soudure emporte ou entasse le reste de pâturage. Nous avons seulement quelques pousses de pâturage vers Tchitaborak et c’est cette zone qui enregistre la forte concentration du cheptel. A partir de Tadress en descendant vers l’Irhazer, où actuellement on peut trouver quelques poches du pâturage, les herbacées et au niveau de l’Aïr où il y’a un pâturage pour les dromadaires. Ce retard de l’installation pluvieuse nous inquiète plus cette année », s’alarme-t-il.
En perspective, M. Oumarou Yéli se dit très optimiste quant à l’engagement de l’Etat à les soutenir. Mais dans la perspective d’une solution durable, il souhaite plus l’implication de l’Etat pour la modernisation de l’élevage dans notre pays. « Les perspectives de l’élevage au Niger, c’est vraiment de promouvoir un élevage moderne. A ce niveau nous invitons l’Etat à nous accompagner dans la sensibilisation des éleveurs. Il y’a la nécessité de conduire cette campagne de sensibilisation pour expliquer aux éleveurs les enjeux et les atouts de s’orienter vers l’élevage moderne. Il faut que ces éleveurs soient bien informés, bien rassurés sur les techniques et méthodes de l’élevage moderne. Pour réussir cela, il faut un changement de mentalités. Nous avons des communautés d’éleveurs qui ont besoin de cette sensibilisation et nous cherchons l’accompagnement de l’Etat et de ses partenaires », a-t-il souhaité, tout en insistant sur la responsabilité de l’Etat pour s’intéresser à l’élevage qui est aussi un des piliers de la richesse de notre pays. En effet, la plupart des recettes de certaines communes de la région provient pour l’essentiel des marchés bétail. A ce niveau M. Oumarou Yéli a salué les efforts des partenaires mais aussi de la Direction Régionale de l’Elevage pour tous les soutiens aux éleveurs de la Région d’Agadez.
Ali Maman ONEP/Agadez