La musique nigérienne est riche tant dans sa diversité que dans son histoire. Elle regorge de genres variés selon les localités, les communautés. La musique nigérienne célèbre les traditions et les cultures du pays, en incorporant divers instruments traditionnels comme le balafon et le kalangou ou talking drum, les instruments à cordes et autres percussions. Une caractéristique de la musique nigérienne est sa capacité à fusionner des éléments traditionnels avec des genres plus contemporains tels que le hip-hop et le reggae ou encore certains genres musicaux de notre continent, créant ainsi un son unique et moderne. Les paroles des chansons nigériennes abordent souvent des thèmes sociaux et politiques, offrant ainsi une voix aux préoccupations et aux aspirations du peuple. La musique nigérienne est non seulement agréable à écouter, mais elle sert également de véhicule pour transmettre des messages importants et pour célébrer l’identité culturelle du pays. Cependant, force et de constater que cette musique nigérienne fait face à plusieurs enjeux et défis.
L’inventaire musical nigérien révèle un répertoire culturellement riche et diversifié. Un assemblage des rythmes locaux qui a connu pendant longtemps une silencieuse croissance. Aujourd’hui avec l’adoption de cet art, par la jeunesse du pays, pour la conscientisation, le divertissement, ainsi que la revendication de certains droits, on remarque une nette vulgarisation de cet art.
Il est difficile de donner le nombre exact d’artistes au Niger, tant il est vrai que les artistes émergent, disparaissent de la scène au gré des situations. Beaucoup d’artistes n’arrivent plus à se produire sur scène. L’insuffisance de l’encadrement et le manque de financement sont de véritables freins à la création musicale. Cependant, malgré le manque de moyens techniques de la production locale, qui reste très variée mais aussi très appréciée du public, ce secteur inexploité peut offrir d’énormes opportunités au pays mais aussi à sa jeunesse en quête de débouchés. A la question de savoir si la musique nourrit son homme, nos artistes sont unanimes que non. Mahaman Sani Maty Tambari dit Adoumoulmoula, est un artiste musicien, auteur, compositeur et interprète. Il soutient qu’aujourd’hui, les professionnels de la musique sont contraints à faire ce métier de façon intermittente, dans la mesure où ils n’ont pas de revenu régulier et permanent. Pour lui, se contenter de la musique comme métier au Niger est une véritable gageure, un vrai pari risqué. Si ailleurs, les artistes et autres musiciens sont les chouchous du public et surtout des sponsors et soutenus par les autorités publiques, il n’en est pas le cas au Niger. Or, la création des œuvres nécessite beaucoup de moyens surtout avec l’avènement des nouvelles technologies. Malheureusement au Niger, selon l’artiste, les partenaires qui sont censés accompagner l’entreprenariat culturel et les industries culturelles porteuses de bonne valeur ne le font pas. « Par rapport à la création d’une œuvre, il y a les moyens qu’il faut mettre. Chez nous, les sponsors ne nous accompagnent pas du tout. Je peux évoquer le cas également des compagnies de téléphonie mobile. Lorsqu’il s’agit de vulgariser un nouveau produit, leurs responsables préfèrent souvent aller chercher des artistes de l’extérieur que de prendre des artistes locaux. Cela impacte négativement l’industrie musicale et diminue drastiquement les revenus des artistes locaux » déplore-t-il.
Pour Mahaman Sani Maty, l’argument avancé par les compagnies pour inviter des artistes étrangers lors du lancement des nouveaux produits plutôt que nationaux ne tient pas la route, puisqu’au Niger aussi des artistes locaux qui ont l’habitude de remplir ces salles ici comme par exemple le CCOG, le palais de congrès. Et d’ailleurs, les prestations des artistes locaux coûtent beaucoup moins cher que celles des artistes étrangers.
« Quand il faut faire la promotion d’un produit nouveau, quand il faut faire accepter aux populations ses politiques commerciales et autres, il faut savoir que ses populations ont une culture qui doit être prise en compte. Et il est évident que la personne la mieux habilitée à pouvoir communiquer, expliquer l’importance de ces projets-là, c’est forcément quelqu’un qui vient de cette population, qui partage la même culture qu’eux. C’est beaucoup plus facile pour lui de faire passer le message » a expliqué Mahaman Sani Maty Tambari.
Rabiou Dogo Abdoul-Razak (ONEP)