Garantir l’accès à l’eau potable fait partie des objectifs du développement durable. À Niamey, cet objectif est loin d’être atteint particulièrement dans tous les quartiers périphériques, où l’approvisionnement en eau potable se pose avec acuité pour la population. Pourtant, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un droit fondamental reconnu à l’échelle internationale comme inscrit à l’article 11.1 du pacte international du Haut-commissariat des Droits de l’Homme relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Le quartier « Cité député » est un exemple illustratif parmi tant d’autres. Ici, plusieurs ménages ne sont pas reliés à un système d’approvisionnement en eau potable. Du coup, ces ménages passent beaucoup de temps pour se procurer de l’eau. Le plus souvent, ils se rendent au niveau des forages proches ou lointains à la recherche du liquide précieux destiné à la consommation. Or, au niveau de ces forages, la qualité de l’eau n’est pas garantie et l’hygiène reste à désirer. Chaque jour, matin et soir, elles sont nombreuses les personnes, notamment des femmes et des enfants qu’on aperçoit autour des forages. Certaines d’entre elles viennent avec des charrettes contenant des bidons de 25 litres, tandis que d’autres portent des sceaux d’eau. Elles sont toutes venues pour la même cause, c’est-à-dire se fournir en eau pour leurs besoins. Un vrai parcours de combattant que ces personnes mènent au quotidien pour se procurer de cette source de vie.
Mme Habsatou Amadou est une femme de 33 ans rencontrée en train de pousser une charrette contenant des bidons d’eau de 25 L à destination de sa maison. « Chaque matin, je prends au moins deux à trois bidons d’eau au niveau du forage », a-t-elle confié. Ainsi, pour avoir de l’eau, Mme Habsatou Amadou précise qu’elle passe des heures dans une longue file d’attente. « Je passe plus d’une heure pour avoir de l’eau. C’est pourquoi, le plus souvent, je me lève très tôt le matin pour être parmi les premières au forage », a-t-elle expliqué.
À notre arrivée au niveau d’un forage d’eau, le constat est visible. Sur place, on trouve une longue file d’attente, des bidons et des sceaux. Des femmes discutent entre elles pour ‘’tuer le temps’’. Chacune attend son tour. Mme Nafissa Aziz fait partie de ces femmes qui attendent d’être servies. Vêtue d’un hijab, madame Nafissa raconte son calvaire quotidien. « Chaque jour, je me réveille très tôt et je viens au niveau de ce forage pour chercher de l’eau dont j’aurai besoin pour toute la journée», a-t-elle déclaré. C’est une tâche qui, selon elle, exige aussi énormément de patience parce qu’il faut attendre des heures au niveau de ce forage. « Souvent, avant d’avoir de l’eau, on se bagarre même entre nous, surtout lorsqu’une personne décide de ne pas respecter l’ordre d’arrivée », confie Mme Nafissa Aziza.
Selon Mahamadou Saley, un père de famille habitant le quartier depuis près de 10 ans, la difficulté d’accès à l’eau potable constatée dans ce quartier est due à un manque d’extension du réseau d’eau sur les petites voies. « C’est uniquement dans les grandes voies de ce quartier qu’il y a des extensions du réseau d’eau. Donc pour faire un branchement, il faut d’abord s’assurer que l’extension du réseau de distribution d’eau a passé d’abord à la devanture de ta maison. Au cas contraire, la personne serait obligée de faire cette extension. Ce qui constitue un problème majeur pour nous car l’extension du réseau d’eau est vraiment chère », a-t-il déploré.
En attendant, Mahamadou Saley précise qu’il achète toujours de l’eau pour les besoins de sa famille auprès des revendeurs d’eau, communément appelée « Garoua » en langue locale. « Même si le plus souvent l’hygiène de cette eau reste à désirer, on fait avec. Par jour, j’achète six (6) bidons de 25 L à un prix de 1200 FCFA », dit-il. M. Mahamadou Saley a enfin lancé un appel à l’endroit de l’Etat pour les aider à avoir un accès définitif à l’eau potable. Comme le dit un adage, « l’eau, c’est la vie ». Le manque d’eau potable crée une source d’inégalités entre les citoyens. C’est pourquoi, le droit international oblige les Etats à œuvrer en faveur de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement pour tous, sans aucune discrimination, tout en accordant la priorité aux personnes qui en ont le plus besoin.
Yacine Hassane (ONEP)