Dans le cadre de la reconquête de la vraie indépendance, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie CNSP avec à sa tête, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani s’est lancé dans un processus de refondation de la République avec le soutien indéfectible du peuple Nigérien. Cependant, pour la réussite de ce chantier, le CNSP doit se baser sur certaines priorités fondamentales que nous expose ici l’enseignant chercheur à la retraite Karimou Mahamane Kalla. C’est une nouvelle ère, une nouvelle approche pour un Niger libre, fort et prospère.
«Transparence, sincérité, et communication déliée, parce qu’elle permet à toute la population d’être au même niveau d’information sur les questions engageant l’avenir de la Nation, sont non seulement de puissants moyens d’annihilation des rumeurs, des supputations et des conjectures de toute nature, mais également des éléments essentiels que ce régime doit utiliser pour rapprocher les dirigeants du pays et le peuple », a fait savoir M. Karimou Mahamane Kalla, enseignement chercheur à la retraite.
L’autre aspect, renchérit-il, c’est la conformité de la gestion du CNSP avec les aspirations du peuple. Une chose est sûre, tout régime d’exception a non seulement besoin du soutien de l’ensemble de la population, mais il a aussi besoin de convaincre les citoyens de l’intérêt qu’il porte à la satisfaction des besoins fondamentaux de ces derniers. Et donc, pour que l’attelage CNSP-POPULATION puisse fonctionner harmonieusement, il est indispensable que le CNSP soit particulièrement attentif aux demandes du peuple et à ses exigences. C’est dans ce sens qu’il doit se garder de nommer les décideurs en fonction de convenances personnelles, de liens familiaux ou de toute autre forme de référence catégorielle.
Selon M. Karimou Mahamane Kalla, le Niger étant confronté à des protagonistes autrement plus puissants, il lui faut un gouvernement de combat. C’est à dire des hommes et des femmes qui sont prêts à accepter le sacrifice suprême pour que vive le Niger libre, souverain et indépendant. Dans ces conditions, ceux qui nous représentent doivent être des décideurs perspicaces, proactifs, parfaitement au fait des grands défis contemporains et qui ne rechignent pas à aller au charbon. Symboles d’un Niger nouveau, ils doivent être des travailleurs acharnés, des débatteurs pugnaces et des avocats inaltérables de la cause nationale.
‘’Toutes les valeurs dont un peuple a besoin pour bâtir une nation forte et respectée existent dans nos coutumes et traditions’’
Aussi, M. Karimou Mahamane Kalla, explique que c’est un fait qu’aujourd’hui ce dont le Niger a le plus besoin ce sont des patriotes entièrement voués à la cause nationale et convaincus de la justesse de la lutte menée par le peuple Nigérien. « Ce dont le peuple nigérien a le plus besoin dans ces moments d’incertitude et de dangers multiformes ce sont des hommes et des femmes qui ne se préoccupent pas de soigner leur propre image ou de profiter de la situation pour assurer leur ascension sociale. Ce que réclame le peuple nigérien ce sont des hommes et des femmes non entachés par les valeurs négatives qui ont fait le lit de la désunion, du désespoir et du renoncement. Ce que veut ce peuple qui a tant souffert, ce sont des dirigeants qui pensent nigériens, qui agissent nigériens et qui s’attachent à donner un avenir plus radieux à cette population qui n’a connu que misère, dénuement et sacrifice », a-t-il estimé.
Le peuple nigérien attend du CNSP, la mise en place des fondations d’une nation, unie, solidaire et prospère au sein de laquelle le vivre ensemble sera magnifié, le drapeau nigérien sera levé avec fierté et l’hymne national entonné avec orgueil. « En revanche ce dont le peuple nigérien ne veut plus c’est la République des copains et des coquins, c’est la gestion patrimoniale des ressources nationales, c’est le clientélisme, la corruption, la concussion, le favoritisme, les passes droits, en un mot le traitement différentiel des citoyens et l’inégalité devant les lois », précise le chercheur. Le peuple nigérien rejette avec force et condamne énergiquement ces tares, toutes ces valeurs négatives qui gangrènent des rouages des institutions, corrompent les mécanismes de gestions des ressources humaines et alimentent rancœurs, haines, mésententes et dépits.
Par conséquent, pour bâtir un Niger nouveau, une nation forte et respectée l’enseignant chercheur, pense que toutes les valeurs dont un peuple a besoin existent dans nos coutumes et traditions. « Les deux premiers régimes d’après l’indépendance s’en sont abondamment servis pour jeter les bases sur lesquelles repose la nation nigérienne. Ce qui importe aujourd’hui, c’est de les revitaliser, de les remettre à l’honneur et de nous approprier les éléments les plus à même de renforcer la cohésion, de cimenter l’unité nationale et de résorber les crises avant leur éclatement », a souligné Karimou Mahamane Kalla.
Par essence, le rôle de la société civile étant de former, d’éduquer, d’informer et de tirer sur la sonnette d’alarme lorsque des abus ou des graves erreurs sont commis par l’autorité, en l’absence des structures politiques, il serait bon que le CNSP se serve de ces structures pour entretenir l’élan du peuple, renforcer l’éveil national, et faire en sorte que la population se sente entièrement concernée par la gestion de la Cité. Cette collaboration CNSP-Organisations de masse doit se faire sur une base saine.
‘’Qu’avons-nous à perdre en sondant d’autres horizons ?’’
Sur le plan international la sincérité doit caractériser notre démarche vis-à-vis des partenaires avec lesquels nous cheminons, notamment les pays membres de l’AES. « En effet, le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont logés à la même enseigne ; nous menons le même combat, nous avons à faire aux mêmes oppositions. En conséquence, il serait avantageux que nous échangions nos informations, que nous confrontions nos points de vue et que nous conjuguions nos moyens, nos intelligences et nos savoirs faire, si nous voulons lever les contraintes et franchir les embuches qui sont et seront dressées sur nos chemins », estime M. Karimou Mahamane Kalla.
Il a ajouté que par rapport à ces organisations sous régionales, qui en plus d’être des boulets, mêmes dans l’accomplissement de leurs missions, et qui sont essentiellement devenues des instruments entre les mains de certaines puissances occidentales qui les manipulent à leurs aises et les détournent de leurs véritables objectifs, il est donc impérieux de réfléchir à un autre moyen de se regrouper, de s’organiser en évitant tout ce qui peut conduire à des situations comme celles que vivent nos pays. Le principe fondamental est qu’aucun peuple ne peut admettre qu’une entité extraterritoriale lui impose un dirigeant. La légitimité du pouvoir étant dévolue au peuple, on comprend difficilement qu’une organisation, fut-elle régionale, s’arroge le droit de décider à la place du souverain primaire. « Dans ces conditions, ma position de simple citoyen est très claire, nous n’avons pas plus besoin de la CEDEAO et de l’UEMOA qui, en plus d’avoir atteint leur degré d’incompétence, sont perçues par nos populations comme un syndicat de chefs d’Etats qui s’en servent, avec pour seul objectif d’assurer la pérennité de leurs fauteuils présidentiels, pour imposer les sanctions les plus inhumaines à des populations au bord de la détresse », a notifié Karimou Mahamane Kalla.
C’est pourquoi, la rupture avec la France est consommée. « La rupture est consommée parce que la France, que le Niger a toujours considéré comme un partenaire viable, a, dans son acharnement à nier à notre peuple la légitimité du pouvoir, encouragé et engagé des actions tendant à intervenir militairement au Niger, au mépris de la vie des populations démunies. Le Niger n’oubliera jamais ce qui n’est autre qu’une tentative de génocide. Mon avis en tant que simple citoyen est tant que toutes ces puissances n’accepteront pas de nous considérer comme des êtres humains à part entière, tant qu’elles ne reconnaîtront pas notre souveraineté, tant qu’elles nous nieront le droit de prendre nos propres décisions, tant qu’elles continueront à vouloir nous imposer leur point de vue, tant qu’elle s’en tiendront à leur politique d’exploitation, de pillage et de spoliation, tant qu’elles ne cesserons d’envenimer nos querelles et nos dissensions internes, tant qu’elles ne renoncerons à leur politique de diviser pour régner, nous nous méfierons de toute collaboration particulière avec elles. S’il y a coopération, elle va se faire dans le cadre général. Du reste, que peut encore nous apporter une coopération qui depuis 63 ans ne nous a pas permis de quitter notre place d’éternel dernier ? Qu’avons-nous à perdre en sondant d’autres horizons ? De toutes les façons même si nous échouons dans notre nouvelle approche, nous ne tomberons pas plus bas que dernier, alors tant qu’à faire osons regarder ailleurs », a conclu M. Karimou Mahamane Kalla.
Salima Hamadou Mounkaila (ONEP)