Au Niger, les acteurs de la filière riz sont essentiellement dans le monde rural et regroupés à travers la faîtière de producteurs et de transformatrices de riz pour mieux coordonner les activités et faciliter les échanges. La Fédération des Unions des Coopératives des Producteurs de Riz (FUCOPRI), a vu le jour en février 2001. Elle regroupe dix-sept (17) unions, dont neuf (9) unions de coopératives de producteurs de riz, deux (2) unions de coopératives hors aménagement et six (6) unions de femmes transformatrices, avec près de 31.563 membres à la base.
Selon, le Secrétaire général de la FUCOPRI, M. Mahamadou Hassane, président du cadre régional des organisations des producteurs de riz de l’Afrique de l’Ouest, le riz était, par le passé, une culture de subsistance, mais souligne-t-il, elle est de nos jours une chaîne de valeurs avec plein d’atouts et d’avantages. Au-delà de la sécurité alimentaire qu’elle garantit, la production du riz permet la création d’emplois, de revenus, mais non sans problème. Les grands périmètres dans lesquels est cultivé le riz ont été créés par l’État avec l’appui de ses partenaires.
Pour M. Mahamadou Hassane, seul un accroissement des superficies exploitées peut permettre de booster la production du riz, nourrir la population et éventuellement exporter. Malheureusement, certains périmètres ont plus de 50 ans. « Depuis plus de 10 ans, il n’y a eu aucun nouveau périmètre en dehors des périmètres de Tchandajé, Famalé et Gabou. Nous avons la terre, l’eau et le soleil, qui sont un facteur déterminant dans la production. Nous avons la main d’œuvre. Tout le problème est que nos pouvoirs publics n’investissent pas assez dans la création des aménagements pour produire suffisamment de riz », martèle-t-il.
La riziculture, un business lucratif, mais sous-exploité au Niger
La filière n’est stratégique que si les autorités s’accordent pour faire des aménagements hydro-agricoles. Les problèmes qui gangrènent le secteur du riz sont relatifs à l’insuffisance des semences et des engrais. Ainsi, avec la dégénérescence variétale du riz, il faut prendre de nouvelles semences toutes les 4 ou 5 campagnes, ce qui manque parfois. « Un sac d’engrais coûte 25.000 FCA, 30.000 CFA, voire 35.000 CFA, ce qui n’est pas à la portée de n’importe quel paysan. Tous ces facteurs entravent la production du riz », souligne-t-il.
« Depuis la libéralisation du secteur des engrais, la surface financière de certains fournisseurs ne leur permet pas de se procurer des engrais de bonne qualité, c’est surtout ça le principal problème », insiste M. Mahamadou Hassane. Aussi, ajoute-t-il, les partenaires ne font que des subventions ciblées qui ne touchent pas l’ensemble des producteurs. Mais fait remarquer le secrétaire général de la FUCOPRI, du fait des sanctions imposées par la CEDEAO contre le Niger, la production locale est très consommée et la riziculture fait bien vivre les paysans. Sur un hectare, le producteur peut récolter, en respectant le calendrier, cent sacs de riz paddy. « Si vous multipliez cent par vingt mille francs, c’est environ deux millions. J’encourage l’État à créer des aménagements, à inciter le privé à investir dans la riziculture pour créer non seulement des emplois, mais aussi des revenus et à assurer la sécurité alimentaire », propose-t-il.
Par ailleurs, le secrétaire général de la FUCOPRI appelle l’État du Niger à subventionner les engrais pour les producteurs, à l’image des pays voisins. « L’État n’a qu’à créer des aménagements parce que nous avons toutes les potentialités pour produire suffisamment de riz, pour qu’on ne soit plus tributaire des importations», conclut-t-il.
Hamissou Yahaya (ONEP)