Impact Com Média, une agence de communication qui se démarque de par sa performance et surtout sa vision axée sur la culture entrepreneuriale, l’économie et le leadership, fête ses dix ans cette année. Le promoteur, en la personne de Seydou Souley Mahamadou est gestionnaire de formation. Il est passé par les rédactions du magazine mensuel économique Essor et un quotidien au Maroc où il a obtenu sa maîtrise en Management, à l’Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises(ISCAE). En 2014, Seydou renonce à son salaire de responsable de promotion de la bonne gouvernance au bureau d’une ONG internationale à Niamey, au terme d’une expérience professionnelle de 8 années, du journalisme à la communication des organisations. Les 10 ans de l’entreprise qui décrocha, en 2017, le marché d’organisation de la compétition nationale des plans d’affaires sont jalonnés de succès qui se soldent à un chiffre de près de 1,6 milliards. Cependant, Impact Com Média qui devait cette réussite à la Banque mondiale, un parmi ses partenaires crédibles qui lui font confiance, a perdu environ 300.000.000 FCFA de marché, suite à la suspension de certains projets au lendemain des événements du 26 juillet 2023. Dans cet entretien, le promoteur de l’agence, explique les faits et événements qui marquent les 10ans d’Impact Com Média.
Monsieur Seydou Souley Mahamadou, vous êtes entrepreneur, promoteur de l’agence de communication Impact Com Média créée il y a déjà 10 ans. Avant de parler de votre parcours, voudriez vous nous rappeler les motivations et les circonstances qui vous ont mené dans cette aventure entrepreneuriale ?
Merci pour l’occasion que vous m’offrez de m’exprimer. Les motivations qui m’ont poussé à créer Impact Com Média sont multiples. D’abord, je pense que tout celui qui entreprend, c’est parce qu’il se sent dans la personnalité d’entrepreneur. C’est un trait de caractère. Je suis quelqu’un qui est extrêmement passionné de la culture entrepreneuriale, la culture managériale, le leadership. Et les métiers de la communication m’impressionnent le plus.
Au Niger, nous avons encore beaucoup de niches, beaucoup de domaines qui méritent qu’il y ait davantage d’entreprise et surtout des entreprises formelles qui peuvent répondre aux besoins des citoyens, aux besoins réels de la situation socio-économique. L’émission Business Challenge fait la promotion de l’entrepreneuriat dans tous les secteurs. L’émission Agri-challenge fait la promotion de l’entrepreneuriat dans le domaine agricole. Nous avons des émissions comme Digital Sahel qui parle de la transformation digitale et des opportunités liées au numérique. Nous avons aussi une émission que nous avons lancée en 2023 qui s’appelle Archi-culture qui s’intéresse à toutes les questions liées à l’urbanisation et au développement des Villes. Ce sont là, des supports médiatiques qui manquaient. Nous travaillons aussi avec les institutions publiques et privées à qui nous offrons des services dans leur communication. Nous intervenons pour gérer la communication événementielle.
Quelles sont, entre autres, les étapes ayant marqué la vie et l’évolution de votre entreprise ?
Nous avons lancé Impact Com Média le 24 mars 2014. Le 14 juin 2014 nous avons lancé l’émission Business Challenge et depuis, l’aventure continue. Comme toute création d’entreprise, on avance avec ses convictions avec l’enthousiasme de pouvoir réussir un projet. Mais on avance aussi en apprenant. Quand on a commencé toute l’entreprise ne dépassait pas cet espace, la moitié de mon bureau. L’activité a commencé à prendre de l’ampleur en 2016. Avant la fin de l’année, on était huit personnes.
En fait, c’est Business Challenge qui a donné naissance réellement à cette entreprise parce que beaucoup de personnes ne savent même pas qu’il y a une entreprise derrière. Elle a été et continue d’être quand même une émission qui instruit beaucoup de jeunes à travers le Niger. Souvent nous avons des retours qui disent que c’est à travers business challenge qu’ils arrivent à avoir l’inspiration et le courage de continuer leurs projets et donc ça c’est quelque chose de très marquant.
L’avènement de la radio Challenge FM aussi nous a marqué. A un moment quand l’entreprise s’est développée, on commençait à avoir suffisamment d’argent et on se dit qu’est-ce qu’il faut faire. Il nous fallait investir davantage dans le business. Nous avons pensé à disposer d’une radio et d’une chaine de télévision. Mais il s’est avéré que les autorisations pour l’ouverture de nouvelles télés étaient suspendues à l’époque. Nous n’avons pu avoir que pour la radio, une radio particulièrement thématique qui traite de l’information économique, de la promotion du leadership et la culture entrepreneuriale.
Dans cette aventure nous sommes surtout marqués par le marché, en 2017, pour gérer la compétition nationale des plans d’affaires qui a été un projet entre le Niger et la Banque mondiale gérée à travers la maison de l’entreprise. Nous avons géré ce processus là qui a fait un énorme succès. C’était un grand succès à la fois sur le plan de la communication mais aussi sur le plan de son impact au niveau de jeunes entrepreneurs. Par la suite, ça nous a ouvert la voie. On s’est retrouvé avec plusieurs institutions que nous accompagnons qui nous font confiance, des institutions vraiment très crédibles, pas des moindres, comme la Banque Mondiale, le Programme Alimentaire Mondial (PAM), la FAO, la Chambre de Commerce, la Banque Agricole BAGRI.
Après une décennie qu’est-ce qu’on peut retenir, comme bilan d’activités ? Est-ce que le projet entrepreneurial Impact Com Média, dénommé Business Challenge est aujourd’hui un succès ?
L’impact que nous avons produit en matière de prise de conscience à travers les émissions. A l’interne de huit personnes (employés) en 2016, nous sommes passés à 43 agents en 2023, jusqu’avant le 26 juillet, sans compter les jeunes qui passent pour des stages. En 10ans, le chiffre d’affaire, hors taxe, le cumul que nous avons fait, ce que l’entreprise a généré, c’est à peu près 1.600.000.000 FCFA. Le projet est parti d’une entreprise individuelle d’un capital de 436.000FCFA, à une Société à responsabilité limitée qui fait 1,6milliards, de 2014 à l’année 2023. Nous avons payé en 10ans plus de 100 millions FCFA d’impôt, et cotisé environ 33 millions FCFA à la caisse nationale de la sécurité sociale. Le capital de l’entreprise est passé à 5 millions FCFA à partir de 2016.
Le secteur de la communication semble être peu développé au Niger. Quelle est la ligne directrice qui vous a fait tenir et grandir?
Nous travaillons sur un créneau de niches. Notre positionnement axé sur l’économie et l’entrepreneuriat fait toute la différence. Et nous sommes une entreprise qui respecte ses obligations fiscales, qui honore ses devoirs sociaux. A l’interne, nous avons développé une culture d’entreprise avec des approches professionnelles. Le travailleur est en sécurité chez nous. La qualité et la performance des ressources humaines n’est pas en réalité liée à la formation (diplôme) des employés, mais plutôt à la culture de l’entreprise. Les contrats sont en bonne et due forme, intégrant l’inscription à la Caisse de sécurité sociale, la prise en charge sanitaire. Cela favorise un climat serein de travail de qualité, avec sérieux. Bref, nous sommes à la hauteur des exigences des clients. Nous sommes une agence bien établie, avec des compétences et des moyens qu’il faut pour respecter son engagement.
Le défi de la gestion d’une entreprise porte également sur la création d’emploi, les actions sociétales, etc. Comment Impact Com média participe à la consolidation du tissu socio-économique nigérien ?
Au delà de notre effectif qui a significativement évolué, à travers nos activités nous encadrons la jeunesse dans le développement de la culture entrepreneuriale. Ils écoutent, échangent et s’expriment sur les tribunes de nos émissions. Nous sommes membres de plusieurs réseaux et associations des domaines économie-entrepreneuriat-TIC. Nous participons à des forums et conférences. Nous avons vu comment notre pays a pris l’envol de l’entrepreneuriat. Les jeunes s’y intéressent de plus en plus. Le fait que nous, Impact Com Média, nous ayons participé à cette dynamique nous réconforte.
Nous célébrons les 10 ans d’ICM dans un contexte politique et économique particulier dont les impacts n’épargnent pas le secteur privé. Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ces temps ci ? Voudriez-vous nous expliquer l’évolution de votre chiffre d’affaire ?
Dans tout le pays, les acteurs dont l’Etat par le biais de la Chambre de Commerce et les Incubateurs, le Fisc, les universités et les médias, travaillent à améliorer davantage l’environnement pour faciliter la création et le développement des entreprises. Mais, pour beaucoup d’entreprises, ce qui s’est passé depuis les 26 juillet a été une des grandes difficultés, les conséquences de la rupture de relations avec certains partenaires du pays. Nous, en 2022, nous avons fait environ 400 millions de FCFA de chiffre d’affaires. Nous avions estimé franchir la barre d’un demi-milliard en 2023. Mais nous avons perdu des marchés d’environ 300 millions, des marchés dont les contrats étaient déjà signés. Nous avons réduit le personnel à un effectif essentiel de 23 employés, réduit certaines charges et investissement de l’entreprise C’est ce que nous avons vécu. Et 8 mois après, nous tenons. Quand on parle de Labou Sanni on doit penser aux entreprises aussi, nous en avons pâti. C’est un sacrifice. C’est un changement que nous voulons et soutenons tous, afin que les conditions de vies s’améliorent dans notre pays, que demain soit meilleur qu’aujourd’hui. Les entreprises nigériennes ont pu résister. Nous espérons que la gouvernance actuelle sera mieux favorable au renforcement du secteur privé. La souveraineté est d’abord économique, et l’économie c’est le secteur privé.
Après tout, comment voyez vous Impact Com Média dans les prochains 10 ans ?
Mes vœux, ce qu’un jour Impact Com Média souffle sa 100ème bougie. La durée de vie d’une entreprise c’est certes 99ans, comme arrêtés par les principes du registre de commerce. Mais on peut renouveler une fois à terme. Mon souhait c’est vraiment de créer les conditions de performance pour que l’entreprise nous survive, nous qui l’animons aujourd’hui, qu’elle puisse être viable longtemps pour nos enfants, vos enfants et toute la jeunesse nigérienne en général. Tant qu’il y a des besoins à combler, l’entreprise aura toujours son sens. Et je pense que l’être humain a besoin de communiquer comme il respire. Nous allons nous adapter à l’évolution des techniques de communications.
Le projet de la chaîne télé est toujours envisagé, c’est une de nos perspectives importantes. Il ne s’agit pas de créer une télé de plus, mais plutôt celle qui manque. Celles qui existent sont dans les informations générales, elles le font très bien. Nous avons la pluralité, mais pas des particularités. La notre, Challenge TV se focalisera dans l’économie et la culture de l’entrepreneuriat tout comme notre radio Challenge FM.
Interview réalisée par Ismaël Chékaré (ONEP)