La prolifération des toilettes à ciel ouvert et de la défécation en plein air est un phénomène qui prend de l’ampleur dans la ville de Niamey. En effet, la ville de Niamey s’accroit à un rythme qui n’est pas malheureusement en adéquation avec les infrastructures d’hygiène et d’assainissement nécessaires pour répondre aux besoins des populations qui y habitent. Ainsi, le constat qui se dégage est que la croissance des toilettes à ciel ouvert constitue un sérieux problème en matière d’hygiène et d’assainissement pour la municipalité, mais aussi et surtout de santé publique.
La construction de toilettes publiques adéquates et l’éducation à l’hygiène sont des éléments importants pour améliorer la santé et l’environnement. Force est de constater qu’à Niamey, ce phénomène est soit lié à un manque d’infrastructures sanitaires adéquates, tels que des douches publiques et urinoirs ; soit au comportement de certains citoyens qui sont totalement aux antipodes du civisme.
Selon les statistiques de la direction de l’équipement collectif de la mairie centrale, les toilettes publiques de la ville de Niamey mises à la disposition des communes ne sont que 68, dont 62 opérationnelles et 6 non opérationnelles. Elles sont réparties comme suit : 10 douches publiques pour la commune urbaine Niamey 1, 31 douches publiques pour la commune urbaine Niamey 2, 9 douches publiques pour la commune urbaine Niamey 3, 10 douches publiques pour la commune urbaine Niamey 4 et enfin 8 douches publiques pour la commune urbaine Niamey 5.
En effet, l’Arrondissement Communal Niamey 2, qui occupe la partie centrale de la rive gauche de la Ville de Niamey, composé de 22 quartiers et quatre (4) villages administratifs, sur une superficie de 17,88 km2 et avec une population totale estimée à 266 917 habitants selon les données de l’Institut national de la statistique de 2015, est confronté à ce problème. Malgré sa vaste superficie, cette commune ne comptait que 31 douches publiques dont certaines sont non opérationnels. C’est dire que le nombre de sanitaires dans cet arrondissement communal n’arrive pas à couvrir les besoins de cette population.
Au niveau de l’échangeur Diori Hamani, le constat qui se dégage à ce niveau, un peu sur la droite en faisant le rond-point en allant vers le collège Lako, une vague de forte chaleur vous accueille en ce mois d’avril 2024. A cette chaleur vient se greffer une odeur âcre et nauséabonde qui se dégage fortement au point où l’on est tenté de couper la respiration en passant. Et pour cause, la transformation de l’espace en toilettes à ciel ouvert. Les murs de clôture, publics comme privés, ne sont point épargnés par des individus.
Au niveau du CEG 12, vers les librairies par terre, un égout transformé en toilette à ciel ouvert se dresse sur le passage. A ce niveau, se dégage fortement une odeur nauséabonde, le résultat de la présence dans l’air de composés chimiques volatils. Les eaux usées, et en particulier les urines ainsi que les besoins naturels (défécations) sont responsables de ce cocktail désagréable : soit directement, par un dégagement gazeux ; soit indirectement, par dégradation de la matière organique.
Au regard de l’ampleur du phénomène des toilettes à ciel ouvert à Niamey, il est plus que nécessaire de mettre en place des solutions durables pour améliorer l’accès à des installations sanitaires adéquates dans la ville.
Rabiou Dogo Abdoul-Razak (ONEP)