La chronique de la semaine reste dominée en Afrique par la vague de condamnations contre le regain de violences xénophobes ayant éclaté en ce début du mois de septembre, avec pour cibles les immigrés africains accusés par les natifs de la ‘’Nation-arc-en ciel’’ de leur voler le travail. C’est ainsi que les émeutiers sont sortis armés de machettes et autres armes de destruction dans les rues de Johannesburg et de Pretoria en jetant leur dévolu sur les immigrés venus des autres pays d’Afrique. Tandis que les moins chanceux ont été battus à mort, d’autres se sont sortis avec de graves blessures. S’y ajoutent les scènes de pillage de leurs magasins et domiciles, mais aussi les incendies des véhicules. Devant la gravité des faits entourant cette flambée de colère à l’encontre des ressortissants étrangers, notamment ceux de l’Afrique noire, et vu que les jeunes sud-africains n’y sont pas à leur premier coup, les réactions ont commencé à fuser de tous les coins du continent. Au Nigeria, un des pays qui comptent le plus grand nombre de ressortissants vivant en Afrique du Sud, un appel au boycott a été lancé contre les entreprises sud-africaines, près de ses 600 ressortissants ont été rapatriés au bercail.
Les faits, en effet sont graves ! Cela d’autant plus qu’ils se déroulent au pays de Nelson Mandela, leader charismatique de la lutte contre l’apartheid, également chantre de la non-violence. C’est dire, que 25 ans seulement après la fin de l’apartheid, cette jeunesse sud-africaine en furie ignore tout de l’engagement inconditionnel dont l’Afrique toute entière, de ses dirigeants jusqu’à sa jeunesse, a consenti en faveur du mouvement de libération conduit par l’ANC de Nelson Mandela et ses amis. Toutes ces cruautés contre les émigrés africains prouvent que ces jeunes émeutiers, ces enfants des townships, ont déjà tout oublié du large soutien et des énormes sacrifices que l’Afrique et ses fils ont consentis pour aider l’Afrique du Sud à devenir le pays riche et industrialisé qu’il est aujourd’hui.
Pourtant, nous n’avons encore rien oublié de ces années de plomb ! Lycéens et étudiants que nous étions aux pires moments de l’apartheid, nous honorons encore la mémoire des martyrs du mouvement anti-apartheid ; nous nous rappelons encore du profond émoi qui nous envahissait face au sang versé des enfants de Soweto, et aux misères faites aux habitants des townships et des bantoustans.
Nous nous en rappelons parce que, à l’époque nous en avions versé des larmes, sinon lancé des cris des tonnerres de condamnations. Partout en Afrique des fonds ont été mobilisés pour soutenir l’ANC, des marches de protestation contre le régime de l’apartheid ont été organisées, des artistes ont haussé la voix pour exiger plus de justice aux noirs sud-africains ; des poèmes ont été écrits et des slogans ont été déclamés partout en Afrique, etc. Bref, nous étions débout pour le combat contre le règne de l’injustice qui s’abattait sur les enfants sud-africains.
Et voilà qu’aujourd’hui, ce sont ces mêmes jeunes qui tuent et pillent leurs frères africains. Si jeunesse sud-africaine savait…
Assane Soumana(onep)