Sans tambour ni trompette, les pèlerins nigériens ont commencé à être acheminés vers la Terre Sainte d’Arabie Saoudite pour le Hajj. Le 1er vol a quitté Niamey le mercredi 22 avril à destination de Médine. Ceux qui ont assisté au départ de cette première vague de pèlerins ont été témoins de la sérénité avec laquelle les choses se sont passées.
L’une des raisons de ce changement est que cette année, le convoyage des pèlerins nigériens a été confié, en grande partie, à une compagnie aérienne nigérienne. Celle-ci était connue pour son sérieux et son carnet d’adresses bien rempli. Cependant, pendant de nombreuses années, cette compagnie et tous les autres Nigériens se sont vu refuser le marché du convoyage des pèlerins d’une part pour des raisons politiciennes et d’autre part parce qu’ils n’ont pas une surface financière assez épaisse (non pas pour affréter les aéronefs mais) surtout pour satisfaire l’appétit surdimensionné d’argent des cercles polito-administratifs qui gravitent autour de l’organisation du Hajj.
Ces derniers ont toujours préféré attribuer les marchés à certains hommes d’affaires étrangers et leurs compagnies plus connus pour leur largesse que pour le sérieux dans le convoyage de nos pèlerins. Au bout du compte, ce sont les pèlerins qui en paient le prix fort et l’Etat qui est toujours indexé pour négligence ou laxisme.
Des pèlerins parqués dans des centres de regroupement ou même souvent à l’aéroport, des programmes de vols incertains, des vols reportés sine die, voire annulés, des bousculades lors de l’embarquement, un état de stress et d’angoisse permanent à l’aller comme au retour, des pèlerins recalés alors qu’ils ont payé tous les frais. Tel est le tableau sombre qui était associé à l’organisation du Hajj pendant de nombreuses années au Niger.
Cette année, les premiers signaux donnés par la compagnie nigérienne chargée de transporter 6.500 pèlerins sur le quota de près 10.381 dont bénéficient le Niger, donnent à espérer. Il lui reste de maintenir le cap jusqu’à la fin de ce processus pour donner raison au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie et au gouvernement de lui avoir fait confiance.
Du reste si, le convoyage des pèlerins se passe bien, l’Etat a assumé et dégagé une grande part de sa responsabilité. Ce qui poussera les autres acteurs à assumer les leurs dans le reste du processus. En effet, de par le passé les difficultés de transport des pèlerins ont permis à certains acteurs de diluer leurs insuffisances voire leurs incompétences dans la prise en charge des pèlerins. En effet, même s’il est vrai que le retard dans le transport a un impact sur l’organisation du Hajj, il ne justifie pas à lui seul les conditions d’hébergement et d’autres services réservés aux pèlerins sur place à Médine et surtout à la Mecque.
Du reste si pour les pèlerins, le Hajj est un accomplissement religieux, il est pour certains acteurs du business. Et c’est pourquoi, ces acteurs doivent être au diapason de leurs confrères d’autres pays et offrir des services de qualité aux pèlerins.
Siradji Sanda (ONEP)