Âgée de 65 ans, mère de six filles, Hadjo Zakou, une non-voyante vit au quartier Koira Tegui dans une maison en paille dégradée en cette période hivernale. Victime de la rougeole qui lui a couté la vue depuis son enfance, son handicap ne l’a jamais conduite à la mendicité dont elle a horreur. Hadjo fait de la vente de moringa son activité.
Pour Hadjo, le handicap ne doit pas être un justificatif pour mendier. C’est ainsi qu’elle a choisi la vente des feuilles de moringa qui lui rapporte de quoi subvenir à ses besoins. Chaque matin la brave femme quitte son domicile pour le marché du quartier Dar-Es-Salam. Une activité qui rythme sa vie. « Je ne me vois pas différente des autres femmes sans handicap qui s’adonnent à des activités génératrices de revenu », dit-elle. Pour Hadjo, le handicapé est celui qui reste les bras croisés à ne rien faire et à attendre quelque chose de quelqu’un.
Elle dit n’avoir jamais bénéficié d’une aide sociale pour développer son commerce, auquel elle est en train d’initier sa fille pour qu’elle aussi apprenne à se débrouiller.
Sa situation de personne vivant avec le handicap n’a jamais empêché Hadjo d’exercer des petits commerces qui lui ont permis de subvenir à ses besoins depuis son jeune âge. Cela fait 20 ans que Hadjo vend des feuilles de moringa frais au marché Dar Es Salam. Les fournisseurs lui livrent la marchandise sur place au marché Dar es Salam et à son tour elle revend en détail. « J’arrive avec ce petit commerce à m’en sortir avec un bénéfice de 2000 FCFA sur chaque sac de moringa revendu ; toutefois, cela dépend de LA saison », confie-t-elle.
Pour Hadjo Zakou, « le handicap ne doit pas être une source de blocage social car cela n’empêche pas d’exercer des activités génératrices de revenu ». Malgré le poids de l’âge Hadjo Zakou a dit non à la mendicité. Avec, une telle force de caractère Hadjo Zakou est incontestablement un modèle, pas seulement pour les handicapés mais aussi pour toutes ces personnes valides pullulant dans les rues de la capitale et qui s’adonnent à la mendicité.
Alassane Zeinab