La migration est un déplacement d’individus ou de populations d’un pays à un autre ou d’une région vers une autre, motivée par des raisons économiques ou politiques. Au Niger, ils sont nombreux les jeunes qui tentent de quitter leur pays, sans passeport ni visa, au péril de leur vie. Ils sont prêts à affronter tous les dangers et les humiliations rencontrés sur leur route. Ces jeunes font face à des difficultés pendant leur voyage, notamment la soif, les problèmes financiers, la faim, les conflits entre migrants ainsi que les risques de mort, de disparition et de violences faites aux femmes.
La cause principale qui pousse ces migrants dans ce voyage périlleux sont, entre autres, les conditions économiques, l’insécurité alimentaire, et les normes sociétales, y compris la pression et les attentes exercées sur les individus pour qu’ils migrent afin d’améliorer leur situation économique. « C’est la détérioration des conditions économiques qui nous pousse à migrer dans l’espoir de trouver des lendemains meilleurs. Notre pays est fragile par rapport aux chocs que nous sommes en train de vivre », a expliqué M. Ahmout, un jeune migrant. Il décrit au détail près le calvaire que les jeunes migrants endurent dans l’aventure. « Après Arlit, on nous dépose au niveau de la frontière Assamaka. C’est de cette ville qu’il faut aller à Ingizane qui fait 30 km. Cette distance, nous la faisons à pied, puis on dévie un barrage qui est à 5 km de Ingizane. Ensuite on nous embarque dans une autre voiture à destination d’une autre ville se trouvant à 10km. C’est d’ici qu’il faut taper 30 km pour joindre Tamanrasset. Après ce trajet, les migrants sont transportés par fraude à l’aide de taxi qui les amènent dans la ville, a expliqué M. Moustapha, un autre migrant.
Selon Moubarak, un chauffeur qui fait l’activité depuis plus de 8 ans, « l’acheminement des migrants est une question de vie ou de mort. Nous prenons énormément de risque dans le cadre de leur acheminement ». Il explique que les frais de transport sont exorbitants, mais les migrants s’en acquittent parce qu’ils sont déterminés à partir en Algérie. « D’Arlit à Tamanrasset, les prix varient en fonction du type de migrant. Les hommes qui partent chercher de l’argent à la sueur de leur front sont transporté moyennant la somme de 60.000 FCFA et les femmes mendiante à 80.000. Elles marchent à pied comme les garçons. Certaines d’entre elles se déguisent en homme de peur d’être violée », a relaté M. Moubarak.
Ainsi avec les sacs à dos, ils marchent des kilomètres sur la route à destination du Maghreb notamment en Algérie par fraude. « Une fois au niveau de la frontière Niger-Algérie, les chauffeurs font descendre les gens pour qu’ils marchent des kilomètres. Après que les chauffeurs aient présenté tous les papiers aux policiers pour leur permettre de poursuivre la route, ils repartent », a expliqué M. Ali, un autre migrant.
Sur la route, ils faisaient des jours en train de marcher avec le risque d’épuiser toutes leurs provisions (eau et nourriture). Ainsi, nombreux sont les migrants qui se perdent en cours de route. M. Mourtala en sait quelque chose pour avoir perdu un de ses amis dans des conditions similaires. « Il était épuisé et malade, sans eau, ni nourriture, il était allongé sous un rocher sur mes jambes. Je le regardais impuissant jusqu’à ce qu’il ait cessé de respirer. Sur la route, c’est chacun pour soi, Dieu pour tous », ajoute-t-il.
M. Mourtala dit avoir quitté son pays à cause des difficultés de la vie, notamment le manque de travail. « Parfois on est obligé de quitter la ville surtout si on voit que les autres ont réussi. Le succès de quelques-uns dans le village incite et motive les autres membres de la communauté à s’aventurer sur ce chemin », a-t-il souligné.
Les témoignages relatifs aux actes ignobles que subissent les migrants sont pathétiques et accablants. Les femmes migrantes font l’objet de viol sur la route de la migration. « Sur la route, on nous viole des fois. Comme si cela ne suffisait pas, les violeurs nous dépossèdent même de nos provisions, ce qui nous met dans une insécurité permanente. C’est pourquoi, on se déguise en homme. On marche avec les hommes ensemble mais pas grouper. Moi j’ai une fois perdu une amie sur la route, elle a pris une autre route et elle s’est perdue. On l’avait cherchée vainement », nous confie une migrante sous couvert de l’anonymat.
Iro A. Hadiza (stagiaire)