Les Violences obstétricales et gynécologiques sont un concept qui, à défaut d’être une nouveauté, suscite une attention nouvelle. Selon les patriciens en santé, elles se résument par tout acte médical, posture ou intervention, non appropriée ou non consentie au cours du suivi gynécologique, suivi de la grossesse, l’accouchement et le post-partum. La qualification ou la perception de ces faits varie en fonction de l’individu, de la culture, etc.
D’après les explications du Professeur agrégée en Gynécologie obstétrique à l’Université de Kara (Togo), Pr Dédé R.D. Ajavon, également membre de la Société de Gynécologie obstétrique du Niger (SGON) venue à Niamey dans le cadre de la collaboration entre l’association des sages-femmes et la SGON lors de la célébration de la Journée Internationale de la Sage-femme à Niamey, la violence obstétricale dans les établissements de soins de santé englobe certains gestes posés ou l’exercice de certaines pratiques professionnelles – ou leur omission – durant l’accouchement, sans l’accord et le consentement éclairé des femmes ; ce qui entraîne une négation de leur agentivité reproductive. Pr Dédé R.D. Ajavon précise que les VOG ont trait à des comportements ou des traitements parfois non intentionnels qui portent atteinte à la dignité, à la sécurité et à la liberté des patientes par leur caractère irrespectueux, inapproprié ou dégradant, et qui engendrent détresse, souffrance ou inégalités de pouvoir.
En plus, la professionnelle en santé obstétrique explique que l’absence de données valides et fiables sur ce sujet génère un débat qui, sans être stérile, pousse les parties prenantes à parler des langages différents, sans assise commune. Elle a ajouté que dans plusieurs études, les femmes qui en ont été victimes dénoncent les violences verbales : tels que des propos porteurs de jugements, la non prise en compte de la douleur, le non-respect de leur dignité etc. Mais également l’insuffisance d’informations sur les soins, les actes. « Bref, les femmes qui utilisent nos centres de santé, hôpitaux, maternités veulent qu’on prenne plus de temps pour leur expliquer les choses et demander leur consentement avant de poser des gestes sur leur corps», a-t-elle déclaré.
Relativement aux individus qui se livrent à de tels agissements envers les femmes, l’experte en Gynécologie obstétrique indique également que c’est toute personne qui interagit avec la femme lors de sa visite gynécologique, du suivi de la grossesse jusqu’à l’accouchement. Cela inclut le personnel depuis la porte jusqu’au soignant. Evoquant les mesures à prendre pour atténuer ou lutter contre cette pratique, elle a recommandé les séances de formation et de sensibilisation du personnel de santé et une implication de la communauté dans cette lutte.
Concernant la prise en charge des victimes de ces actes, Pr Dédé R.D. Ajavon a également souligné que pour le moment, il n’existe pas de cadre légal.
« Il existe dans les hôpitaux des mécanismes pour recueillir les plaintes des patientes et de leurs familles. Ce mécanisme mis en place se charge de la prise en charge », a-t-elle ajouté.
Quant aux statistiques en la matière, Pr Dédé R.D. Ajavon répond en disant qu’elle n’a pas une réponse précise sur l’ampleur du phénomène. « Tout ce que je peux dire, c’est que cela existe vu les différentes plaintes enregistrées », a-t-elle soutenu.
Relativement à la démarche à suivre pour éradiquer ces comportements au niveau de des centres de santé, la professionnelle en santé obstétrique a insisté sur la nécessité de mutualiser les efforts. « Nous pouvons lutter contre ces comportements que je qualifie souvent de fait social. A juste titre, les activistes ont qualifié la relation entre le soignant et le soigné de relation paternaliste. La société donne le droit à l’ainé, au père, à la mère de vous réprimander. Et c’est comme cela que nous avons été formés », a-t-elle rappelé.
Selon Pr Dédé R.D. Ajavon, les formations initiales et continues des agents de santé doivent être intégrées dans les curricula de formation. « Aussi, est-il important que les soignés s’expriment sur leurs ressentis. Si on vous reproche un fait, vous n’allez plus le refaire. Mais si vous ignorez que ce que vous faites est mauvais, vous allez persister dans l’erreur », a-t-elle conclu.
Notons que dans certains pays, les victimes de violences gynécologiques ou obstétricales peuvent déposer une plainte pénale auprès du Procureur de la République, et ou déposer une plainte disciplinaire auprès de l’Ordre des médecins. Ce fait peut-être minimisé ou réduit grâce à une collaboration saine entre soignant et soigné, le respect des règles d’éthique et de déontologie, ainsi que nos valeurs socio-culturelles.
Mamane Abdoulaye (ONEP)