La Société « LE RIZ DU NIGER SAEM » est une Société d’Economie mixte créée depuis 1967 avec un capital de 2.588.680.000 FCFA dont un peu plus des 2/3 d’actions sont détenues par l’Etat du Niger (70,39 %). Elle a pour mission la collecte, la transformation du riz paddy et la commercialisation des produits finis. En 2023, avec l’arrivée du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le RINI a transformé 15.784 tonnes de riz paddy contre 6.830 tonnes en 2022. Dans cet entretien, le Directeur Général de la société, le Commandant Adamou Moussa Illi explique les circonstances de ce saut à pas de géant sous le signe de la souveraineté alimentaire prônée par le CNSP. Il évoque également des perspectives prometteuses avec le rehaussement de la subvention allouée à la RINI et le renforcement de la capacité et la qualité de transformation avec l’acquisition en vue de cinq nouvelles usines d’une capacité de 50.000 tonnes par an, pour l’autosuffisance en riz à l’horizon 2026.
Monsieur le DG depuis l’avènement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie au pouvoir le 26 juillet 2023, le Président du CNSP, Chef de l’État a pris le ferme engagement réaliser l’auto-suffisance du Niger sur le plan alimentaire, notamment en riz, grâce au RINI et à l’ONAHA. Est-ce que le RINI est aujourd’hui en phase avec cette vision ?
La première et véritable indépendance passe par l’autosuffisance alimentaire. Depuis plusieurs années, ce n’est qu’avec l’arrivée du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie que la Société Riz du Niger est enfin devenue un puissant outil de souveraineté. RINI était limité et n’a bénéficié d’aucune subvention d’exploitation depuis 20 ans. Mais, avec l’arrivée du CNSP qui a ressuscité le RINI par l’octroi d’une subvention de 690.000.000 FCFA en 2023, la société a pu racheter une grande partie de quantités de riz paddy disponible dans les mains des producteurs vers la fin de l’année 2023. Ces producteurs avaient déjà tendance à vendre leurs récoltes à des opérateurs du Nigeria.
Aujourd’hui, Riz du Niger jouit d’une attention particulière de la part des plus hautes autorités de notre pays. Pour la seule période du dernier semestre de l’année 2023, nous avons renversé la tendance. Et nous comptons faire beaucoup plus cette année. Au titre de l’année 2024, sur instruction de SE. le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du CNSP, une subvention de 4 milliards de Francs CFA et autres fonds seront mis à la disposition du RINI par l’Etat dans le cadre de la reconstitution du stock national de sécurité alimentaire de 2024.
Avec l’installation définitive de l’usine de décorticage de Gaya qui a une option de trieur de couleur qui est une grande première au Niger, la capacité de transformation du RINI va passer de 35.000 tonnes à 45.000 tonnes de riz paddy par an, soit environ 29.000 tonnes de riz blanc et 3.600 tonnes de Son de riz pour l’aliment bétail.
Comment le RINI traduit concrètement, en actes, cette volonté du Chef de l’État ?
La Société « LE RIZ DU NIGER SAEM » est le maillon principal dans la chaîne des valeurs riz, notamment sur le volet transformation et commercialisation avec ces trois (03) usines de transformation industrielle de dernière génération d’une capacité minimum de transformation du riz paddy de 35 000 tonnes par an (Tillabéry : 15 000 tonnes, Niamey : 10.000 tonnes et Kollo : 10.000 tonnes).
Avec un niveau d’activités jamais atteint depuis plus de 20 ans, le RINI a beaucoup contribué à l’atténuation de la souffrance de la population en mettant à la disposition de la population nigérienne 9.480 tonnes de riz blanc à un prix maximum de 11.500 FCFA le sac de 25 kg et 1.393 tonnes de Son de riz pour l’aliment bétail au prix de 5.000 FCFA le sac de 40 kg.
En tant que Directeur Général de la Société « LE RIZ DU NIGER », dès ma prise de service en novembre 2023, j’ai organisé des missions de prise de contact et de sensibilisation des producteurs de riz des zones de Gaya, Say, Kollo, Tillabéry avec les acteurs de la filière riz, les autorités administratives et coutumières. A chaque étape, les membres de la délégation ont échangé avec les producteurs du riz sur les difficultés rencontrées et sur l’engagement pris par le CNSP dans le cadre de l’autosuffisance en riz. Ces missions ont permis l’adhésion des producteurs aux orientations du CNSP et ont promis de fournir au RINI des quantités suffisantes en riz paddy pour assurer l’exploitation permanente des usines de transformation.
En termes de perspectives pour la Société Riz du Niger, qu’est-ce qu’on peut retenir surtout en ce qui concerne l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire dans notre pays ?
Dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture (SNDR 2021-2030) au Niger qui cadre avec les orientations du Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie dans le volet ‘’Autosuffisance alimentaire’’, le RINI a adressé des requêtes pour augmenter sa capacité de transformation dont la requête adressée à la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) qui prévoit l’acquisition de cinq (05) usines de transformation de riz paddy d’une capacité annuelle de 50.000 tonnes par usine d’ici 2030. Avec cette requête de la BOAD qui est une priorité du CNSP, parmi les projets d’urgence à financer pour le compte de l’Etat du Niger, le RINI sera en mesure de couvrir d’ici la fin de 2025 plus de 50 % du besoin national qui est de 569.611 tonnes de riz blanc par an et d’ici fin 2026 avec le financement d’autres usines, l’autosuffisance en riz sera une réalité.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis des acteurs de la filière riz au Niger ?
Mon dernier mot est un appel que je lance aux producteurs du riz. Je les invite à cultiver entre eux l’esprit du patriotisme en respectant les statuts et règlements intérieurs qui régissent les coopératives rizicoles créés sur fonds propres de l’Etat et la mesure prise par le CNSP, relative à l’interdiction de la fuite du riz paddy vers les pays voisins afin de fournir au RINI des quantités suffisantes permettant l’exploitation permanentes des usines de transformation pour atteindre l’autosuffisance en riz à l’horizon 2026.
Propos recueillis par Ismaël Chékaré (ONEP)