Monsieur le ministre, vous venez de participer à la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre qui coïncide avec la date anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Niger. Quelles impressions cet événement suscite-t-il en vous ?
Merci pour cette opportunité offerte. Permettez-moi à l’entame de mes propos de transmettre les vifs et chaleureux remerciements et salutations de son Excellence, le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat de la République du Mali, des membres du gouvernement et du peuple malien à son Excellence, le Général de Brigade Abdourahamane TIANI, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat de la République du Niger, au gouvernement et au peuple nigérien pour l’invitation qui nous a été adressée pour prendre part à la Journée nationale de l’arbre qui coïncide avec les célébration de l’An un de l’avènement du CNSP, ainsi que l’anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Niger.
Pour revenir à votre question, c’est avec un sentiment de joie, de fierté et de satisfaction que j’ai participé au nom des plus hautes autorités du Mali, à cette cérémonie mémorable. Cet événement exprime la volonté des plus hautes autorités du Niger non seulement à améliorer la couverture forestière du pays mais aussi à donner un élan à la mise en œuvre de l’initiative panafricaine de la Grande Muraille verte.
J’adresse mes chaleureuses félicitations aux Autorités Nigériennes pour la réussite de l’évènement sous la maitrise d’œuvre de mon homologue et cher frère, le Colonel MAIZAMA ABDOULAYE.
Le Niger et le Mali partagent des défis environnementaux communs comme la désertification, l’ensablement du fleuve Niger et surtout les effets du changement climatique. Comment ces questions pourront-t-elles être abordées dans les pays de l’AES que nous formons désormais pour plus d’efficacité ?
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso forment une communauté de destin à travers des liens séculaires fondés sur la culture, l’histoire et la géographie. A ce titre, nous partageons naturellement les mêmes enjeux de développement ainsi que les mêmes défis environnementaux. Ainsi, la désertification, la dégradation des terres et la perte de la Biodiversité, exacerbées par les sécheresses, font du Sahel l’une des régions de la planète les plus vulnérables au changement climatique. Dans ce contexte la création de Confédération de l’AES est une opportunité pour ses pays membres à travers la vision tracée par nos trois chefs d’Etats, de mutualiser nos efforts, initiatives et moyens afin de faire face à ces défis communs.
Pour plus d’efficacité, les pays doivent harmoniser les questions transversales sur le plan législatif, règlementaire et technique. Nous devons coordonner et mutualiser nos efforts pour assurer la mise en œuvre des politiques, projets et programmes de lutte contre la désertification, l’ensablement du fleuve Niger, de lutte contre les effets des changements climatiques. Cela peut se faire par exemple à travers la mise en œuvre des documents de « Contributions déterminées au niveau national » ; l’adoption des sources d’énergie alternatives au bois et charbon de bois comme sources d’énergie domestique, tels que le gaz, le charbon minier, l’énergie solaire, les briquettes combustibles, etc. ; la lutte implacable contre toutes les formes d’agressions à l’environnement et aux ressources naturelles (recherche illégale d’or, dragage, coupe illégale du bois, spéculation foncière etc.). Dailleurs au Mali, nous sommes engagés dans ce combat depuis un certain temps avec le soutien des plus hautes autorités. Il y a aussi l’adoption de la pratique du reboisement intensif (sécurisation, arrosage, entretien, gardiennage, utilisation des essences locales, etc.) ; les programmes de gestion rationnelle de la faune comme la Girafe et l’Eléphant dans la zone du Liptako Gourma.
Monsieur le ministre, la zone du Liptako Gourma concentre tous ces défis auxquels est venu s’ajouter le terrorisme international. Quelles sont les perspectives pour la pacification de cette zone et la prise en charge de ces défis ?
Les questions de sécurité et de développement sont intimement liées. Les conséquences des changements climatiques provoquent la raréfaction des ressources naturelles, tout en exacerbant les conflits liés à leur utilisation par divers acteurs. Cette situation renforce la vulnérabilité des populations, qui deviennent ainsi des proies faciles pour les groupes armés terroristes.
Déjà dans les trois pays on assiste à la montée en puissance des Forces Armées et de Sécurité sur tous les plans et la reconquête des territoires est visible partout. Au-delà de cela, des actions de développement sont en cours et les populations qui jadis étaient en migration forcée sont en train de retourner en masse. Et c’est avec elles que la prise en charge des défis se fera.
Une prise en charge des défis environnementaux liés à la restauration et la gestion durable des ressources naturelles contribue véritablement à la pacification de la zone du Sahel. C’est dans ce cadre que le Mali a organisé en Novembre 2023 à Bamako, le premier Forum Régional sur le climat, la paix et la sécurité au Sahel, appelé Sécurité Climatique. Ledit forum, ayant regroupé plusieurs pays du Sahel dont ceux de l’AES, a été sanctionné par une déclaration dite de Bamako.
La déclaration de Bamako sur la sécurité climatique est un instrument de plaidoyer qui fait ressortir la spécificité des pays du Sahel en termes de vulnérabilité face aux conséquences des changements climatiques, tout en mettant l’accent sur la nécessité de mobiliser des financements climatiques vers les zones du Sahel afin d’accompagner des projets et programmes générateurs de revenus pour les populations et renforçant leur résilience.
En plus de l’Autorité de développement intégré du Liptako Gourma, faut-il s’attendre à la mise en place d’autres initiatives pour la prise en charge des défis environnementaux ?
Les défis environnementaux sont complexes, ils ne connaissent pas de frontière interpellent tous les acteurs et les partenaires. C’est pourquoi, leur prise en charge nécessite non seulement beaucoup d’initiatives complémentaires mais aussi une collaboration entre différents pays. Au-delà de l’Autorité de développement Intégré du Liptako-Gourma, notre espace intègre plusieurs autres initiatives dédiées au Développement parmi lesquelles on peut citer l’Autorité du Bassin du Niger (ABN), le Comité permanent Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) et l’Initiative de la Grande Muraille Verte au Sahel et au Sahara
Les instruments juridiques et stratégiques de toutes ces initiatives seront renforcés avec la création de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui est l’expression de la volonté politique de nos trois Chefs d’États, le Général de Brigade Abdourahamane TIANI, le Colonel Assimi GOITA, et le Capitaine Ibrahim TRAORE. Bénéficiant de l’adhésion et du soutien des vaillants peuples de nos trois pays, le Président de la Transition du Mali, Colonel Assimi GOITA, Président en exercice de l’AES, souhaite en faire le véritable levier de développement, de paix et de sécurité à travers le développement des projets régionaux transfrontaliers structurants.
En tant que ministre en charge de l’Environnement, quels messages souhaiterez-vous passer aux populations de l’A.E.S en général et celle de la zone du Liptako Gourma en particulier dans le contexte actuel ?
C’est d’abord de dire que le développement des pays de l’AES incombe principalement au peuple de l’AES et que nous devons à tous les niveaux avoir un comportement responsable et respectueux vis-à-vis de l’environnement et des ressources naturelles. Pour ce qui concerne la population de la zone du Liptako gourma, qu’elle se rassure que les plus hautes autorités de la Confédération de l’AES œuvrent inlassablement pour l’amélioration de leurs conditions de vie aussi bien sur le plan sécuritaire et que sur le plan développement. Aussi, nous invitons les populations de la Confédération de l’A.E.S à soutenir les autorités actuelles de transition dans nos pays respectifs afin de leur permettre de parachever ces vastes chantiers de refondation. Enfin, nous souhaitons une très bonne campagne d’hivernage pour nos communautés. Que vivent la paix et la sécurité dans notre Confédération souverain et prospère.
Propos recueillis par Siradji Sanda (ONEP)