Chaque année, à l’approche de la rentrée scolaire, l’acquisition des fournitures scolaires crée un engouement autour des librairies. Les librairies ordinaires, les librairies par terre et les magasins de vente de fournitures sont garnies et envahies par les parents d’élèves. Les libraires profitent de la traite, même si les vendeurs circonstanciels leur font une concurrence déloyale. Au marché, rares sont les visiteurs des librairies qui ne transportent pas des fournitures scolaires dans leurs emplettes. Du Petit marché jusqu’aux abords du CEG 1, les vendeurs ambulants et libraires par terre sont visibles.
Les abords du CEG 1 de Niamey constituent une sorte de marché de librairies. Dans un espace ouvert, les vendeurs installent leurs étals qui s’étendent à perte de vue. Chacun débordant de piles de livres neufs ou d’occasion, de cahiers colorés, de matériel d’écriture et de traçage et plusieurs manuels scolaires. Chaque stand est soigneusement organisé, les livres classés par matière et par niveau, prêts à être consultés.
Des élèves, en compagnie de leurs parents, ainsi que des étudiants et des enseignants, sillonnent les rayons, en quête des livres nécessaires pour leurs études. Les vendeurs enthousiasmés accueillent les acheteurs avec un sourire affable et donnent des conseils aux clients sur les nouvelles éditions appropriées. Le visiteur sent l’odeur des bouquins à seulement quelques mètres des étals, en raison de la quantité des livres superposés çà et là.
Pendant de longues minutes, M. Adamou Ibrahim s’affaire à satisfaire une file d’attente de clients. Il est au four et au moulin, très occupé en cette veille de rentrée scolaire. Ce vendeur de fournitures scolaires se réjouit de la circonstance et de l’espoir que, dans les prochains jours, l’engouement qui se créera autour d’eux sera encore plus grand. « Nous nous retrouverons alors dans l’obligation de faire appel à des assistants pour mieux répondre aux attentes de la clientèle », dit-il.
Malgré la forte demande, Adamou Ibrahim nous apprend qu’il n’y a eu aucune augmentation de prix à leur niveau. « Le petit blocus engendré par les pluies sur les différentes voies d’entrée dans la capitale a, en effet, affecté quelque peu les prix de nos produits chez certains grossistes. Les produits concernés sont, entre autres, les cahiers, les stylos, les ardoises qui sont tous importés. Cette augmentation est si minime qu’on n’en a pas tenu compte », a indiqué Adamou Ibrahim. Cependant, précise le libraire, une importante chute des prix est à noter, comparativement à la rentrée de l’année passée qui a coïncidé avec les sanctions et l’embargo sur le pays. « Le cahier de 200 pages se vendait à 500 F, 550 F voir plus l’année passée. Mais il est vendu aujourd’hui à seulement 400 FCFA, le prix de l’ardoise est passé de 700 F à 500 FCFA, etc. », explique M. Adamou Ibrahim à titre d’exemple.
Pour leur part, les clients rencontrés sur place, parmi lesquels Ibrahim Amadou, affichent une certaine satisfaction vis-à-vis des prix des fournitures. Accompagné de sa fille de CE1, M. Ibrahim vient de faire un achat de 15.000 FCA au niveau de son fournisseur habituel. « Depuis que j’ai commencé à faire mes achats au niveau de ces librairies particulières, je n’ai manqué de rien en termes de matériel scolaire, surtout les vieilles collections de livres qu’on ne peut que trouver chez eux », précise Ibrahim Amadou.
Autre aspect captivant chez les libraires par terre, le plus grand peut être qui attire la clientèle, est la multiplicité des services qu’ils offrent. Les prix sont abordables, l’échange, l’emprunt et la vente sont tous possibles. Ce qui permet ainsi aux moins nantis de se procurer des manuels. Monsieur Amadou Salifou, un vendeur de fournitures scolaires depuis plus 30 ans fait part de leur contribution dans l’éducation. Fort de son expérience, M. Amadou explique comment ils ont, à travers le temps, contribué à la réussite de nombreux élèves, dans un environnement de grande précarité qui ne leur permet pas de fréquenter les librairies formelles. « J’ai connu dans le passé beaucoup d’élèves, devenus maintenant des cadres, qui venaient chez moi se ravitailler en raison de la modicité des prix de nos articles. J’ai maintes fois fait face à des lycéens voulant se procurer des manuels mais qui ne possèdent pas de moyens. Ils viennent et proposent d’échanger leurs manuels de l’année antérieure contre ceux de l’année en cours, et j’accepte parce que c’est une façon de les aider », confie Amadou Ibrahim, tout en précisant que la particularité de ces libraires réside dans le fait qu’ils ne demandent pas des prix élevés sur les articles scolaires.
Bachir Djibo (stagiaire)