Le diabète est une maladie due à une augmentation du taux de sucre dans le sang. C’est une maladie dite chronique si elle nécessite des soins continue, elle persiste dans le temps et parfois tout au long de la vie. En effet, selon docteur Madougou Souley, le diabète nécessite une meilleure prise en charge et un bon régime alimentaire afin de prévenir toute complication de cette pathologie.
Le sucre, plus précisément le glucose, représente notre principale source d’énergie. Il est utilisé par nos cellules pour produire l’énergie dont notre corps a besoin pour son bon fonctionnement. Cependant, la quantité de glucose présente dans notre organisme doit se maintenir à des niveaux spécifiques. En effet, on parle de diabète lorsque ce taux de glucose reste élevé dans le sang de façon chronique. Cet excès de sucre dans le sang va être à l’origine des complications souvent graves si le diabète n’est pas pris en charge.
Une fois installée, cette maladie peut rester pendant une longue période sans que le patient ne ressente des symptômes. Les files d’attente, que ce soit à l’accueil, aux services d’urgences, ou pour des rendez-vous médicaux, sont une réalité incontournable dans les services d’endocrinologie-diabétologie.
Ainsi, selon le docteur Madougou Souley, spécialiste en endocrinologie-diabétologie à l’hôpital National de Niamey, les principaux signes observés au début de cette maladie sont : la soif intense, l’émission fréquente d’uriner la fatigue et la perte de poids malgré un appétit conservé. Ensuite, peuvent apparaitre un trouble de la vision et des sensations d’engourdissement ou de picotement au niveau des pieds. « Ces signes sont en fait des signes d’alerte et la maladie risque d’évoluer vers des complications si aucun traitement n’est entrepris », a-t-il précisé.
Le diagnostic de la maladie
Pour confirmer que l’on est atteint ou pas de cette maladie, il est nécessaire de faire un diagnostic. Cette étape consiste notamment à réaliser une prise de sang et à mesurer le taux de glucose dans le sang. Ce taux de sucre dans le sang est appelé glycémie. La glycémie chez un sujet normal, donc non diabétique varie entre 0,70 g/l et 1,10 g/l à jeun. Le patient est déclaré diabétique si la glycémie réalisée après 8 heures de jeun dépasse 1,26 g/ l à deux reprises. « Si pour une raison quelconque la prise de sang est réalisée après la prise d’un repas, le patient est également déclaré diabétique si la glycémie dépasse 2 g/l et que le patient présente des symptômes du diabète. Enfin, il existe d’autres tests qui peuvent permettre le diagnostic du diabète mais ils sont très peu utilisés au Niger. Il s’agit de l’hyperglycémie provoquée par voie orale et de l’utilisation de l’hémoglobine glycosylée », a mentionné docteur Madougou.
Membre de l’ONG action contre le diabète et l’obésité (ACDO-Niger), Docteur Madougou nous explique qu’en général, on classe le diabète en 4 grands groupes. Il s’agit notamment du diabète de type 1 qui survient lorsque les cellules du pancréas chargé de la sécrétion d’insuline sont détruites par une maladie auto-immune. Il n’existe donc plus de cellule secrétant de l’insuline devant servir à régulariser le taux de sucre dans le sang. Le diabète de type 2, représente la forme la plus fréquente de diabète, car lié à l’insulinorésistance. Cette forme est due à la sédentarité et à la modification de nos habitudes alimentaires plus riches en sucre et en gras. « Le diabète gestationnel est lui un type particulier de diabète qui est découvert pour la première fois au cours de la grossesse. Enfin, le diabète secondaire qui survient après une atteinte du pancréas par une autre maladie (cancers, pancréatite, …) ou la prise de certains médicaments », a-t-il expliqué.
Si cette maladie n’est pas prise en charge à temps, les complications surviennent rapidement, d’où les complications dites aigues et celles chroniques. « Les complications aigues du diabète surviennent de façon brutale et peuvent rapidement évoluer vers le coma avec des conséquences graves, voire fatales si la prise en charge n’est pas efficace. Il s’agit de l’acidocétose, de l’acidose lactique, de l’hyper osmolarité et de l’hypoglycémie », a indiqué docteur Madougou.
S’agissant des complications chroniques, Docteur Madougou souligne qu’elles s’installent progressivement. Il s’agit en fait de la détérioration des artères des différents organes. On peut ainsi citer l’atteinte des reins, des yeux, des nerfs, du cœur et même du cerveau. A côté de ces complications, on peut rapporter également la baisse de l’immunité. Ce qui expose le patient aux infections parfois sévères. « L’une des complications la plus redoutée est la plaie du pied chez le diabétique qui est associée au risque d’amputation », a-t-il révélé.
La prise en charge du diabète
Dans le traitement du diabète, les médicaments ont pour objectif d’équilibrer la glycémie. Le type de médicaments prescrit au patient dépend du type de diabète et de l’état clinique du malade. Ainsi on distingue les médicaments dont la prise se fait par voie orale et l’insuline qui est administrée par voie injectable. « En général dans le diabète de type 1, on débute le traitement avec les comprimés par voie orale mais l’insuline peut également être utilisée au besoin. Par contre dans le diabète de type 2, seule l’insuline est utilisée pour équilibrer le diabète », a-t-il notifié.
À propos de la prise en charge, elle doit être faite par une équipe multidisciplinaire, associant médecins, diététiciens et spécialistes en éducation thérapeutique. Cette prise en charge a pour objectif d’éduquer le patient sur la maladie et de ramener la glycémie à des valeurs normales afin d’éviter la survenue des complications. Le traitement repose sur un trépied qui comprend les médicaments, une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.
Notons qu’au Niger et un peu partout en Afrique, il existe plusieurs allégations sur le diabète, notamment des fausses promesses de guérison qui circulent via les réseaux sociaux. Cependant, Docteur Madougou indique qu’il n’existe pas de traitement définitif pour cette maladie. Mais, « Le diabète n’est pas une fatalité. Une prise en charge et un suivi régulier permettent d’avoir une très bonne qualité de vie et une réduction de la mortalité et de la morbidité », a-t-il conclu.
Témoignages des patientes
« En 2015, j’ai découvert que j’ai le diabète. Au début, j’avais une forte envie de consommer du sucre et à chaque fois que je trouvais l’occasion, j’achetais des bonbons pour sucer à volonté. J’avais une forte fatigue et de terribles maux de tête. Constatant que je ne suis plus la même, j’ai décidé d’aller voir un docteur. C’est là qu’on m’a révélé que je suis atteinte du diabète avec une glycémie de 2g/l. Depuis ce jour, je ne me sens pas bien dans mon corps. Je dois toujours prendre des médicaments et je suis condamnée à respecter mon régime alimentaire pour vivre longtemps », nous confie Maimouna Mounkaila, une patiente âgée de 46 ans.
Pour Hamsatou Soumaila, une autre patiente, le constat est le même. A l’annonce de sa maladie, elle était bouleversée et triste. A peine a-t-elle pu témoigner sur ses moments difficiles de perdre deux êtres chers de sa famille atteints eux aussi de la maladie. « Au début, c’était ma mère qui était toujours souffrante de diabète et elle ne pouvait pas respecter le régime du fait de notre situation précaire. Elle est décédée en 2023. Ensuite, ma grande sœur qui était l’accompagnante de ma mère à l’hôpital est tombée gravement malade. Elle aussi avait le diabète à un stade avancé, car elle avait une grave plaie sur le pied. La maladie a fini par l’emporter. Actuellement, moi j’ai peur de tout ce qui est sucré de crainte de développer la maladie », ajoute-t-elle.
Salima H. Mounkaila (ONEP)