Chaque année, des événements sont organisés à grands coups (et coûts) de communication pour faire la promotion du ‘’Consommer local’’. La problématique est si importante que certaines institutions comme l’UEMOA lui ont spécialement dédié, depuis 2019, un mois : celui d’octobre.
Les produits locaux ! Il en existe une multitude à l’image de nombreuses PME/PMI, groupements féminins, centres artisanaux et autres centres de formation des jeunes, des femmes et ou des personnes vivant avec un handicap. Toutes ces structures produisent des biens et services divers qui n’ont rien à envier, en termes de qualité et surtout d’originalité, aux produits importés.
Cependant, ces PME/PMI, déjà confrontées aux coûts de production et aux difficultés d’accès au financement, devront aussi faire face à la mévente de ce qu’elles ont produit après mille et un sacrifices. Parallèlement à cette situation peu reluisante de nos PME/PMI dirigées pour l’essentiel par des jeunes et des femmes, nos institutions et nos administrations achètent, pour leurs usages, des meubles et des objets de décorations intérieures ainsi que d’autres produits de consommation issus des importations.
Pourtant, ces mêmes produits de consommation et d’usage courant peuvent être fabriqués par nos artisans, nos femmes transformatrices et nos centres de formation. Pourquoi alors, l’Etat et ses démembrements ne leur attribuent pas les marchés pour la fourniture de ces biens et services ?
En agissant ainsi, on crée un cercle vertueux où les fonds restent au pays, contribuant ainsi à la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes, de l’autonomisation des femmes et des filles, à la lutte contre le chômage, bref à l’essor de l’économie locale.
Imaginez un seul instant que les multiples groupements féminins, centres artisanaux et autres centres de formation des jeunes, des filles et des personnes vivant avec un handicap arrivent à bénéficier des contrats pour fournir nos hôpitaux, nos établissements pénitentiaires, nos institutions, ministères et d’autres sociétés publiques en meubles, articles de décoration et autres produits alimentaires (huiles, jus naturels, etc.) ! Ces PME/PMI et centres de formation n’auront plus à se plaindre de l’absence de subvention de l’Etat encore moins de la mévente qui, hélas, est leur lot quotidien aujourd’hui.
Malheureusement, en lieu place de ce petit geste aux retombées économiques durables, l’on est plus porté, dans les administrations, à ‘‘s’enticher’’ avec des opérateurs économiques égoïstes et souvent peu honnêtes qui ne vivent que des marchés publics d’un côté. De l’autre, le consommateur nigérien doit aussi s’aviser qu’en achetant et en consommant des produits locaux, c’est un investissement pour l’avenir. La question du riz, suite aux sanctions iniques et illégales prises par la Cedeao en 2023 contre notre pays, est là pour nous rappeler la nécessité non seulement de produire mais aussi et surtout de consommer ce que nous produisons.
En définitive, pour atteindre l’objectif du « Consommer local», il est nécessaire de commencer à croire à ce que l’on clame. Le « Consommer local » ne saurait se réduire à des slogans. Il faut des actes concrets et courageux. Et, c’est ce qui tarde encore. En attendant, de nombreuses PME/PMI agonisent, d’autres meurent, et avec elles, l’espoir de beaucoup de jeunes et de femmes. Dans les domaines stratégiques miniers et pétrolifères, le Président du CNSP a même pris une ordonnance pour promouvoir et privilégier le Contenu Local.
Alors, nous devons nous résoudre à choisir. Voulons-nous réellement ‘’Consommer local ?’’ C’est dans l’air du temps !
Siradji Sanda (ONEP)