Le cyclone Chido qui a ravagé l’île de Mayotte, le samedi 14 décembre 2024, n’a pas seulement fait que des dégâts. Il a aussi révélé une autre triste réalité. Celle d’un tiers monde faisant partie intégrante de la France.
Pour rappel, l’île de Mayotte est située entre Madagascar et l’Afrique, donc à mille lieues de la métropole dont elle est un département. Ce territoire français donc, est peuplé de populations majoritairement musulmanes (entre 90 et 95% de musulmans selon les chiffres officiels). Mais contrairement à leurs concitoyens de la métropole, les Mahorais vivent dans le tiers monde. Retenez bien : le taux de chômage est de 37% ; des milliers d’enfants ne sont pas scolarisés (20.000 selon certaines sources) pour une population estimée à 310.000 habitants.
Les Mahorais connaissent aussi les problèmes d’accès à l’eau potable et à l’électricité, les problèmes divers d’infrastructures, sans compter les immenses bidonvilles et autres habitats précaires qui constituent le paysage des centres urbains.
Le 14 décembre 2024 a donc exposé, à la face du monde, les conditions d’extrêmes précarités dans lesquelles vivent certains citoyens français de la périphérie. Des conditions qui ne sont pas très différentes de celles de nombreux pays africains francophones. Ce territoire aux paysages luxurieux, riche en diversité biologique ne semble pas bénéficier des mêmes soins que les autres départements français même si son statut de Région Ultra Périphérique (RUP selon la terminologie officielle) lui donne droit de bénéficier de financement de l’Union Européenne pour investir dans son développement.
Le cyclone Chido vient ainsi de nous dévoiler, une fois de plus, la survivance des traitements que réservait l’Empire français aux citoyens de ses colonies. Cependant, il faut noter que Mayotte a, à plusieurs reprises (1974, 1976, 1979, 2000 à travers des référendum), fait le choix de demeurer un territoire français, contrairement à certains de ses voisins comme les îles Comores qui ont préféré prendre leur indépendance en 1974.
Selon le bilan provisoire donné par les autorités françaises, le cyclone Chido a fait une quarantaine de morts ; plus de 100 000 personnes sans-abris ; ¾ des habitations détruites, les pénuries d’accès à l’eau potable et à l’électricité accentuées, etc.
Comme à leurs habitudes et malgré le drame humain que traversent les Mahorais, les dirigeants français n’ont pas hésité à recourir à la fuite en avant, en incriminant encore et toujours l’immigration. Une fuite en avant qui ne suffira à masquer l’existence de ce bout de tiers monde dans l’hexagone.
Siradji Sanda(onep)