Aujourd’hui, la femme nigérienne est au cœur de l’économie nationale. Engagée et déterminée, elle se bat au quotidien pour son autonomisation. Le Salon International de l’Artisanat pour la Femme (SAFEM) est un cadre qui met en valeur les initiatives et le savoir-faire des femmes artisanes. Au cours de l’édition qui s’est tenue du 6 au 15 décembre 2024 à Niamey, de nombreuses femmes artisanes et transformatrices étaient venues pour montrer leur talent, leur savoir-faire, exposer et vendre leurs produits. C’est le cas de Mme Hamza Salou Balkissa, trésorière d’une association spécialisée dans l’agro-alimentaire dénommée « KATIHU » qui veut dire ‘‘réservoir’’. Cette association a été créée en 1997 à Zinder dans le but de lutter contre le chômage et promouvoir l’autonomisation de la femme.
Assise devant son stand, Mme Balkissa confie qu’elle est venue non seulement au nom de leur association mais aussi profiter de l’occasion pour présenter les produits au SAFEM.
Les membres de l’association « KATIHU » transforment des céréales et des tubercules en farine. Il s’agit, entre autres, du sorgho, du maïs, du riz, du niébé, du mil, du manioc et du blé. « Notre groupement s’est associé avec d’autres structures pour créer KATIHU. Notre entreprise s’occupe de la transformation des produits céréaliers sans produits chimiques. Nous sommes actuellement une trentaine dans cette association », a-t-elle précisé. Ils transforment le mil ou le sorgho en dégué, toukoudi ou fourra, le niébé mélangé avec le manioc pour le transformer en farine de « Dan waké », la farine de niébé sans mélange pour soit faire des ‘’beignets’’, de « toubani » ou « alala », le blé en farine pour la bouillie des nourrissons, et le riz en couscous précuit. « Nous prenons tout notre temps pour bien le faire car, c’est un travail qui demande beaucoup de concentration pour éviter à ce que le sable ou quelques déchets ne rentrent. C’est pourquoi, la transformation et le séchage des produits ne se font pas n’importe où. Nous faisons l’essentiel du travail à la transformation : les gens qui achètent vont uniquement consommer. Nous vendons le sachet d’un kilo à 1000 FCFA et celui de 500g à 500 FCFA », dit-t-elle.
Mme Balkissa se dit satisfaite de leur métier. « C’est un travail qui se fait à la chaine. Chaque membre se consacre à sa tâche. C’est aussi très bénéfique pour nous parce que ça nous a permis de ne pas rester oisives. Parmi nous, chaque membre a quelque chose à faire. Ce travail nous a permis de renforcer nos compétences. On nous invite également à assister à ce genre de rencontres comme les foires et autres. C’est aussi une visibilité pour nous », explique-t-elle. « Nous faisons aussi des rencontres pour renouveler les produits et en même temps profiter pour résoudre quelques petits problèmes qui surgissent », ajoute-t-elle. Une fois la transformation des différents produits terminée, chacune des membres essaie de son côté d’écouler ses produits. « Il y’a un jour qui est spécialement retenu où tous les membres se réunissent pour le versement afin de procéder au bilan », précise-t-elle.
KATIHU a bénéficié de l’appui du Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage (FAFPA) et de la GIZ. « Le FAFPA et la GIZ nous ont donné des formations de renforcement de capacités et des appuis en matériels de travail. Une année, la GIZ a pris en charge les frais de stands pour notre participation à une foire, ici à Niamey », rappelle la trésorière de Katihu.
Dans toute activité, les entraves ne manquent pas. L’une des difficultés auxquelles l’association Katihu est confrontée est la mévente de ses produits. « Nos concitoyens ne s’intéressent pas et ne valorisent pas ce qui est produit localement. Ils n’accordent de l’importance qu’aux produits qui viennent de l’extérieur, et ça décourage. Je profite de l’occasion pour lancer un cri de cœur à l’endroit des Nigériens pour consommer nos aliments locaux et laisser ceux de l’étranger qui contiennent des produits toxiques. Il faut que les gens changent de mentalité pour le développement socio-économique du pays », déplore-t-elle.
Mme Hamza Salou Balkissa plaide pour que les autorités continuent d’accompagner les femmes transformatrices en les dotant de matériel moderne de travail. « Si par exemple, nous pouvons transformer de l’arachide avec la machine, ça allait être plus rapide et ça va encore nous soulager. C’est beaucoup plus avantageux que de travailler manuellement », a-t-elle conclu.
Farida. A. Ibrahim (ONEP)