Le Sabre National, tenu à Dosso, est un événement incontournable pour les amateurs de lutte traditionnelle au Niger. Cette 45è édition, en plus d’être un événement sportif majeur, est aussi une plateforme essentielle pour promouvoir le patrimoine culturel et artisanal nigérien. Ce rendez-vous sportif est une véritable vitrine pour le petit commerce, avec une place spécialement dédiée aux vendeurs dans l’enceinte et à l’extérieur de l’arène. À cette occasion, l’effervescence ne se limite pas à l’arène. Tout autour de celle-ci, des petits commerçants déploient leurs étals, donnant une autre dimension à cet événement sportif et culturel tant attendu. Ces petits commerçants contribuent à cette richesse en apportant une touche unique qui mérite d’être soutenue par une plus grande participation du public.
Parmi les commerçants présents, Hajia Aissata, venue de Diffa, attire particulièrement l’attention. Son stand, situé sur le côté droit de l’arène, est une invitation à découvrir les trésors artisanaux de Diffa. Elle propose un large éventail de produits, notamment la gamme de variétés d’encens de Diffa. Cet encens est réputé pour son parfum envoûtant. Les variétés d’encens comme le farché, tafarché, sandal-bangué, alhoute, sandal gagab, et a-bba malan sont des spécialités incontournables pour les amateurs de senteurs raffinées. En plus de l’encens, Hajia Aissata propose des produits traditionnels tels que des foulards multicolores et des pagnes de haute qualité, symboles du savoir-faire artisanal de Diffa. Les prix de ses articles varient de 3 000 Fcfa à 50 000 FCFA. « Malgré la qualité exceptionnelle de mes produits, j’ai baissé les prix pour permettre à tout le monde de pouvoir acheter », confie-t-elle.
Cependant, la commerçante exprime un sentiment de déception face à la faible affluence des clients. « Le marché ça va un peu, mais en vérité, il n’y a pas vraiment de clients. Comparativement à l’édition d’Agadez et celle de Diffa, nous avions eu beaucoup plus de monde et les ventes étaient bien meilleures. Ici à Dosso, les clients se font rares et achètent pour des montants qui ne dépassent souvent pas 3 000 FCFA », explique-t-elle avec regret. Malgré ces difficultés, Hajia Aissata garde l’espoir. « Nous souhaitons seulement que les gens viennent acheter. Nous voulons tout vendre et rentrer à la maison », dit-elle avec un sourire d’optimisme.
Parmi ces commerçants, il ya Issa Seyni, un vendeur de chaussures bien connu des habitants de Dosso. Il attire-lui aussi les regards à la devanture de l’arène, en face du goudron. Issa Seyni, fils de la région, a installé ses produits sur une grande bâche au bord de la route. Son étal regorge de chaussures variées, des baskets, des chaussures de sport, des souliers élégants, des pieds nus et autres modèles pour tous les goûts et budgets. Ce commerçant au sourire accueillant n’est pas venu seulement pour vendre. Grand fan de la lutte traditionnelle, il est aussi là pour supporter son lutteur préféré, Issaka Issaka, qu’il suit avec passion depuis plusieurs années.
Dans cette ambiance festive, Seyni déclare que son commerce se porte bien. « Le marché, ça va. J’arrive à vendre plusieurs paires de chaussures par jour », confie-t-il, tout en aidant un client à choisir une paire de baskets. Il propose des produits de qualité moyenne, accessibles à toutes les bourses, permettant ainsi aux visiteurs de repartir avec un souvenir utile de cet événement annuel. Ce petit commerce participe aussi à l’animation de l’événement, offrant aux visiteurs une expérience qui dépasse le sport. Les supporters et curieux y trouvent une occasion de s’équiper ou simplement d’errer en explorant les chaussures exposées par les marchands locaux. Seyni profite de cette tribune pour inviter chaleureusement les habitants de Dosso et tous les visiteurs venus pour le Sabre National à faire un tour au niveau de son étal. « Venez jeter un coup d’œil et repartez avec un souvenir. Que le bon Dieu nous donne une bonne santé et que cette lutte se termine dans la paix », souhaite-t-il avec simplicité et ferveur.
Quant à Mahamadou Beyto, un vendeur de bonnets traditionnels, il se distingue par sa présence et son dévouement. Originaire de Maiduguri, au Nigeria voisin, il a fait un long voyage pour se rendre à Dosso, où il expose ses produits dans l’arène, du côté droit, avec une conviction sans faille. Beyto vend des bonnets traditionnels de haute qualité, arborant des couleurs sensationnelles et des traits exceptionnels, héritage d’un savoir-faire ancestral. Les prix des bonnets varient de 10.000 à 22.000 FCFA. Ces bonnets, symboles de l’artisanat local, attirent l’œil des visiteurs et des participants de la lutte qui cherchent souvent à se procurer des articles authentiques et représentatifs de la culture locale.
Avec l’afflux des commerçants en ces lieux, Beyto se montre optimiste. Il déclare ne rencontrer aucun problème particulier dans la vente de ses produits et affirme que la situation s’améliore progressivement. Grâce à Dieu, il parvient à vendre quelques bonnets, ce qui, selon lui, est un bon signe. Néanmoins, il espère que les derniers jours de l’événement seront encore plus fructueux, en raison de l’arrivée de certains invités importants pour cette lutte traditionnelle.
Le voyage de Beyto n’a pas été facile. Les frais de déplacement et de restauration pèsent lourd sur son budget. S’il ne parvient pas à vendre une quantité suffisante de bonnets, cette aventure pourrait se transformer en une perte pour lui. Pourtant, il garde espoir et reste confiant quant à l’éventualité d’une meilleure vente dans les jours à venir. « Ce que je souhaite vraiment, c’est que cette lutte traditionnelle se déroule dans les meilleures conditions possibles, et que moi aussi je parvienne à vendre tous les bonnets », a-t-il souligné, dans une sincérité émouvante.
À l’entrée de l’arène, juste derrière les tribunes gauches, se trouve un stand modeste, tenu par Amar Elh Nagodi et sa camarade, Mme Massaouda Jaharou. Originaires de la ville d’Agadez, une région réputée pour ses traditions et son artisanat, ils ont fait le déplacement pour exposer leurs produits et partager avec les visiteurs les richesses culturelles de leur région. Leurs étals sont remplis de tenues traditionnelles, de produits artisanaux en cuir et de tissus typiques d’Agadez. Parmi les articles proposés, on trouve des « albeys », des portefeuilles et porte-clés en cuir, des sacs en cuir pour femme, des ceintures qu’on accroche à la tête pour les femmes Touaregs, des complets en tissu ainsi que des tenues traditionnelles Touaregs. Ils proposent également une large gamme de turbans pour hommes, femmes et enfants, à des prix abordables, allant de 3 000 à 15 000 francs CFA.
Malgré la beauté et l’originalité de leurs produits, Amar et Massaouda expriment une certaine déception. À trois jours de la fin de cette 45è édition, ils n’ont pas encore réalisé les bénéfices espérés. Le petit commerce est toujours une entreprise risquée, et même un événement aussi prestigieux que le Sabre National ne garantit pas nécessairement une vente fructueuse, selon Mme Massaouda. «Nous espérons que d’ici la fin de cette édition, nous pourrions écouler nos produits et faire des bénéfices», confie-t-elle avec un sourire un peu désabusé.
Pour Amar et Massaouda, c’est un pari sur l’avenir, un moyen de faire découvrir leur culture et leur savoir-faire tout en espérant une meilleure affluence dans les derniers jours de cette messe sportive. Ils gardent tout de même l’espoir que leurs produits, empreints de l’histoire et des traditions d’Agadez, trouveront leur place auprès des visiteurs et contribueront à la pérennité de leur commerce.
La lutte traditionnelle est le cœur de cet événement, le commerce local en est également un pilier essentiel, permettant aux commerçants de faire connaître leur savoir-faire, tout en espérant un retour sur investissement. Le petit commerce, souvent une activité complémentaire pour de nombreuses familles, reste l’une des principales sources de revenus pour de nombreux artisans et commerçants du Niger. Ces petits commerçants incarnent l’esprit d’initiative et la résilience qui caractérisent la population du Niger. Dans ce contexte, des événements comme le Sabre National représentent une vitrine idéale pour faire connaître leurs produits à un large public. À travers leurs efforts, ils contribuent à faire de cet événement une fête, une tradition, une attraction et une économie locale. Il faut aussi noter que ce genre d’initiative rappelle l’importance de soutenir le petit commerce et l’artisanat local, essentiels à la diversité économique et culturelle du pays. Il ne reste plus qu’à espérer qu’à l’issue de cette 45è édition du Sabre National, des opportunités de vente se présentent pour ces différents commerçants qui viennent partager leurs trésors avec le public. Loin d’être de simples marchands, ils sont des acteurs précieux qui contribuent à la richesse du Sabre National.
Assad Hamadou(onep), Envoyé Spécial