
Une vue du Grand Canal à partir du district Tongzhou
Le Grand Canal forme un vaste système de navigation intérieure au sein des plaines de la Chine du Nord-Est et du Centre-Est, dont il traverse huit des provinces actuelles. Il s’étend de la capitale Beijing, au nord, à la province du Zhejiang, au sud.
Le grand canal de Chine a été réalisé et maintenu par les dynasties successives. Il forma l’axe vital des voies des communications intérieures de l’empire. Ainsi, dans la Chine ancienne, cet ouvrage servait de voie maritime pour le transport des graines, mais aussi de système d’imposition et de contrôle de la navigation. Il assura notamment la nourriture des populations à base de riz, l’administration unifiée du territoire et le transport des troupes. Le Grand Canal connut un nouvel apogée au XIIIe siècle (dynastie de Yuan), offrant alors un réseau unifié de navigation intérieure de plus de 2.000 km de voies d’eau artificielles, reliant cinq des plus importants bassins fluviaux de l’espace chinois, dont le fleuve Jaune et le Yangtzé.
Il a permis à cet effet, des échanges culturels entre le nord et le sud de la Chine. Selon un animateur touristique, dans le temps, le Canal fit forte impression aux premiers visiteurs de l’empire dont l’explorateur italien Marco Polo, qui voyagea en Chine sous la dynastie Yuan, mentionna les ponts avec arches du Grand Canal, ainsi que ses importants entrepôts et le commerce qu’il engendrait au XIIIe siècle.
Véritable booster économique, l’ouvrage contribua au renforcement du lien fondamental entre l’économie paysanne, la cour impériale et le ravitaillement des populations et des troupes. Ce fut un facteur de stabilité de l’Empire chinois au cours des âges. Le développement économique et urbain sur le parcours du Grand Canal témoigne du cœur du fonctionnement d’une grande civilisation agricole et du rôle moteur qu’y joua le développement des réseaux de navigation fluviale. Aujourd’hui encore, les touristes peuvent aisément admirer la tour Duguang qui servait jadis de poste de contrôle de qualité des céréales avant qu’elles ne soient introduites dans la cité interdite pour la consommation de la classe dirigeante.
Les archives mentionnent que, chaque année, plus de huit mille navires transportaient quatre à six millions de tonnes de céréales vers Pékin. Le canal permettait également aux dirigeants de la Chine de parcourir régulièrement leur empire vers le Sud. Sous la dynastie Qing, les empereurs Kangxi et Qianlong firent douze voyages vers le sud, généralement jusqu’au terme de Hangzhou.
C’est une œuvre repère dans l’affrontement de conditions naturelles difficiles, dont témoignent de nombreuses réalisations pleinement adaptées à la diversité et à la complexité des circonstances. Il montre pleinement les capacités technologiques des civilisations orientales. Il témoigne aussi le savoir-faire spécifique dans la construction des digues, des déversoirs et des ponts, ainsi que de l’utilisation originale et sophistiquée de matériaux comme la pierre, la terre compactée ou l’usage de matériaux mixtes. Actuellement, c’est près de cinquante kilomètres du grand canal qui sont ouverts aux touristes permettant chaque année à six millions de touristes nationaux et étrangers de le parcourir sur des bateaux afin d’apprécier la vue panoramique du centre administratif de Pékin.
Hamissou Yahaya (ONEP)
A Beijing