Les manifestations de la 11ème édition des Universités Africaines de la Communication de Ouagadougou (UACO 2019), ont battu leur plein du 24 au 27 Novembre 2019 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Placée sous le thème « Communication géopolitique : construire une autre image de l’Afrique ». Cette importante rencontre a regroupé d’éminentes personnalités et des experts venus des quatre coins du monde. La délégation nigérienne a été conduite par le ministre de la Communication, M. M. Habi Mahamadou Salissou, qui a prononcé une allocution lors de la cérémonie officielle d’’ouverture. (Lire ci-dessous l’intégralité de son allocution).
«Excellence Monsieur le Premier Ministre
Chers participants
Tout comme les précédentes, la onzième édition des Universités Africaines de la Communication de Ouagadougou (UACO 2019) est un cadre d’échanges entre chercheurs des Universités, acteurs du monde des médias et de la communication. Le choix du thème des présentes assises, à savoir « Communication et Géopolitique : construire une autre image de l’Afrique », n’est pas un fait du hasard.
Il intervient dans un contexte où les populations subissent sporadiquement les effets de l’insécurité liée aux actions de groupes extrémistes, notamment dans la région du Sahel. En effet, depuis la déstabilisation de la Libye en 2011, la bande Sahélo-saharienne est le théâtre de violences et d’attaques de tous genres. Cette situation a malheureusement contribué à favoriser la circulation d’images peu reluisantes et peu conformes aux réalités de nos pays. C’est pourquoi, le partage d’expériences en matière d’information et de communication entre chercheurs et professionnels des médias d’Afrique et d’ailleurs, d’une part, et la mutualisation des efforts entre ceux-ci et les pouvoirs publics, d’autre part, s’avèrent nécessaires.
Pour ce qui est du Niger et en rapport avec le thème général de nos assises, à savoir construire une autre image de l’Afrique, il convient de souligner que les Autorités nigériennes s’attèlent à construire une autre image du Niger. Aujourd’hui, Niamey, la capitale, est en pleine métamorphose. D’importants investissements structurants sont réalisés notamment dans le domaine des infrastructures d’accueil et le Niger, malgré beaucoup d’’appréhensions, a pu accueillir, en juillet 2019, le dernier Sommet de l’Union Africaine, avec un nombre record de participants et dans des conditions de sécurité parfaites. Ceci, incontestablement, a permis le renforcement de la visibilité du Niger à l’international. Si bien que le Président Issoufou Mahamadou dont le leadership est mondialement reconnu, est sollicité dans tous les forums organisés en Afrique et ailleurs dans le monde, conférant au Niger l’image d’un pays émergent et dont le classement mondial, au titre de Doing Busines, s’est nettement amélioré, de même que d’autres indicateurs de développement.
Bien évidemment, tout ceci a été rendu possible grâce aussi à un véritable changement des mentalités en cours au Niger. Et si nous voulons projeter à l’extérieur une image toujours positive de nos Etats, nous devons faire en sorte, également, que certains médias, qui n’ont d’indépendants que le nom et le statut, soient dépolitisés. Sans quoi, ces derniers manqueront toujours cette petite fibre patriotique sensée les rapprocher de l’objectivité.
Pleinement conscient de ces enjeux, le gouvernement nigérien poursuit ses efforts en vue de la promotion du secteur de la communication. Comme le démontrent l’extraordinaire floraison de journaux, la diversité des chaînes de radio et de télévision et la remarquable liberté de ton qui les caractérise.
Autre illustration : sur le plan des technologies de l’information et de la communication, la mise en place de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) est en cours d’achèvement ; ce processus devrait être achevé fin décembre 2019-début 2020.
Dans ce même cadre, une Agence Nigérienne de Diffusion (AND) a été créée en 2018. Elle assure la mission de multiplexage, de transport et de diffusion des programmes des services de communication audiovisuelle.
Et pour bien encadrer ce nouveau paysage audiovisuel, des textes législatifs et règlementaires ont été adoptés, sont en cours d’élaboration ou dans le circuit d’adoption. C’est pour répondre à ce souci, qu’entre autres, une Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste a également vu le jour.
En outre, plusieurs autres mesures ont été prises en faveur de la presse et de l’exercice de la profession du journaliste. C’est ainsi, qu’en 2010, l’Ordonnance sur le régime de la liberté de la presse, abolissant les peines privatives de liberté a été adoptée.
La dépénalisation des délits commis par voie de presse parachève ainsi l’architecture juridique consacrant définitivement la liberté de presse et le libre exercice du métier de journaliste.
Aussi, le 30 novembre 2012, intervenait la signature de la « Déclaration de la Montagne de la Table » par le Président de la République, SEM. ISSOUFOU MAHAMADOU, premier Chef d’Etat africain à parapher cet important document. Ceci vient rappeler, s’il en était besoin, le ferme engagement du président ISSOUFOU MAHAMADOU, de soutenir et de promouvoir la liberté de la presse et la promotion du secteur de la communication, de manière générale.
En souvenir de cette journée historique majeure, le Gouvernement a d’ailleurs décidé d’instituer une Journée Nationale de la Liberté de la Presse célébrée le 30 novembre de chaque année.
Dans le même ordre d’idées, des efforts sont fournis dans le cadre du renforcement des capacités des journalistes. Ainsi, des formations sont orientées vers la prise en charge des questions d’actualité telles que la traite des personnes et le trafic illicite des migrants, la prévention et la gestion des conflits, la lutte contre l’insécurité et l’extrémisme violent. Toutes choses qui renvoient, bien souvent, en Occident, à une image écornée et déplorable de l’Afrique, perçue dans les médias occidentaux comme le continent de tous les malheurs, condamné à la malédiction.
Pourtant, les autres continents du monde, notamment l’Amérique et l’Europe, ne sont pas exempts de tout reproche sur ce plan. Aux Etats-Unis par exemple, il y a 45 millions de pauvres, 2 millions de prisonniers et, en 2015, plus de 13.000 personnes ont été tuées par armes à feu. Pourtant, la presse occidentale n’en parle pas ou pas assez ! L’explication est simple : les pays qui ont compris l’enjeu que représente l’importance de l’image, projettent toujours une image positive d’eux-mêmes. Ils ne font, en aucun cas, un étalage excessif de leurs difficultés.
C’est que l’image positive d’un pays s’accompagne toujours d’une valorisation de son peuple et de ses richesses. Car, l’image constitue également un formidable levier économique. Elle peut, par exemple, favoriser le développement de plusieurs secteurs, notamment touristique, dans nos pays et donner ainsi une plus-value à nos économies. L’image positive d’un pays peut également conférer à ses habitants, respect et considération sur la scène internationale.
Nous devons par conséquent nous investir davantage pour mieux cerner les enjeux liés à la guerre de l’image que l’Occident livre depuis des siècles, contre le continent africain. Nous devons nous mobiliser davantage, Dirigeants, Hommes de médias, de la Société civile et Chercheurs africains, pour mettre un terme à la falsification de l’Histoire de l’Afrique, pourtant universellement et scientifiquement reconnue comme le berceau de l’humanité. L’Afrique doit prendre en mains son image. Il ne sert à rien de demander aux autres de le faire à notre place. Nous devons créer notre propre pouvoir médiatique international. Nous devons promouvoir les médias existants et réfléchir à la création d’autres, le souci majeur étant de projeter sur le reste du monde, l’image positive d’une Afrique riche de sa culture et de son sous-sol ; d’une Afrique debout, émergente et résolument tournée vers son destin !
Autant d’enjeux sur l’importance de l’image, qui expliquent l’existence de chaînes internationales comme BBC, France 24, CNN, CCTV, Al Jazeera, Russia Today, i24, Press TV, etc.
Dès lors, il y a lieu de féliciter, bien vivement, les organisateurs des UACO 2019, pour le choix pertinent du thème de ces assises à savoir « Communication et Géopolitique : construire une autre image de l’Afrique », thème en phase avec les préoccupations actuelles de nos Etats.
C’est pourquoi, j’émets le souhait ardent que les réflexions et les échanges qui seront conduits, ici, puissent contribuer à consolider les efforts individuels et collectifs déployés par nos Etats pour faire des médias et de la communication de véritables outils de promotion de la paix et de l’image de notre continent. Je sais que tout ceci ne peut se faire sans le nerf de la guerre, mais notre volonté et l’engagement des Etats étant réels, les ressources pourront facilement être mobilisées.
Je ne saurais terminer mon propos, sans remercier les autorités du Burkina Faso pour la qualité de l’accueil et toutes les marques d’attention dont nous sommes l’objet, ma délégation et moi-même, depuis notre arrivée à Ouagadougou, cette belle cité légendaire dont le dynamisme, malgré l’environnement sécuritaire difficile, traduit bien le courage et l’engagement de tout un peuple à aller toujours de l’avant.
Dans ce grand et noble combat pour la paix et le développement, je voudrais aussi saisir cette opportunité, pour réaffirmer la solidarité agissante du peuple nigérien à l’endroit du vaillant peuple frère et ami du Burkina-Faso. Je voudrais en particulier transmettre les salutations fraternelles et amicales du Président Issoufou Mahamadou à son homologue et ami, S.E Roch Marc Christian Kaboré, dont l’engagement et la détermination au sein de la Force G-5 Sahel, conjugués à ceux de ses pairs Chefs d’Etat membres de cette structure, permettront, Insha Allah, de venir à bout du terrorisme dans l’espace sahélien.
Je souhaite plein succès à nos assises et vous remercie de votre aimable attention./.
Onep