Réunies à Casablanca dans le cadre du 3ème forum des panafricaines, 300 femmes journalistes de plusieurs pays africains ont mené des réflexions ,à travers plusieurs ateliers,sur les questions d’environnement et de développement durable en Afrique. Les ateliers 5 et 6, par exemple,ont respectivement traité les thèmes suivants : « Quel développement durable pour les villes africaines » et « la gestion des déchets, levier de lutte contre les changements climatiques». L’objectif des réflexions vise à mobiliser les medias africains pour stimuler le débat public autour de la problématique du changement climatique et de son impact sur les pays africains.
Selon les projections des chercheurs, les impacts des changements climatiques toucheront toutes les régions du monde et se présenteront sous diverses formes. Le continent africain sera le plus touché par le phénomène globalisé. En 2018, l’Afrique centrale et l’Afrique du Nord affichaient un taux d’urbanisation les plus élevés de la planète, environ 60% suivies de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique australe qui en ont respectivement 45% et 43%. Des taux qui engendrent déjà des défis liés à la croissance urbaine qui impose de préparer un avenir urbain durable dans les villes et métropoles de demain. En effet, les villes consomment actuellement les 2/3 de l’énergie mondiale et sont responsables de plus de 70% des émissions de Carbonne.
L’expert et Conseiller Spécial du Secrétaire Général de cités et Gouvernements ‘’Unis Africa ClimateTask Force’’M. Mohamed Nbou a indiqué au cours de cette rencontre que plus de 2/3 des villes africaines auront donc fort à faire dans les prochaines années pour lutter contre les effets du réchauffement climatique qui malheureusement fait peser ainsi un risque qu’il juge extrême dans plusieurs pays africains. Et d’ajouter que les dommages aux infrastructures et aux biens causés par les cyclones tropicaux ou les inondations font partie des impacts les plus évidents, mais des perturbations potentielles causées par les menaces secondaires de maladie et l’augmentation de la criminalité et des troubles civils ne doivent pas être ignorées. La sècheresse, les mauvaises récoltes et l’instabilité provoquées par le changement climatique peuvent également aggraver les risques et les phénomènes d’exode rural. Parmi les priorités en Afrique,souligne-t-il, c’est de faire en sorte qu’il y’ait plus de disponibilité de moyens de transport publics qui constituent d’ailleurs un aspect fondamental de la durabilité des villes à travers le monde. Il faut investir dans les systèmes de transport en commun afin d’offrir des services efficaces à la capacité, des trainings, afin de réduire la congestion du trafic, la durée des trajets et des coûts.
Livrant ses impressions, Mme Fatouma Harber, journaliste bloggeuse et web activiste, Coordinatrice de ‘’Benbere’’ Tombouctou (Mali) nous indique à l’issue de l’atelier, «l’entretien de nos villes est un casse-tête, tant elles sont sales, avec des bouchons à chaque kilomètre. Il faut assainir nos cadres de vie, faire en sorte que nos espaces urbains soient plus agréables à vivre».
La gestion des ordures est un problème universel qui concerne chaque habitant de la planète. Plus de 90% des déchets brûlés ou déversés dans les décharges sauvages concernent des pays à faible revenu, notamment en Afrique. Ce sont les habitants pauvres et les plus vulnérables qui en payent le lourd tribut. Et sachant que la production de déchets continuera d’augmenter en raison de la croissance économique et démographique, ce sont les pays en développement qui devraient connaitre la plus forte progression du volume de leurs déchets.
Mme Ana Le Moreas Rochas, Directrice exécutive de ‘’Nipe Faggio’’, organisation Tanzanienne pionnière en matière d’environnement et de gestion des déchets en Tanzanie, soutient que les pays à faible revenu collectent environ 48% des ordures dans les villes et seulement 26% dans les zones rurales et ne recyclent que 4% des déchets. La mauvaise gestion des déchets contamine les océans, obstruent les canaux d’évacuation des eaux et provoque des inondations, propage des maladies, accroit des problèmes respiratoires du fait du brûlage des ordures à l’air libre, tue des animaux et affecte le développement économique. Ces effets ont un coût plus élevé que celui associé à la mise en place et à l’apropriation de système de collecte et de traitement simples et adaptés. Pour elle, le non traitement des déchets solides contribue fortement au changement climatique : il représentait en 2016 presque 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sans tenir compte des émissions liées au transport des ordures. Faute d’action, dira t- elle, les émissions de gaz à effet de serre imputables aux déchets solides grimperont en CO2 dans 30 ans.
D’après elle, il est essentiel de prendre des décisions capitales en matière de financement, de politique et de planification de la gestion des déchets ménagers, notamment pour que les populations diminuent la consommation des produits en plastiques, et de réduction des déchets et de recyclage..
Selon ses explications, déjà plusieurs pays africains ont pris la mesure du danger en interdisant la fabrication et l’utilisation des sacs en plastique c’est le cas de la Tanzanie, la Zambie, le Kenya, le Rwanda et certains pays de l’Afrique de l’Ouest.
Aïssa Abdoulaye Alfary, énvoyée Spéciale(onep)