
Niché au cœur du centre-ville de la capitale, Niamey, le Musée National Boubou Hama (MNBH) accueille chaque année, à l’occasion de la fête de l’Aïd-el-fitr, un nombre impressionnant de visiteurs venus de tous les coins de la ville et des villages environnants. C’est un espace où sont exposés des objets de notre riche patrimoine culturel et qui accueille aussi des animaux sauvages, source de curiosité pour les enfants et les adultes. Chaque visiteur veut découvrir ces espèces sauvages qui se prélassent dans leurs cages.

Chaque année, la direction générale du Musée National Boubou Hama offre aux enfants un cadre récréatif afin de leur permettre de s’épanouir pleinement avant la reprise des cours. En cette matinée du lundi 31 mars 2025, c’est-à-dire le lendemain de la célébration de la fête de l’Aïd-el-fitr, l’ambiance est à son comble. Toutes les voies d’accès à cette institution culturelle sont prises d’assaut par les taximen, les tricycles et d’autres particuliers. Il est difficile de circuler dans la zone de l’ex-petit marché. Le musée est transformé en un véritable marché qui grouille de monde. C’est dans cette cohue ponctuée de brouhaha des enfants que les éléments de la Police Nationale tentent tant bien que mal d’assurer l’ordre et la sécurité des visiteurs.

Bondées d’enfants, les portes principales du musée national sont difficiles à franchir. Des bousculades de tous les côtés, chacun désirant avoir son ticket d’entrée qui est fixé à 500 FCFA.
Les enfants qui arrivent à y accéder affichent un sourire radieux et plein de fierté. C’est le cas de Abdoul Kader. Enthousiaste, il raconte qu’il vient à chaque fête pour s’amuser et regarder les animaux afin de profiter au maximum de la joie que procure la fête de l’Aïd-el-fitr. « Cette année, je suis venu uniquement pour m’amuser et non pour regarder les animaux dans la mesure où je les vois chaque année », a-t-il confié.
Près du jeune Kader, un père de famille est assis avec ses deux filles pour contempler les animaux. « C’est la première fois que je viens avec les enfants au musée. Ce qui m’a motivé à les amener, c’est surtout l’ambiance. Ils sont toujours à la maison après l’école ; ce qui n’est pas bien pour un enfant. Maintenant qu’ils ont vu les animaux, nous allons rentrer à la maison avec joie et avec plein de souvenirs qui seront inoubliables », a précisé M. Mahamadou Boubacar qui déplore cependant le manque de diversité d’animaux au musée. « À notre temps, le musée était plus attrayant que ces dernières années où on constate la disparition de certains animaux », fait-il constater avec regret.

Par conséquent, il invite l’administration du musée à encourager la promotion du patrimoine culturel. « Le musée, c’est l’identité d’un pays et notre musée national joue un rôle important dans l’épanouissement de nos enfants. C’est pourquoi, on a besoin de l’aide de l’Etat pour redonner à cette vitrine du patrimoine culturel du Niger son lustre d’autan », a-indiqué M. Mahamadou.
Présents pour l’occasion, les vendeurs de nourriture, de boissons et d’eau fraîche y trouvent leur compte. C’est le cas de Mme Hadiza Seyni, vendeuse de feuille de moringa (le fameux kopto) préparé et bien garni qui se réjouit de l’ambiance et du grand profit qu’elle tire en vendant ce mets très prisé des Nigériens. « Je viens ici chaque année le lendemain de la fête de ramadan. La vente se passe très bien. Il y a énormément de demande. Je ne rencontre aucun problème par rapport à la vente car, j’arrive à écouler la quantité de moringa mise en vente », a-t-elle dit.
Par ailleurs, elle souligne que l’entrée au musée pour les vendeurs et leurs enfants qui les aident est payante. « Nous sommes obligés d’acheter des tickets de 500 FCFA pour chaque enfant, alors que ces derniers sont là pour nous assister. Quant à nous, nous payons 1.500 FCFA pour avoir accès au Musée et installer notre table pour vendre », a-t-elle précisé. Mme Hadiza Seyni déplore ce prix fixe d’entrée pour les vendeurs et leurs enfants car, dit-elle, cette année, ce prix s’avère être plus élevé par rapport aux années précédentes. Cette situation complique la tâche aux vendeurs. « Il faudrait bien surveiller les toilettes pour que les hommes et les femmes n’utilisent pas les mêmes. Nous sollicitons aussi la compréhension des responsables pour réduire le prix du ticket pour les marchands », a-t-elle souhaité.

Le Musée National Boubou Hama a été créé en 1958. Il a pour objectif de présenter un Niger en miniature pour que quand quelqu’un y entre qu’il trouve toutes les cultures qui reflètent l’identité des différentes régions du pays. « Le musée crée l’unité nationale et la cohésion. Pendant les fêtes de Ramadan et de Tabaski, le Musée National devient un cadre récréatif, il y a l’aspect distraction et loisir. C’est pour donner un temps aux jeunes de venir voir et apprécier le riche patrimoine culturel du Niger. Cette initiative ne date pas d’aujourd’hui. Chaque année, nous choisissons ce que veulent les enfants, notamment des prestations artistiques. Il y a également des jeux multiples comme les balançoires, les chevaux, pour mettre les enfants dans de bonnes conditions », a mentionné M. Bagidan Abdrahamane, Directeur Général Adjoint du Musée National. Il a souligné que la fête au Musée dure trois (3) jours. La sécurité est bien assurée aux enfants. « Malgré les efforts consentis pour assurer la sécurité, on a des débordements et des enfants se perdent assez souvent. Les voleurs profitent de cette occasion pour visiter les poches des uns et des autres. On sensibilise les parents de bien garder les enfants et les téléphones. Cette année, on est en train de tout mettre en œuvre pour que les gens se sentent à l’aise au Musée. C’est pourquoi, on a créé des espaces verts. La particularité de cette année, c’est surtout la disponibilité de la connexion internet pour les visiteurs », a-t-il conclu.
Salima H. Mounkaila et Halima M. Harouna (Stagiaire)