Le textile nigérien, à travers le Téra-Téra et le sakhala (tissés avec du coton) est un pan important de l’identité culturelle de notre pays. Il permet à l’industrie artisanale et à la consommation locale de se développer. Beaucoup de jeunes l’utilisent aujourd’hui dans leurs activités. C’est le cas de la marque d’accessoires ‘’ BIM’S création de Farida Ibrahim Aboubacar. Agée de 25 ans, étudiante en master comptabilité et audit et parallèlement agent dans une banque de la place, Farida œuvre dans la confection des sacs et des chaussures avec nos textiles locaux. Selon la promotrice de ‘’ BIM’S création, cette initiative vise surtout à faire connaitre notre pays, ses potentialités et à générer de l’emploi aux jeunes artisans ».
BIM’S Création est donc spécialisée dans la confection d’accessoires notamment des sacs, des chaussures, des porte-clés, des portes documents, des porte monnaies… Pour rendre hommage à son défunt père, Farida a pris les initiales de son nom pour constituer celui de sa marque. D’ailleurs son premier échantillon fut un de ses anciens portes documents en cuir dont elle a délicatement changé l’apparence grâce à sa créativité. Le déclic est ainsi lancé. « Étant moi-même éblouie du résultat, j’ai alors repris le même processus avec cette fois ci les nu-pieds ».
Selon elle, le concept BIM’S est basé sur le respect du mixage « cuir » localement travaillé et « tissu africain » dont elle cite entre autres « Sakhala » pagne tissé typiquement nigérien, la soie, pagne Wax et Woodin. Mis à part le « Sakhala », le téra-téra et le pagne « Wax » les autres tissus sont importés des pays voisins. Grâce aux réseaux sociaux, l’information sur la nouvelle marque locale est facilement parvenue à un nombre important de personnes.
Parlant du processus de fabrication, elle précise « je dessine des modèles assez simples et la reproduction est faite par le chef artisan. Il arrive aussi, souvent, que ma grande sœur m’envoie des modèles à partir desquels je m’inspire pour en faire une création unique de BIM’S ». La confection, explique-t-elle prend assez de temps pour cause de sous-effectif des artisans. Par moyenne, le chef artisan arrive lui seul à confectionner douze (12) sacs par semaine. En voilà effectivement un handicap et un véritable frein à l’évolution de l’activité. Pour pallier le problème de chômage dont la jeunesse est confrontée, elle a jugé utile de contribuer à la réduction du taux de chômage des jeunes et de permettre l’apprentissage du métier à ceux qui n’ont pas eu la chance d’étudier afin que l’activité leur soit une source de revenus digne et sûre.
Les pagnes tissés au service de l’identité culturelle du Niger
En effet, se réjouit-t-elle nos tissus traditionnels, Téra, Sakhala ont chacun une singularité par leurs motifs et leurs matières adaptées et aussi par les messages qu’ils véhiculent. Ces tissus nous renvoient à notre identité, et ce sont des couvertures d’origine zarma-sonraï qui sont généralement mises dans le trousseau de la jeune mariée.
Pour ce métier de la mode et de la création, la satisfaction pour Farida a été de conserver une partie minime de la profession de son défunt Père (paix à son âme) feu Ibrahim Boubacar Mayaki qui a exercé pendant 34 ans au Ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Ses motivations personnelles ont été confortées par le travail abattu par nos artisans nigériens. « Une fois ayant eu un entretien avec quelques artisans Farida a découvert d’excellents et endurants travailleurs mais dont personne n’en parle. Sa compassion et son désir à faire connaître ces mains en or l’ont encore plus incitée à faire grandir sa marque qui est aussi la leur car sans eux BIM’S n’existe plus. Au-delà de ces faits, elle a tout naturellement réalisé qu’elle peut également contribuer à hisser les couleurs de son pays à travers le monde par le biais de sa marque grandissant lentement et sûrement. Nombreux sont ceux qui l’encouragent et la soutiennent, concitoyens comme étrangers.
Ailleurs, ajoute Farida, toute petite chose est considérée et mise en valeur. Complexés ,certains de nos frères et sœurs utilisent des produits venus de l’extérieur, des produits de telle ou telle marque… Ces mêmes marques utilisent les mêmes matières que nous avons ici. Ce n’est pas uniquement dans le domaine de la mode mais, c’est tout l’hémisphère culturel. Nous essayons à notre façon de nous battre pour bâtir cette industrie artisanale, pour faire sortir le nom du Niger. Enfin, chapeau à toutes ces femmes qui se battent au quotidien qui font tout pour être autonomes, indépendantes.
Notre marque BIM’S sera, à partir du 25 janvier et ce, pendant trois jours à une exposition vente de Niamey Fashion Week. « Nous invitons la population de Niamey à venir découvrir nos produits, l’essor de notre pays passe aussi par « le consommons local ».
Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)