Entre une histoire fascinante incarnée par des merveilles touristiques et une nature radieuse s’inspirent, se conçoivent et se mettent au point des technologies qui rythment et agrémentent le quotidien en Chine et vers les quatre coins du monde. Beaucoup de grandes entreprises chinoises connues et reconnues mondialement ont leurs quartiers généraux ou centres de recherche et d’innovation ici, dans la province de Jiangsu. Malgré une dense population de plus de 84 millions d’habitants, cette région présente l’un des PIB par habitant les plus élevés de la deuxième économie mondiale qu’est la République populaire de Chine.
Au cœur de la région orientale de la Chine continentale, dans le delta du fleuve Yangtsé, la province de Jiangsu se targue d’une part de ses riches patrimoines historiques et culturels, et d’immenses potentiels en ressources naturelles telles que l’eau, et d’autre part de son impressionnante performance économique. En effet, de Nanjing, la capitale provinciale, à la ville-district de Taicang, jalonné longuement des eaux du Yangtsé et d’autres rivières naturelles et artificielles qui en découlent, notre itinéraire est particulièrement saisissant par l’humidité combinée à la température en baisse de ce début d’hiver (fin octobre 2024). Ici, à l’image de plusieurs grandes villes chinoises que nous avons eu à visiter, l’urbanisme a une allure spectaculaire, dans une certaine élégance de style d’architecture tradi-moderne qui allie grandeur-splendeur-créativité et commodités, à travers des parterres de hauts buildings résidentiels et des pôles technologiques et industriels. C’est, à tout point de vue, une région emblématique, charmante à voir, agréable à vivre pour aussi peu soit-il, et surtout prospère où la technologie industrielle excelle dans la productivité et l’innovation, à l’ère de la modernisation chinoise.
A Nanjing, on retrouve entre autres grandes marques, Sciyon (l’un des trois fournisseurs chinois de premier rang des solutions d’informatisation et d’automatisation pour les industries), Xiaomi (rude concurrent de Samsung et Apple notamment dans la fabrication des smartphones), Yunmu Intelligent Manufacturing (concepteur de robot humanoïde à intelligence artificielle), le brassier Genki Forest Beverage (réputé pour son thé chinois en bouteille et son eau gazeuse), le Centre Nationale d’Innovation Agricole et des dizaines d’instituts et des grandes écoles d’enseignement supérieur technologique. Des marques de capitaux étrangers tels que le fabricant allemand des pièces d’automobile Häring, y sont également.
Et les chiffres sont monstrueux, quant au niveau du dynamisme de l’économie dans cette province d’Est qui fait la fierté de la deuxième puissance économique mondiale. En 2023, cinq villes de la province ont dépassé chacune la barre haute de PIB de 1.000 milliards de yuans (soit plus de 85.000 milliards en FCFA). Le cumul provincial en fait 12,8 fois, s’élevant à plus de 12.800 milliards de yuans (soit plus de 1.800 milliards de dollar USD), a établi le gouvernement local en janvier 2024 lors de la session annuelle du Congrès Populaire Provincial.
Un hub de l’industrialisation intelligente
Au district technologique de la ville de Nanjing, les locaux de l’entreprise SCIYON Wisdom Technology Group ne passent pas inaperçus. Fondée en 1993, l’entreprise est leader dans la fourniture de solutions complètes pour l’industrie intelligente. C’est un fournisseur de premier plan de solutions industrielles intelligentes, et l’une des trois premières entreprises en Chine en termes de taille et de valeur de marque dans l’automatisation et l’informatisation industrielles. L’entreprise est le fournisseur privilégié de produits, technologies et services dans ces domaines. Ses performances s’étendent à des dizaines de pays et régions, notamment en Asie du Sud-Est, en Afrique, en Amérique du Sud et en Europe de l’Est, offrant à ses clients du monde entier des produits et services de haute qualité.
Dans cette région à fort potentiel agricole, où poussent à suffisance, dans les vallées et sur les plaines le riz, le blé, le maïs, le sorgho, le soja, l’arachide, le sésame et le thé, pour ne citer que ceux-là; le choix d’implanter un centre national de recherche et d’innovation agricole n’a pas évidemment été fortuit. Et il y apporte, décidément, sa plus-value, et au-delà, à travers toute la Chine et vers plusieurs pays partenaires. Le Centre est d’ailleurs porteur d’un projet de coopération agricole sino-africaine de l’Université Agricole de Nanjing.
En effet, le Centre National d’Innovation Agricole de Nanjing a été approuvé par le ministère de l’Agriculture et des Affaires Rurales en décembre 2016, devenant ainsi le premier centre national de technologie dans les domaines de l’agriculture biologique, l’agriculture intelligente et l’agriculture fonctionnelle, selon le directeur général adjoint du bureau de l’agriculture et du développement rural de la municipalité de Nanjing, M. Li Mingshui, entouré de plusieurs responsables dudit centre, ce mardi 22 octobre 2024, alors qu’ils nous accueillent dans leurs locaux, dans le cadre d’une tournée de visite des journalistes africains de la 2ème cohorte annuelle du Centre international de presse et communication de Chine (CIPCC) dans la province.
Mis en service en 2018, le Centre National d’Innovation Agricole de Nanjing a exporté plus 100 réalisations technologiques pour des nouveaux produits, méthodes de productions et nouveaux équipements dans le cadre de la promotion, de la modernisation et développement de l’agriculture. Le centre se vante aujourd’hui d’avoir plus de 600 brevets déclarés et d’être à la base de trois industries de pointe, 420 projets et 150 entreprises agricoles.
Un cluster de logiciels et de robots humanoïdes
Dans le domaine de la haute technologie, siège à Nanjing, la société Focus Technology, est créée en 1996. Elle fait partie du premier groupe d’unités pilotes nationales d’informatisation. Focus Technology s’inscrit dans la dynamique de l’intégration profonde de l’industrie nationale, et fait partie des projets pilotes du premier groupe de villes nationales de démonstration du commerce électronique du ministère du commerce.
L’entreprise développe en effet des plateformes digitales qui consistent globalement à intégrer profondément les industries traditionnelles à l’Internet. Elle a successivement introduit Internet dans de nombreux domaines tels que le commerce extérieur, l’assurance et l’approvisionnement des entreprises. Elle exploite plusieurs marques telles que Made-in-China.com, Doba.com, inQbrands.com et xyz.cn. Elle a incubé des projets Internet tels que l’éducation intelligente et les soins de santé mobiles. Après des années d’accumulation continue, la marque Made-in-China.com est devenue, sous son égide, un canal en ligne important permettant aux acheteurs internationaux de trouver des fournisseurs et des partenaires commerciaux chinois.
Il y a également Jiangsu Yunmu Intelligent Manufacturing Technology, fondée en 2021 avec un capital social de 11,82 millions de yuans (un peu plus de 1 milliards FCFA) par des talents venus de tous les horizons du pays avec en commun des parcours brillants à l’Université polytechnique du Nord-Ouest, à la Huitième Académie de l’Aérospatiale ou à l’Institut de Technologie de Harbin. Ces talents se consacrent à la recherche sur les technologies des robots humanoïdes fonctionnels généraux. Ici, les ambitions n’ont pas de limites. Dans l’une des salles où travaillent les geeks, un portrait d’Elon Musk accroché au mur saute à l’œil. « Non, il n’est pas actionnaire, ni parrain. Lui, c’est le patron de l’Intelligence Artificielle, c’est la légende mondiale. Nous nous identifions à lui, c’est un repère. Nous voulons atteindre son niveau, et faire mieux… », apprend-on.
Selon des responsables de Yunmu, la société a formé une équipe de talents de haut niveau de plus de 70 personnes, dont plus de 80 % détiennent des diplômes de master et de doctorat. Ces dernières années, l’équipe a mené de nombreuses recherches sur diverses technologies «robot + IA», notamment la conception globale de robots humanoïdes, les systèmes d’exploitation auto-développés, l’interaction homme-machine, la reconnaissance des émotions, la perception et la cognition de l’environnement, ainsi que l’intégration des grands modèles de langage (LLM) avec les robots. Ces efforts ont porté leurs fruits avec le développement de cinq prototypes. L’entreprise est désormais en phase d’essai de production en petite série et a mené des applications de démonstration dans divers domaines tels que le tourisme culturel, les lignes de production d’usine, les services à domicile et les industries spéciales.
L’entreprise a été reconnue comme une entreprise nationale de haute technologie et a reçu des distinctions telles que Talent de pointe de Suzhou et Talent de pointe de Taicang. Elle est membre du Groupe de travail sur les normes des robots humanoïdes du Comité national de normalisation des robots et du Comité professionnel des robots humanoïdes de l’Association de l’industrie robotique de Suzhou. Jiangsu Yunmu est l’une des équipes de R&D en robots humanoïdes les plus avancées et les plus complètes de Chine.
Selon nos confrères du journal chinois le Quotidien du Peuple, Nanjing abritait en 2023 environ 4.000 grandes entreprises de logiciels et des services de technologie de l’information qui atteignaient un revenu global de 175,84 milliards de yuans. Ce qui est à l’origine du développement de la chaîne industrielle dans la région.
Un environnement agréable et inspirant autour d’impressionnants monuments et sites touristiques
Jiangsu est très riche en ressources naturelles liées principalement au grand fleuve jaune ainsi que ses affluents, en patrimoine culturel et historique pour avoir été le fief de la dynastie Ming au 14ème siècle et dont la capitale Nanjing conserve, jusqu’à nos jours, les symboles monumentaux de la cité impériale étant aussi l’une des anciennes capitales de toute la Chine.
L’un des endroits les plus fascinants et les plus visités à Nanjing est le quartier de la cité impériale de la dynastie Ming, la ville ancienne bardée d’un rempart de mur soldatesque complet clos sur plus de 35km, avec des tours de guets hautes de 40 mètres.
Selon le directeur adjoint du centre de protection et de régulation des murailles de Nanjing, lors de notre visite au musée dédié à la muraille que nous venions d’enjamber, M. Ma Lin, c’est la muraille la mieux entretenue, sur certaines parties à coup de touches de réhabilitation tout en conservant jalousement les détails de ses aspects historiques.
La construction de la muraille Ming de Nanjing a commencé en 1366 sous la dynastie Yuan et s’est achevée en 1393 sous la dynastie Ming, cumulant une durée de travaux de 28 ans. Environ 200.000 artisans de tout l’empire furent mobilisés et des milliards de briques ont été utilisés pour construire cette imposante muraille, qui s’étend sur 35,267 kilomètres. En novembre 2012, la muraille Ming de Nanjing a été inscrite sur la liste provisoire du patrimoine culturel mondial.
A Nanjing, se trouve aussi le premier pont conçu et construit par la Chine sur le fleuve Yangtsé. Il sert à la fois au trafic ferroviaire et routier et revêt une importance historique considérable dans l’histoire des ponts en Chine et dans le monde. Un parc de croisière est aménagé à côté du pont dans le district de Gulou. Il est composé du parc du bastion sud couvrant 18,5 hectares, du parc du bastion nord couvrant 4,2 hectares, et de 17,3 hectares d’espaces verts autour du pont.
La rivière de la ville s’appelle Qinhuai et est un affluent de la rive droite du cours inférieur du Yangtsé en Chine. La majeure partie de la rivière se trouve dans la ville de Nanjing. C’est la plus grande rivière de la ville. Historiquement, ses fonctions de navigation et d’irrigation ont donné naissance à l’ancienne civilisation de Nanjing. Elle est connue comme la rivière mère de Nanjing. Très célèbre dans l’histoire, elle est aussi appelée «la rivière historique et culturelle la plus célèbre de Chine».
A Taicang, outre les zones de loisirs attractives ordinaires, tels les parcs humides, les stades, les croisières sur les rivières, un autre symbole de l’inarrêtable aptitude de l’homme chinois à se créer toute commodité dont il a besoin, s’affiche sous l’insigne de Taicang Alps International Resort. C’est un parc assez particulier et unique, autour duquel s’ambiancent cinq éléments naturels fondamentaux des Alpes–montagnes, lacs, vallées, forêts et villages. Selon M. Qu Qinrui, Directeur du département marketing à Alps International Resort, le site a accueilli au cours du premier semestre 2024 plus de 320.000 visiteurs. Le projet vise à devenir une destination touristique et de loisirs intégrée, internationale, multi-sectorielle et adaptée à tous les âges et à tous les scénarios. Un grand bâtiment abrite notamment une piste de sky raide de 16° et un labyrinthe de glace, toutes les deux composantes faites artificiellement mais sous une température réelle de -4°C. Au sortir du labyrinthe, l’on peut voir aussi à travers une vitrine murale une dizaine de pingouins rodés sur une esplanade glacée avec des eaux à la surface.
La Ville de Taicang c’est aussi la célèbre Rothenburg, rue de style allemand sise à la rive sud de la rivière Xinliu. Etalé sur une superficie d’environ 32.000 m2, le quartier offre un spectacle lumineux au coucher du soleil. Il comporte notamment des hôtels, des restaurants, des centres commerciaux et des salles de jeux. C’est, en effet, une plateforme touristique et culturelle qui intègre l’histoire, la tradition, l’art, les tendances modernes aux couleurs des échanges culturels sino-allemands. Il est ainsi un symbole de la coopération commerciale et culturelle entre la Chine et l’Allemagne.
Ismaël Chékaré
De retour de la Chine