Les préparatifs des élections générales de 2021 se poursuivent activement. Aussi après l’installation en novembre 2017 de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), cette institution s’est véritablement attelée au travail. Le lancement de la campagne des audiences foraines pour la délivrance d’actes de naissances, de mariages et de décès, en juin dernier, a été l’un des points marquants des activités de la CENI. Ces audiences ont pour objectifs de permettre aux Nigériens qui ne disposent pas ces pièces d’état civil d’en avoir afin d’être enregistré sur le fichier électoral biométrique. Deux mois après le début de l’opération (soit à fin juillet), quelques 985 000 ont été déjà délivrés selon les statistiques de la CENI. Au regard de ces résultats, l’espoir est permis, estime-t-on à la CENI, qui s’est fixée pour objectifs de délivrer 6 millions d’actes d’états civil à la fin du mois d’octobre 2018.
On se rappelle qu’en juin dernier, alors qu’il lançait cette campagne d’audiences foraines, dans la commune rurale de Kourtey, le Président de la CENI, Maitre Issaka Sounna, indiquait que le fichier biométrique requiert la détention de pièces d’état civil. Il a ajouté que ces audiences foraines devraient permettre de délivrer six millions (6.000.000) d’actes de naissances, un
million (1.000.000) d’actes de mariage et un million (1.000.000) d’actes de décès. Selon toujours Maître Issaka Sounna, cette opération vise, entre autres, à réduire le nombre d’électeurs fictifs, ainsi que le chiffre des électeurs virtuels. Pour faciliter le bon déroulement de l’opération, les cahiers de jugements déclaratifs ont été mis à la disposition de tous les arrondissements communaux, les villages, tribus et quartiers à travers le pays. La CENI a estimé le nombre d’électeurs attendus pour les élections à venir, à 8 millions, dans le futur fichier électoral biométrique.
A ce jour, l’opération se poursuit activement sur toute l’étendue du territoire national, selon le 2ème rapporteur de la CENI, membre du comité de suivi des audiences foraines, M. Moussa Ladan. Le 2ème rapporteur de la CENI a souligné que sur la base du rapport du mois de juillet, 985.000 actes ont été déjà délivrés. « A son début, cette opération a connu quelques difficultés qui ont été rattrapées très rapidement » a rassuré M. Moussa Ladan. Les difficultés relevées dit-il sont d’ordre communicationnel et d’incompréhension. A titre d’exemple : certains agents (les préposés pour l’enregistrement) et certains chefs de village, prenaient de l’argent auprès des demandeurs d’actes. «Nous avons réglé ce problème en collaboration avec les procureurs qui ont été saisis pour arrêter cela. Nous avons attiré l’attention de toutes ces personnes que l’acquisition de ces actes est gratuite et ils ont compris », a-t-il notifié.
Le 2ème rapporteur de la CENI a aussi signalé qu’au début il y a eu de problèmes des supports. «Les documents des jugements déclaratifs, étaient soit insuffisants dans certaines localités, soit non arrivés à destination à temps» rappelle-t-il. Là aussi le problème a été décanté en collaboration avec la direction générale de l’état civil qui a instruit les directions régionales des localités qui n’en n’ont pas de mettre à leur disposition ces supports. M. Mousa Ladan n’a pas manqué d’évoquer la distance et l’inaccessibilité de certaines localités, dans les régions de Diffa et d’Agadez. «Toutes ces difficultés ont été résolues», a-t-il assuré. En outre, une campagne de communication sur les médias, en langues nationales, est en cours, pour expliquer tout le processus de ces audiences foraines. Selon les informations dans toutes les localités l’opération se poursuit activement.
En effet, ici à Niamey l’opération se poursuit normalement au niveau des sites identifiés. Le mercredi 29 août 2018, nous sommes rendus dans plusieurs quartiers de région de Niamey où nous avons trouvé les chefs des villages et des quartiers aux côtés des agents en charge des enregistrements. La plus part des enregistrements se font à la résidence des chefs ou dans des lieux publics bien connus des habitants des villages ou quartiers. A titre d’illustration, au quartier Lamordé dans le 5ème arrondissement communal, l’équipe a installé son quartier général sous un hangar du marché, lieu fréquenté par tous les résidents du quartier. A Banga Bana, toujours dans le 5ème arrondissement, l’équipe se trouve dans l’enceinte de l’école primaire Banga Bana. Et à Kirkissoye elle s’est installée sous le hangar de la grande mosquée du vendredi dudit quartier. «Nous travaillons six (6) jours sur sept (7) de 8 heures 30 mn à 18 heures», a indiqué le Chefs de quartier de Banga Bana M. Soumana Sambo. La plus part des agents sont des retraités ou des élèves du niveau Lycée.
Cependant dans la plupart des points visités (sauf Lamordé où à notre arrivée l’équipe est allée en pause), il est observé une arrivée timide des demandeurs. A Kirkissoye par exemple nous avons trouvé trois (3) femmes et un homme tous venus pour enregistrer leurs enfants, tandis qu’à Banga Bana, seulement une femme se présenta pour elle aussi enregistrer son enfant. Le chef de quartier de Banga Bana M. Soumana Sambo et le représentant de celui de Kirkissoye M. Boubacar Hama ont tous souligné que cette timidité s’explique par plusieurs raisons. La première, disent-ils est la plupart des femmes de la commune accouchent dans les maternités, et les naissances sont directement enregistrées à ce niveau. La deuxième raison, dont ils se réjouissent d’ailleurs, est la création des services d’état civil dans toutes les maternités de la Commune qui prennent en charge l’inscription directe des naissances dans les cahiers du Jugement déclaratif.
«Donc il est rare de voir une femme accoucher dans ce quartier sans que l’enfant ne soit déclaré et inscrit dans les cahiers du jugement déclaratif de la mairie», a indiqué le chef de quartier Banga Bana. A la date de 29 août 2018 les quartiers Banga Bana et de Kikissoye par exemple sont respectivement à 481 et 206 actes délivrés. Actuellement la moyenne journalière des inscriptions dans ces quartiers tourne autour de 5 à 10 demandes.
En attendant la fin de ces audiences foraines, au mois d’octobre 2018, où le bilan général sera dressé par la CENI, il faut retenir que cette opération vise à élaborer un fichier électoral biométrique «exhaustif, consensuel et crédible». Elle s’étalera sur au moins 5 mois et couvrira 12.214 villages et 6.307 tribus. Il y a encore du temps pour se faire enregistrer pour ceux qui ne l’ont pas encore fait. Les actes délivrés sont des actes de naissance, les certificats de mariage et ceux de décès.
Ali Mamane(onep)