Après les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (Niger, Mali et Burkina Faso), c’est au tour du Tchad de dénoncer l’accord de défense avec la France. Et, la spirale risque de se constituer avec le Sénégal où le Président Bassirou Diomaye Faye lève le ton contre la présence militaire française dans son pays.
Comme un château de cartes, l’espoir de l’ancien colonisateur de continuer à influer sur la vie de nos pays à travers ses bases militaires, s’effondre. Cette présence militaire est, aussi et surtout, synonyme de siphonnage des ressources naturelles des anciennes colonies, de manipulation des classes politiques et des élites dans le seul intérêt de l’hexagone.
Ce désaveu est tout à fait logique lorsqu’on sait que la présence militaire française est fondée sur un échafaudage de mensonges qui tend à faire comprendre aux pays concernés que les forces étrangères sont là pour les aider. Mais, l’expérience des pays de l’AES est venue démentir ce gros mensonge, mettant même en lumière des complicités tacites entre les groupes armés terroristes (GAT) et les forces étrangères censées les combattre.
La dénonciation par le Tchad de l’accord de défense avec la France donne entièrement raison aux pays de l’AES et conforte davantage leur choix. En effet, les propos du Président de la République Tchadienne, lors de son point de presse du dimanche 1er décembre 2024, sont on ne peut plus clairs. Le Président Mahamat Idriss Déby Itno a notamment rappelé un certains de facteurs qui ne justifient plus la présence militaire française dans son pays.
Il a, entre autres, rappelé que cet accord a été signé à une autre époque, avec d’autres acteurs des deux camps et dans un autre contexte. Mieux, cet accord ne respecte absolument pas le principe de réciprocité et d’équilibre entre les Etats. Mais, le plus intéressant est que cet accord n’apporte aucune valeur ajoutée sur le plan sécuritaire alors que le Tchad et la région du Sahel en général font face à des défis sérieux, en particulier celui du terrorisme.
Et, comme ses autres pays frères du Sahel, le Tchad veut renforcer sa souveraineté et repenser sa coopération internationale conformément à ses propres priorités stratégiques. Toute chose qui est incompatible avec la présence militaire française sur son territoire. Comme, ses frères de l’AES, le Tchad compte renforcer son armée nationale pour qu’elle continue d’assurer la sécurité de ses populations et l’intégrité de son territoire, tout en contribuant à la sécurité collective régionale et internationale.
La décision du Tchad, un camouflet pour la France, intervient le lendemain de la visite du ministre français des Affaires étrangères à N’Djamena. Mais, elle intervient surtout quelques semaines après l’attaque terroriste sur la base militaire de Barkaram qui a fait des dizaines de morts dans les rangs de l’armée tchadienne dans la nuit du 27 au 28 octobre 2024. Pour beaucoup d’observateurs, cette attaque vient corroborer les alertes données par les services nigériens relativement à l’appui en équipement et renseignement qu’apporteraient certaines puissances au groupe terroriste Boko Haram dans le but de déstabiliser le Niger.
D’autres analystes ont vu, dans cette attaque, une tentative sournoise de certains pays impérialistes de faire disloquer la Force Multinationale Mixte (FMM) qui fait pourtant un excellent travail ayant permis de stabiliser la zone du Lac Tchad. Ainsi, l’attaque de Barkaram visait à pousser le Tchad à quitter la FMM et ouvrir ainsi des boulevards aux hordes terroristes manipulées, équipées et renseignées, par qui on sait, pour déstabiliser le Niger.
Mais, comme on le dit chez nous : Dieu est au contrôle. La France Afrique continue sa descente aux enfers, au grand bonheur des panafricanistes et de tous ceux qui sont attachés à la souveraineté de leurs pays. Les enclaves dans lesquelles elles s’accrochent finiront par céder, parce qu’une nouvelle ère règne sur le continent. Une ère où la condescendance, la fourberie et la duperie n’ont plus droit de cité. Une ère où la jeunesse a compris le jeu de la France et des autres puissances qui lui ressemblent en Afrique.
Siradji Sanda (ONEP)