Le coup d’Etat du 26 juillet 2023 a révélé deux catégories de Nigériens : ceux qui doutent de tout et ceux qui ne doutent de rien. Dans la première catégorie, on compte tous ceux pour qui, malgré l’évidence, il n’y a pas un nouvel Exécutif au Niger. Dans la seconde, on compte tous ceux pour qui « plus rien ne peut nous arriver », que les temps que nous vivons sont irréversibles.
Paradoxalement, ces deux catégories ont un point en commun ; la crasse ignorance du fait politique, économique, social voire sécuritaire ou scientifique. Spécialistes en tout, ils me rappellent un des truculents personnages du romancier satiriste Frédéric Dard alias San-Antonio qui disait : « je ne sais rien mais je dirai tout ». Or, à ce jeu, on joue avec le feu, s’agissant particulièrement du devenir d’un pays fragile comme le Niger.
Les « informations » distillées dans les « fadas » et les salons, dans les radios et les télévisons, sur les réseaux sociaux et via l’intelligence artificielle sont donc à prendre avec des pincettes, avec prudence. Il y a certes des « pépites », de vraies révélations, dans ce flot de « nouvelles » qui s’écoule furieusement dans tous les sens. Cela posé, revenons-en à nos deux catégories de Nigériens. Beaucoup d’entre leurs porte-voix, non contents de diffuser de fausses nouvelles ou de diffamer leurs prochains, versent dans l’insulte et la rhétorique ethno-régionaliste ou tiennent des propos défaitistes en ces temps de rédemption de notre patrie meurtrie par des années d’avilissement et de soumission politico-économique. Non ! Et puis, trop de manipulations tuent la manipulation. Avis aux politiciens de bas étage…
Certes, la Justice, par la voix du procureur général près la Cour d’Appel de Niamey, et les plus hautes autorités militaires ont mis en garde contre ces travers. Mais, elles doivent sévir sans faiblesse ni sélection pour que cesse ce spectacle affligeant qu’offre une frange de notre peuple pourtant connu pour sa mesure et son ouverture aux autres peuples mais aussi favoriser le développement de l’esprit civique.
C’est ainsi qu’on pourra former, sur la durée, l’Homme nouveau indispensable à l’émergence de notre cher Niger. Vous pensez peut-être que c’est faire l’apologie de l’autoritarisme que de réfléchir en ces termes ? Que nenni ! Revisitez l’histoire : où en serait la France sans des hommes forts comme le roi-soleil Louis XIV et l’empereur Napoléon voire les Etats-Unis d’Amérique sans le Général Washington, premier président du Nouveau Monde, dont la capitale américaine porte le nom ? A dire vrai, les donneurs de leçons de ces pays sont passés par le même stade de développement que nous. Qu’ils nous laissent donc marcher à notre rythme en empruntant chez eux ce qu’il y a de meilleur pour nous. Le reste, tout le reste, n’est qu’une énième tentative de nous soumettre encore à leur volonté. Ce qu’à Dieu ne plaise ! D’autant que même nos peuples, longtemps « endormis » par la force et la propagande, se réveillent et veulent plus que jamais jouir des richesses de leur sol et de leur sous-sol. Nous devons tous concourir à ce dessein, sans nous diviser sur l’accessoire.
Sani Soulé Manzo